vendredi 28 septembre 2018

L'âme de l'argent - Lynne Twist (1945-)

L'âme de l'argent - 2003

Cet ouvrage nous montre qu'à travers un simple examen de notre rapport à l'argent (la façon dont on le gagne, le dépense, le partage, le garde) nous montre quelles sont nos valeurs primordiales.

Dans une société de consommation qui glorifie la publicité, la vente et l'avidité insatiable comme mesure de la valeur personnelle, Lynne Twist nous amène dans son livre à nous distancier et à réexaminer notre rapport à l'argent afin d'évaluer notre connexion aux principes humains fondamentaux. En vivant consciemment et pleinement ce rapport à l'argent, nous pouvons considérablement transformer tous les aspects de notre vie.

Lynne Twist, mandataire d'une fondation humanitaire, fondatrice de la Pachamama Alliance (qui travaille avec les indigènes à la sauvegarde de la forêt équatoriale), collectrice de fonds pour l'association Hunger Project, elle a voyagé en Amérique du Sud et œuvré avec des civilisations qui ne connaissent le concept d'argent que depuis peu de temps. Elle travaille à la fois avec les plus démunis sur terre (privés des ressources essentielles comme les habitants du Sahel) et les plus fortunés habitant les nations opulentes telles que la France, la Finlande, les États Unis...

L'argent signifie pour chaque civilisation des choses différentes. Comme elle l'évoque dans son introduction, l'argent exerce une emprise puissante sur nos vies, il nous inflige des blessures et des épreuves, et la plus petite somme peut être garante d'un extraordinaire pouvoir de guérison lorsque nous l'employons pour exprimer notre âme humaine, nos idéaux les plus nobles et les valeurs et allégeances qui nous tiennent à cœur.

Pour Lynne Twist examiner notre lien à l'argent peut amener la paix de l'esprit.


Lynne Twist
Extrait :

L'avion a atterri à New York en plein orage, et je suis finalement arrivée à destination: une vieille église de Harlem, dans le sous-sol de laquelle environ soixante quinze personnes s'étaient rassemblées pour la soirée.Quel contraste avec les luxueux bureaux que j'avais quittés quelques heures auparavant! A cause de la pluie, l'eau s'infiltrait un peu partout dans la salle. Çà et là le long des murs, des seaux avaient été disposés où les fuites s'accumulaient. En arrière-plan, la pluie tambourinait et l'on entendait le bruit régulier de l'eau dégoulinant le long des murs et du plafond. J'étais à la fois intimidée et soulagée, plus à l'aise au sein de cette assemblée communautaire que dans les bureaux de cette compagnie. J'étais toutefois consciente d'être la seule blanche présente, et la robe de soie qui avait eu pour but d'impressionner le chef de la direction de la grosse compagnie alimentaire de Chicago me paraissait déplacée et ridicule dans ces circonstances. Un seul regard sur l'assistance m'apprit que les gens présents n'avaient pas beaucoup de sous à offrir. je leur ai parlé de l'engagement en Afrique de Hunger Project, car je croyais que c'était le sujet le plus directement lié à leur vie et à leur héritage. Le moment venu de solliciter des dons, j'avais les mains moite; je n'étais plus certaine que c'était ce qu'il fallait faire. J'ai tout de même formulé ma requête. Un silence de plomb s'est abattu sur la salle.

Après ce qui m'a paru un interminable interlude silencieux, une femme se leva. Son siège était près de l'allée, vers l'arrière de la pièce. Elle avait environ soixante-dix ans, et ses cheveux gris étaient séparés par une raie au milieu et convenablement noués en chignon. Debout, bien droite, elle était grande, mince et altière. "Ma fille, commença-t-elle, je m'appelle Gertrude, j'aime bien ce que tu racontes et je t'aime bien. Par contre, je n'ai pas de compte en banque ni de carte de crédit. En ce qui me concerne, l'argent c'est comme l'eau. Pour certains, il jaillit dans leur vie comme une rivière tumultueuse. Dans la mienne, il ruisselle sous forme de rigole. Je voudrais cependant le partager de manière à faire le plus de bien possible au plus grand nombre de gens possible. J'estime que c'est mon droit et ma responsabilité. C'est aussi une joie. J'ai cinquante dollars dans mon sac à main, que j'ai gagnés en faisant la lessive d'une femme blanche, et je tiens à te l'offrir." (...)

L'argent de Gertrude était imprégné de son désir de faire le bien; il portait le sceau de son âme. En acceptant son don, je me suis sentie inspirée et régénérée par cette expression d'intégrité et de détermination. (...) Le montant exact et ce qu'il permettait d'acheter étaient d'une importance moindre que le pouvoir de cet argent qui circulait avec une raison d'être, une intention bienveillante et l'énergie du cœur. Gertrude m'a enseigné que ce pouvoir émane vraiment de l'intention avec laquelle l'argent est donné et de l'intégrité avec laquelle nous le distribuons dans le monde.(...) 

Gertrude m'a donc enseigné que l'argent est comme l'eau. Il circule dans notre vie à tous, parfois telle une rivière tumultueuse, parfois tel un ruisselet. Quand il passe, il purifie, nettoie, suscite la croissance et nourrit. En revanche s'il s'immobilise ou reste captif trop longtemps, il devient stagnant et toxique pour ceux qui le détiennent ou l'entassent.

Comme l'eau, l'argent est un transporteur. Il peut porter l'énergie bénie d'une intention et d'une potentialité, ou véhiculer le contrôle, la domination et la culpabilité. Tantôt il sera un courant d'amour, un conduit pour l'engagement, tantôt il apportera le mal et la douleur.

samedi 22 septembre 2018

Les quatre accords Toltèques - Miguel Ruiz (1952-)

Les quatre accords Toltèques - Editions Poche Jouvence
Né en 1952 dans une famille de guérisseurs au Mexique, Miguel Ruiz devient neurochirurgien, avant qu’une NDE (near death experience, « expérience de mort imminente ») dans les années 1970 ne transforme sa vie. Il décide alors de retrouver le savoir de ses ancêtres toltèques, devient chaman et se donne pour mission de transmettre cette sagesse au plus grand nombre. Après des années d’enseignement et d’écriture, il est victime d’une attaque cardiaque en 2002, à laquelle il a survécu. Il passe alors le relais à son fils, José Luis Ruiz.

Dans ce livre, l'auteur nous révèle la source des croyances limitatrices qui nous privent de joie et créent des souffrances inutiles. Il montre comment on peut se libérer du conditionnement collectif - le "rêve de la planète", basé sur la peur - afin de retrouver la dimension d'amour inconditionnel qui est à notre origine et constitue le fondement des enseignements toltèques que Castenada fut le premier à faire découvrir au grand public.

Miguel Ruiz propose de passer avec soi quatre accords visant à briser nos croyances limitatives. Celles que nous développons depuis l’enfance, qui distordent la réalité et nous maintiennent dans la souffrance. A force de conditionnements culturels et éducatifs (sur ce qui est juste ou faux, bon ou mauvais, beau ou laid) et de projections personnelles (« Je dois être gentil », « Je dois réussir »…), nous avons intégré une image fausse de nous-même et du monde.

Ces idées ne sont pas nouvelles. Elles reprennent les principes de la thérapie cognitive, qui démontrent à quel point le manque de distance ou la généralisation abusive sont des pièges. Le talent de l’auteur est d’expliquer ces quatre accords avec des mots simples, qui frôlent parfois la naïveté et des cas concrets. Miguel Ruiz n’ordonne rien. Il laisse entendre que s’il a pu s’approprier ces accords, tout le monde peut le faire.

Les quatre accords en question se résument ainsi :


Que votre parole soit impeccable

Parlez avec intégrité, ne dites que ce que vous pensez. N’utilisez pas la parole contre vous ni pour médire d’autrui.

Miguel Ruiz rappelle le pouvoir du verbe sur le psychisme. Qui n’a pas gardé en mémoire une phrase blessante d’un parent ? Et ne la fait pas encore résonner une fois adulte ? La parole est un outil qui peut détruire. Ou construire. Contrairement à ce que nous croyons souvent, les mots ont du poids : ils agissent sur la réalité. Par exemple, dites à un enfant qu’il est enrobé et il se sentira gros toute sa vie.

Comment s’y prendre ? En cultivant la modération dans ses propos : ne pas en dire trop, ni trop vite. Et cela commence dans le discours que l’on se tient à soi-même : "La clé, c’est l’attention à notre discours intérieur". Les critiques et les jugements que nous cultivons sur autrui, mais aussi les sempiternels "Je suis nul" , "Je suis incapable" ou "Je ne suis pas beau" que nous entretenons à notre sujet sont des paroles négatives qui polluent notre mental. Or, elles ne sont que projections, images faussées en réponse à ce que nous croyons que l’autre ou le monde attend de nous. Conclusion : parlons peu, mais parlons vrai, en valorisant aussi nos atouts et ceux d’autrui.

N’en faites jamais une affaire personnelle

Ce que les autres disent et font n’est qu’une projection de leur propre réalité. Lorsque vous êtes immunisé contre cela, vous n’êtes plus victime de souffrances inutiles.

Les paroles et les actes de l’autre ne nous concernent pas en propre. Ils lui appartiennent parce qu’ils sont l’expression de ses propres croyances. Vous êtes critiqué ? Ou encensé ? C’est l’image que l’autre se fait de vous. Ce n’est pas vous.
De même, les événements qui surviennent ne sont pas toujours des réponses à notre comportement. Selon Miguel Ruiz, nous devons sortir de cet égocentrisme qui nous fait croire que tout ce qui arrive autour de nous est une conséquence de notre attitude. Le « moi je » nous maintient dans l’illusion. Donc dans la souffrance.

Comment s’y prendre ? "Il s’agit moins de rester stoïque que de prendre du recul ". Ramener à soi ce qui appartient à l’autre déclenche inévitablement de la peur, de la colère ou de la tristesse, et une réaction de défense. L’objectif : laisser à l’autre la responsabilité de sa parole ou de ses actes et ne pas s’en mêler. Cela suffit souvent à calmer le jeu.

Ne faites aucune supposition

Ayez le courage de poser des questions et d’exprimer vos vrais désirs. Communiquez clairement avec les autres pour éviter tristesse, malentendus et drames.

C’est un travers banal: nous supposons, nous élaborons des hypothèses et nous finissons par y croire. Un ami ne nous a pas dit bonjour ce matin, et nous imaginons qu’il nous en veut ! Selon Miguel Ruiz, c’est un "poison émotionnel". Pour s’en libérer, il propose d’apprendre à mettre les choses à plat, par exemple en exprimant ses doutes. Ce qui implique d’apprendre à écouter et d’être capable d’entendre.

Comment s’y prendre ? Il s’agit de prendre conscience que nos suppositions sont des créations de notre pensée. Dès lors qu’une hypothèse devient une croyance (Cet ami est fâché contre moi ), nous élaborons un comportement de pression (Je ne l’aime plus non plus ou je dois le convaincre de m’aimer à nouveau ), source d’angoisse et de stress.

Faites toujours de votre mieux

Votre “mieux” change d’instant en instant. Quelles que soient les circonstances, faites simplement de votre mieux et vous éviterez de vous juger.

Cet accord découle des trois premiers. Lorsque vous en faites trop, vous vous videz de votre énergie et vous finissez par agir contre vous. Mais si vous en faites moins, vous vous exposez à la frustration, à la culpabilité et au regret. Le but est de trouver le juste équilibre.

Comment s’y prendre ? Ce qui est juste pour soi ne dépend en aucun cas d’une norme. Pour Miguel Ruiz, certains jours, faire ce qu’il y a de mieux pour soi, c’est rester au lit. Dans tous les cas, le pire piège est la course à la perfection. L’un des moyens d’éviter ce travers est de remplacer nos "Je dois faire ceci " par des "Je peux faire ceci". Cela permet de s’approprier pleinement l’objectif à atteindre, sans se soucier du jugement et des attentes des autres. Cela permet aussi d'éviter de se "juger".