dimanche 27 novembre 2011

Une journée moyenne en France en 2010

"Chacun dispose de 24 heures par jour, dont la moitié est passée à dormir, manger et se préparer." Cette phrase introduit le résumé présentant une étude publiée jeudi 10 novembre par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), qui s'intitule "Depuis onze ans, moins de tâches ménagères, plus d'Internet".




Résultat: la moitié du temps libre des Français, 4 h 58 en 2010, soit une poignée de minute de plus qu'en 1999 – est passé devant un écran. Et c'est la télévision qui l'emporte, avec une moyenne de 2 heures passées devant le poste. Les femmes au foyer la regardent plus qu'en 1999 avec 19 minutes de plus, les étudiants la regardent une demi-heure de moins. Ils ont en partie remplacé la télévision par l'usage de l'ordinateur qui, quel que soit l'âge, est une activité plutôt masculine. Selon l'étude, les hommes de moins de 25 ans passent une demi-heure de plus que les femmes du même âge devant un ordinateur.

Les français regardent en moyenne la télévision 2 heures et 6 minutes par jour.

Les Français ont passé deux fois plus de temps (16 minutes de plus) à jouer ou surfer sur Internet l'année dernière qu'en 1999. Ce temps a doublé en dix ans et se traduit par 33 minutes en moyenne de surf quotidien sur la Toile.

Le temps consacré à la lecture (livres, journaux, y compris lecture de journaux sur Internet) soit 18 minutes par jour en moyenne a, en revanche, diminué d'un tiers depuis 1986, perdant 9 minutes par jour. Les retraités restent les plus gros lecteurs, avec plus d'une demi-heure de lecture par jour.

L'enquête de l'Insee ne fait pas de lien direct entre augmentation du temps de loisirs et diminution du temps de travail. Néanmoins, ce dernier a baissé en moyenne de 11 minutes par jour pour les hommes sur la période étudiée. Il est resté stable pour les femmes. Les hommes ayant un emploi travaillent en moyenne 37 h 15 par semaine, tandis que les femmes, plus souvent employées et plus souvent à temps partiel, travaillent 29 h 5, selon l'Insee.

Lien vers l'étude de l'INSEE: ici

vendredi 18 novembre 2011

Yves Coppens (1934-)

Yves Coppens (1934-)
Yves Coppens, né à Vannes le 9 août 1934, est un paléontologiste et paléoanthropologue français, professeur honoraire au Collège de France. Son nom est attaché à la découverte en 1974 du fossile surnommé Lucy.

Son père, le physicien René Coppens a travaillé sur la radioactivité des roches et a rédigé de nombreuses notes scientifiques pour l’Académie des sciences. Il fut professeur à la Faculté des Sciences.

Yves Coppens est passionné par la Préhistoire et l'archéologie depuis son enfance. Il passe ses années de collège, de lycée et d'université à sillonner les sites archéologiques de sa Bretagne natale, et effectue ses premières fouilles. Il obtient un baccalauréat en sciences expérimentales au lycée Jules Simon de Vannes puis une licence ès sciences naturelles à la faculté des sciences de l'université de Rennes. Il prépare le diplôme de docteur de troisième cycle en débutant une thèse sur les proboscidiens au laboratoire du professeur Jean Piveteau à la faculté des sciences de l'université de Paris.

En 1956, il entre au CNRS à 22 ans. Yves Coppens se dirige vers l’étude d’époques très reculées: le quaternaire et le tertiaire.

En 1960, il commence à monter des expéditions au Tchad, en Ethiopie puis en Algérie, en Tunisie, en Mauritanie, en Indonésie et aux Philippines.
En 1965, il découvre un crâne d’hominidé à Yayo (Angamma) nommé Tchadanthropus Uxoris. Le Tchadanthropus, peut-être âgé d’un million d’années, serait proche d’Homo erectus.
En 1969, Maître de conférences au Muséum National d'Histoire Naturelle, il est donc naturellement à la sous-direction du Musée de l'Homme.
En 1974 à Hadar, un fossile relativement complet d'Australopithecus afarensis est découvert dans le cadre de l'International Afar Research Expedition, un projet regroupant une trentaine de chercheurs éthiopiens, américains et français co-dirigé par Donald Johanson (paléoanthropologie), Maurice Taieb (géologie) et Yves Coppens (paléontologie). Le premier fragment du fossile a été repéré par Tom Gray, l'un des étudiants de Donald Johanson. Le fossile est surnommé "Lucy", en référence à Lucy in the Sky with Diamonds, la chanson des Beatles écoutée par l'équipe.

Squelette de Lucy, Australopithecus afarensis (entre 4,1 et 3 millions d'années) découvert en Éthiopie en 1974

En 1980, il est nommé directeur et professeur au Muséum pendant 3 ans.
En 1981, il propose une explication environnementale de la séparation Hominidae Panidae: l’East Side Story.
En 1983, Yves Coppens est élu titulaire de la Chaire de Paléoanthropologie et Préhistoire du Collège de France.
En 1988 Yves Coppens a développé et démontré comment l’acquis avait pris le pas sur l’inné, ce qui a notamment ralenti l’évolution humaine depuis plusieurs dizaines de milliers d’années.
En 2003, suite aux découvertes de Toumaï et d’Abel, Yves Coppens remet lui-même en cause sa théorie de l’East Side Story. Il participe à la réalisation de l'"Odyssée de l'espèce".
En 2006, il est nommé par le président de la République au Haut conseil de la recherche et de la technologie qui doit "éclairer le chef de l'Etat et le gouvernement sur toutes les questions relatives aux grandes orientations de la nation en matière de politique de recherche".
En 2007,  il donne sa caution scientifique avec Jean Guylaine sur le tournage du documentaire "Le Sacre de l'Homme".
En 2008, Yves Coppens publie le livre "Histoire de l'homme" où il évoque son parcours professionnel, la découverte de Lucy...
En 2009, Yves Coppens publie "Le présent du passé".
En 2010,  Yves Coppens est nommé Président du Conseil Scientifique de la sauvegarde de la Grotte de Lascaux.
En 2010, il écrit "Le présent du passé au carré".


Les citations d’Yves Coppens

"L'homme ne peut recevoir qu'une définition biologique. On ne peut expliquer l'homme ni par l'outil, ni par le langage, ni par l'organisation sociale."
Extrait d'un Entretien avec Didier Sénécal   (Avril 1996)

"La loi de l'évolution est la plus importante de toutes les lois du monde parce qu'elle a présidé à notre naissance, qu'elle a régi notre passé, et dans une large mesure, elle contrôle notre avenir."
Extrait de la revue Le Monde de l'éducation (Juillet-Août 2001)

"L'évolution est événementielle. C'est l'événement qui fait l'évolution et l'événement - en l'occurrence la circonstance - fait la transformation."
Extrait d'une interview avec Pierre Boncenne - Le Monde de l'éducation (Décembre 1999)

Quand Yves Coppens parle de la théorie de l'évolution...


"... Ce qui nous conduit à nous interroger sur le mécanisme de l'évolution. On constate que, dans un environnement identique, toutes les espèces évoluent dans le même sens : celui, précisément, de l'adaptation à ce milieu. Selon l'idée darwinienne, qui est toujours à peu près admise aujourd'hui, certains individus subiraient des mutations génétiques qui se produiraient au hasard, et plusieurs d'entre elles donneraient éventuellement un avantage pour subsister dans leur nouvel environnement.
Au fil des générations, cette nouvelle espèce s'imposerait, sélectionnée en quelque sorte par le milieu. Cette théorie ne me plaît pas beaucoup, dans son ensemble. Il est quand même étonnant que les mutations avantageuses surviennent justement au moment où on en a besoin! Au risque de faire hurler les biologistes, et sans revenir aux thèses de Lamarck, je crois qu'il faudrait s'interroger sur la façon dont les gènes pourraient enregistrer certaines transformations de l'environnement. En tout cas, le hasard fait trop bien les choses pour être crédible... L'apparition d'un pré humain qui tape sur les cailloux, fabrique des outils, de manière un peu occasionnelle, puis de plus en plus fréquente, jusqu'à en faire une culture, ou, si l'on préfère, le développement de la conscience, qui finit par créer un environnement culturel, cela est aussi, pour moi, un grand mystère. On part d'un être instinctif, sans liberté individuelle, pour arriver à un homme qui a acquis une liberté d'action et un libre arbitre grâce à la connaissance qu'il a accumulée et transmise... Le développement technique et culturel dépasse le développement biologique...
"
(article août 1995)



samedi 12 novembre 2011

Cantiques des colonnes - Paul Valéry (1871-1945)

à Léon-Paul Fargue.

Douces colonnes, aux
Chapeaux garnis de jour,
Ornés de vrais oiseaux
Qui marchent sur le tour,


Douces colonnes, ô
L’orchestre de fuseaux!
Chacun immole son
Silence à l’unisson.


– Que portez-vous si haut,
Égales radieuses?
– Au désir sans défaut
Nos grâces studieuses!


Nous chantons à la fois
Que nous portons les cieux!
Ô seule et sage voix
Qui chantes pour les yeux!


Vois quels hymnes candides!
Quelle sonorité
Nos éléments limpides
Tirent de la clarté!


Si froides et dorées
Nous fûmes de nos lits
Par le ciseau tirées,
Pour devenir ces lys!


De nos lits de cristal
Nous fûmes éveillées,
Des griffes de métal
Nous ont appareillées.


Pour affronter la lune,
La lune et le soleil,
On nous polit chacune
Comme ongle de l’orteil!


Servantes sans genoux,
Sourires sans figures,
La belle devant nous
Se sent les jambes pures.


Pieusement pareilles,
Le nez sous le bandeau
Et nos riches oreilles
Sourdes au blanc fardeau,


Un temple sur les yeux
Noirs pour l’éternité,
Nous allons sans les dieux
À la divinité!


Nos antiques jeunesses,
Chair mate et belles ombres,
Sont fières des finesses
Qui naissent par les nombres!


Filles des nombres d’or,
Fortes des lois du ciel,
Sur nous tombe et s’endort
Un dieu couleur de miel.


Il dort content, le Jour,
Que chaque jour offrons
Sur la table d’amour
Étale sur nos fronts.


Incorruptibles soeurs,
Mi-brûlantes, mi-fraîches,
Nous prîmes pour danseurs
Brises et feuilles sèches,


Et les siècles par dix,
Et les peuples passés,
C’est un profond jadis,
Jadis jamais assez !


Sous nos mêmes amours
Plus lourdes que le monde
Nous traversons les jours
Comme une pierre l’onde!


Nous marchons dans le temps
Et nos corps éclatants
Ont des pas ineffables
Qui marquent dans les fables...


Paul Valéry  recueil " Charmes". (1922)


Paul Valéry médite devant des colonnes antiques qu'il évoque comme une image stylisée de l'homme, un symbole de l'intelligence victorieuse de la matière, une synthèse unissant l'architecture aux mathématiques, "Qui naissent par les nombres!", "Filles des nombres d’or", ainsi qu'à la musique et à la danse.

Les colonnes ainsi assimilées à des figures humaines, nous invitent à considérer l’homme comme un trait d’union  vers les cieux. Avec Paul Valéry , nous passons de l’horizontale à la verticale. Sous l'agitation du mythe, avec ses dieux et ses héros si humains dans la violence de leurs passions, une image de la rationalité de l'homme, toujours le même dans une égalité qui fait à la fois son humilité et sa grandeur.

Harmonie des colonnes, ou colonnes d'harmonie ? Il faut, pour comprendre le monde commencer par faire silence en soi-même: "Chacun immole son Silence à l’unisson". L'homme est en perpetuelle recherche. "Un temple sur les yeux Noirs pour l’éternité" et cet incroyable  effort qu'il entreprend pour quitter les ténébres pour la lumière est une tache ancestrale, millénaire: "Et les siècles par dix, Et les peuples passés, C’est un profond jadis, Jadis jamais assez !"

L'homme est libre de ses choix, et c'est par son discernement qu'il surmonte ses désirs, ses passions animales pour devenir homme: "– Que portez-vous si haut, Égales radieuses? – Au désir sans défaut Nos grâces studieuses!". Il s'agit là d'un véritable travail.

Ces colonnes, pierres gisant dans la terre: "Nous fûmes de nos lits Par le ciseau tirées", ont été façonnées par l'intelligence et le génie de l'artiste.  Quel bel exemple à suivre que la beauté de ces colonnes... L'homme lui aussi quitte son lit, quitte l'inertie du sommeil et, armé du ciseau et du maillet, entreprend un travail sur lui même. Et l'homme est bien cette pierre: "Nous traversons les jours Comme une pierre l’onde!"

Au cœur du temple, la statue divine s'est humanisée, les colonnes pressent autour d'elles leur évocation spiritualisée de l'humanité. Leur chant est symbole,un choeur "Qui chantes pour les yeux!". Les hommes qui les écoutent "Tirent de la clarté!" d'un cantique, qui peut se concevoir dans un sens religieux, mais une religion sans dogme.

La calme présence de ces "incorruptibles sœurs, mi -brûlantes mi-fraîches", de ces "servantes sans genoux, sourires sans figures", exprime une certaine idée de l'homme et lui accorde un statut quasi divin: "Nous allons sans les dieux À la divinité!".


 
Paul Valéry
Paul Valéry est un écrivain, poète, philosophe et épistémologue français, né à Sète (34) le 30 octobre 1871 et mort à Paris le 20 juillet 1945.

Passionné par les mathématiques et la musique, il s’essaye également en 1889 à la poésie. C’est à cette époque qu’il fait la connaissance de Gide et de Mallarmé. Les vers qu’il écrit dans ces années-là s’inscrivent ainsi, tout naturellement, dans la mouvance symboliste.

Il s’installe, en 1894, à Paris, où il obtient un poste de rédacteur au ministère de la Guerre. Mais cette période marque pour Paul Valéry le début d’un long silence poétique. À la suite d’une grave crise morale et sentimentale, le jeune homme, en effet, décide de renoncer à l’écriture poétique pour mieux se consacrer à la connaissance de soi et du monde. Il entreprend la rédaction des Cahiers dans lesquels il consigne quotidiennement l’évolution de sa conscience et de ses rapports au temps, au rêve et au langage.

Ce n’est qu’en 1917 que, sous l’influence de Gide notamment, il revient à la poésie, avec la publication chez Gallimard de La Jeune Parque, dont le succès fut immédiat et annonce celui des autres grands poèmes (Le Cimetière marin, en 1920) ou recueils poétiques (Charmes, en 1922). Paul Valéry privilégia toujours dans sa poésie la maîtrise formelle sur le sens et l'inspiration : "Mes vers ont le sens qu'on leur prête".

Sous l'Occupation, Paul Valéry, refusant de collaborer, prononce en sa qualité de secrétaire de l'Académie française l'éloge funèbre du "juif Henri Bergson". Cette prise de position lui vaut de perdre ce poste, comme celui d’administrateur du Centre universitaire de Nice. Il meurt le 20 juillet 1945, quelques semaines après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Après des funérailles nationales à la demande de Charles de Gaulle, il est inhumé à Sète, au cimetière marin qu'il avait célébré dans son poème.

La portée philosophique et épistémologique de l'œuvre de Valéry est souvent méconnue. Paul Valéry est l'un des penseurs éminents du constructivisme. Le rapport que Valéry entretient avec la philosophie est singulier. Dans ses Cahiers il écrit: "Je lis mal et avec ennui les philosophes, qui sont trop longs et dont la langue m'est antipathique."

Pour Valéry, le philosophe est plus un habile sophiste, manieur de concepts, qu'un artisan au service du Savoir comme l'est le scientifique. En revanche, son désir de comprendre le monde dans sa généralité et jusqu'au processus de la pensée lui-même - caractéristique du philosophe - oriente fortement son travail. Les essais de Valéry traduisent ses inquiétudes sur la pérennité de la civilisation: "Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles", l'avenir des "droits de l'esprit", le rôle de la littérature dans la formation, et la rétroaction du progrès sur l'homme.

samedi 5 novembre 2011

Discours à la jeunesse (extrait) - Jean Jaurès (1859 -1914)

Jean Jaurès (1859 -1914)
L’humanité est maudite, si pour faire preuve de courage elle est condamnée à tuer éternellement.

Le courage, aujourd’hui, ce n’est pas de maintenir sur le monde la sombre nuée de la Guerre, nuée terrible, mais dormante, dont on peut toujours se flatter qu’elle éclatera sur d’autres.
Le courage, ce n’est pas de laisser aux mains de la force la solution des conflits que la raison peut résoudre ; car le courage est l’exaltation de l’homme, et ceci en est l’abdication.

Le courage pour vous tous, courage de toutes les heures, c’est de supporter sans fléchir les épreuves de tout ordre, physiques et morales, que prodigue la vie.

Le courage, c’est de ne pas livrer sa volonté au hasard des impressions et des forces ; c’est de garder dans les lassitudes inévitables l’habitude du travail et de l’action.

Le courage dans le désordre infini de la vie qui nous sollicite de toutes parts, c’est de choisir un métier et de le bien faire, quel qu’il soit ; c’est de ne pas se rebuter du détail minutieux ou monotone ; c’est de devenir, autant que l’on peut, un technicien accompli ; c’est d’accepter et de comprendre cette loi de la spécialisation du travail qui est la condition de l’action utile, et cependant de ménager à son regard, à son esprit, quelques échappées vers le vaste monde et des perspectives plus étendues.

Le courage, c’est d’être tout ensemble, et quel que soit le métier, un praticien et un philosophe.

Le courage, c’est de comprendre sa propre vie, de la préciser, de l’approfondir, de l’établir et de la coordonner cependant à la vie générale.

Le courage, c’est de surveiller exactement sa machine à filer ou à tisser, pour qu’aucun fil ne se casse, et de préparer cependant un ordre social plus vaste et plus fraternel où la machine sera la servante commune des travailleurs libérés.

Le courage, c’est d’accepter les conditions nouvelles que la vie fait à la science et à l’art, d’accueillir, d’explorer la complexité presque infinie des faits et des détails, et cependant d’éclairer cette réalité énorme et confuse par des idées générales, de l’organiser et de la soulever par la beauté sacrée des formes et des rythmes.

Le courage, c’est de dominer ses propres fautes, d’en souffrir mais de n’en pas être accablé et de continuer son chemin.

Le courage, c’est d’aimer la vie et de regarder la mort d’un regard tranquille ; c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ; c’est d’agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l’univers profond, ni s’il lui réserve une récompense.

Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques.

Ah ! vraiment, comme notre conception de la vie est pauvre, comme notre science de vivre est courte, si nous croyons que, la guerre abolie, les occasions manqueront aux hommes d’exercer et d’éprouver leur courage, et qu’il faut prolonger les roulements de tambour qui dans les lycées du premier Empire faisaient sauter les cœurs ! Ils sonnaient alors un son héroïque ; dans notre vingtième siècle, ils sonneraient creux.

Et vous, jeunes gens, vous voulez que votre vie soit vivante, sincère et pleine. C’est pourquoi je vous ai dit, comme à des hommes, quelques-unes des choses que je portais en moi.

Albi, 1903