mercredi 4 mai 2011

Diverses lithographies - M.C. Escher (1898-1972)

Escher associe perfection d'exécution et imagination. Il abuse de nos sens visuels, joue avec notre raison, invente de nouvelles représentations spatiales et de nouveaux mondes qui n'existent que par le dessin. Car "dessiner, c'est tricher !"

Relativité

Nous avons ici trois forces de gravité qui agissent perpendiculairement l'une à l'autre. Trois surfaces terrestres se coupent à angle droit et des êtres humains vivent sur chacune d'elles. Il est impossible pour les habitants de mondes différents de marcher, s'asseoir ou se tenir debout sur le même plancher car ils ont des conceptions différentes de l'horizontal et du vertical. Cependant, il leur est possible de faire usage du même escalier.

Sur l'escalier supérieur de cette gravure, deux personnes se déplacent côte à côte et dans la même direction, l'une descendant pendant que l'autre monte. Un contact entre elles est hors de question car elles vivent dans des mondes différents et, par suite, n'ont pas connaissance de l'existence les unes des autres.  


Escher -Relativité, lithographie, 1953, 28x29 cm

 Lien infini

Deux spirales s’unissent et forment le visage d’une femme à gauche et d’un homme à droite. Comme un lien infini, leurs fronts s’entrelacent, formant une double unité. L’espace est suggéré par les sphères qui flottent au premier plan, à l’intérieur des images creuses et derrière elles. 

Escher - Lien infini, lithographie, 1956, 26x34 cm

 Concave et Convexe

Trois petites maisons se dressent l’une près de l’autre, chacune sous un toit en voûte. Nous avons une vue extérieure de la maison de gauche, une vue intérieure de celle de droite et une vue à la fois intérieure et extérieure, au choix du spectateur, de celle du centre. Il y a plusieurs inversions similaires dans cette image. Deux garçons jouent de la flûte. Celui de gauche regarde vers le bas, par la fenêtre, le toit de la maison du milieu. S’il devait sortir par la fenêtre, il pourrait se tenir sur ce toit. De là, s’il devait sauter devant lui, il atterrirait à l’étage inférieur sur le sol sombre devant la maison. Et cependant, le joueur de flûte de droite qui regarde la même voûte qui forme un toit au-dessus de sa tête ne trouverait, s’il voulait sortir par la fenêtre, pas de sol sous lui, seulement un abîme insondable.  M. C. Escher L’œuvre graphique 1959

 Escher - Concave et Convexe, lithographie, 1955, 28x33,5 cm






M.C. Escher - Autoportrait, diamètre 18cm (1943)
Maurits Cornelis Escher (17 juin 1898 - 27 mars 1972) est un artiste néerlandais, connu pour ses gravures sur bois, lithographies et mezzotinto, qui représentent des constructions impossibles, l'exploration de l'infini, et des combinaisons de motifs qui se transforment graduellement en des formes totalement différentes et surprenantes.

Son œuvre expérimente diverses méthodes de pavage en deux ou trois dimensions ou représente des espaces paradoxaux qui défient nos modes habituels de représentation. 

L'œuvre de Maurits Cornelis Escher a séduit de nombreux mathématiciens auxquels il se défendait d'appartenir. Il aimait à dire à ses admirateurs: "Tout cela n'est rien comparé à ce que je vois dans ma tête !".

Il est né à Leeuwarden, aux Pays-Bas en 1898, cadet de l'ingénieur hydraulique G.A. Escher. En 1903, la famille s’établit à Arnhem. En 1919, Escher intègre l'Ecole d'architecture et des arts décoratifs de Haarlem ; il étudie brièvement l'architecture, mais se dirige vers les arts décoratifs, étudiant sous la direction de Samuel Jesserun de Mesquita, un artiste avec qui il garde le contact jusqu'à ce qu'il soit tué avec sa famille par les nazis en 1944.

Parti à Florence en 1922, il remplit ses cartons de dessins de paysages italiens vus sous des perspectives inhabituelles, ou de minuscules bêtes et plantes observées à la loupe. En 1923, il rencontre sa femme Jetta Umiker qu'il épouse l'année suivante. Le jeune couple s'installe à Rome après le mariage et y reste jusqu'en 1935. Quand le climat politique, sous Mussolini, devient insoutenable, ils déménagent à Château-d'Œx en Suisse, où ils restent deux ans.

Escher, très épris des paysages italiens qui sont sa source d'inspiration, n'est pas heureux en Suisse et part vivre encore deux ans plus tard, en 1937, à Uccle, une des grandes communes de la Région de Bruxelles-Capitale en Belgique. La Seconde Guerre mondiale le force à émigrer une dernière fois en janvier 1941, cette fois-ci à Baarn, aux Pays-Bas, où il vécut jusqu'en 1970.

La plupart des œuvres connues d'Escher datent de cette période. Le temps nuageux, froid et humide des Pays-Bas lui permet de se concentrer entièrement sur son travail, et c'est seulement en 1962, quand il doit subir une opération chirurgicale, qu'il connaît une période de pause dans sa création. Escher emménage à la maison de Rosa Spier à Laren en 1970, une maison de retraite pour artistes où il peut disposer d’un atelier personnel. Il y meurt le 27 mars 1972.

Escher - Reptiles, lithographie, 1943, 33,5x38,5 cm

Son œuvre

Les images créées par M.C. Escher jouissent d'un succès populaire considérable. Cet attrait s'explique-t-il par la fascination naturelle que suscitent les paradoxes visuels ou par la poésie de ses mosaïques? Comment s'y prenait-il pour créer ses œuvres? Quelles sont ses sources d'inspiration?

Parmi les exemples connus de son travail, on compte Dessiner, un dessin où deux mains se dessinent l'une l'autre, Le ciel et la mer dans lequel des jeux d'ombre et de lumière transforment des poissons dans l'eau en oiseaux dans le ciel, et Montée et descente où des files de gens montent et descendent des escaliers dans des boucles infinies, sur une construction qui, bien qu'impossible à construire, peut être dessinée en utilisant des astuces de perspective.

Escher - Dessiner, lithographie, 1948, 28,5x34 cm

Le travail d'Escher possède une importante composante mathématique, telle que le ruban de Möbius, et nombre des mondes qu'il a dessinés sont articulés autour d'objets impossibles tel que le cube de Necker et le triangle de Penrose. Sa rencontre et son amitié pour le mathématicien britannique Roger Penrose furent décisives dans ses apports aux arts graphiques.

Il effectue également des travaux sur la perspective cylindrique. Il démontre simplement avec l'exemple d'un homme allongé sous un double fil électrique que la perspective avec des droites partant vers un point de fuite est fausse. Les lignes sont en effet courbes, puisqu'elles se croisent d'un côté comme de l'autre de l'observateur en tendant vers l'infini.

Le tableau inachevé Exposition d'estampes a récemment été résolu par une équipe de mathématiciens de l'Université de Leyde : le vide laissé au centre du tableau a été comblé à l'aide de la grille de torsion utilisée par Escher et plusieurs fonctions de dilatation et de projection en utilisant, semble t-il, la surface de Riemann.

On peut regrouper les travaux d'Escher en deux parties: ceux réalisés avant 1937, et ceux produits à partir de cette année et où il commença à donner plus librement cours à l'expression de sa propre imagination.

Le premier groupe correspond à la période passée en Italie et en Suisse. Il reproduisait alors les paysages et l'architecture italienne en détail. Mais cette première période voit déjà des compositions propres à Escher avec une représentation toute personnelle du monde observé. On voit déjà apparaître l'utilisation double de contours: une délimitation de figures fonctionnant dans deux directions. Il travaille sur la perspective curviligne qu'il appelle perspective cylindrique et qui sera décisive pour la création des décors représentant une rotation de caméra. 

Dans la seconde période, Escher s'intéresse moins au monde réel. Il laisse place à l’expression de ses images intérieures. Il commence à lier différents aspects de l'espace et à faire, de plus en plus, un double usage des contours. Il répète parfois à l'infini les juxtapositions de figures tout en leur imprimant une métamorphose ou en utilisant la translation, la rotation, la réflexion ou l'homothétie. Ces compositions sont probablement les plus connues d'Escher, tout comme ses architectures impossibles. Ses recherches le mènent même à aborder les fractales.

Quant aux techniques utilisées, Escher utilise presque exclusivement la gravure sur bois jusqu'en 1929. La lithographie et la xylogravure l'intéresseront ensuite beaucoup plus. Elles sont pour lui une "manière d’exercer son doigté".

Escher, à travers ses gravures veut montrer son étonnement et son admiration devant l’harmonie du monde qui l’entoure. En exposant ses sens aux énigmes de l’univers, en réfléchissant à ses sensations et en les analysant, il s’approche avec délice du domaine des mathématiques.


Citations de M.C. Escher

"Toute la pièce - les quatre murs, le sol et le plafond -, le tout, bien que déformé, est comprimé dans ce petit cercle. Peu importe la façon dont vous vous tournez et retournez, vous ne pouvez échapper à ce point central situé entre vos yeux. Vous êtes invariablement au centre de votre univers."

"Quiconque veut représenter quelque chose d'irréel doit se conformer à certaines règles. Ces règles sont, à peu de choses près, celles que doit respecter tout narrateur de contes de fées : créer le contraste, provoquer l'étonnement. Seuls ceux qui sont prêts à aller au-delà des apparences peuvent jouer et comprendre un tel jeu - ceux qui acceptent de se servir de leur intelligence, comme ils le font pour résoudre une énigme. Ce n'est donc pas affaire de sens, mais de cerveau. Nul besoin d'être profond, il suffit d'avoir le sens de l'humour et de savoir se moquer de soi, du moins dans le cas de celui qui fait les représentations."

"Qu'y a-t-il de si fascinant dans les procédés graphiques? Quel étrange pouvoir d'attraction s'exerce sur le graveur et le force à se spécialiser, au point que, règle générale, il ne s'adonne à aucune autre forme d'art? Il y a, je crois, trois éléments inhérents à cette fascination :
1. le désir de multiplication,
2. la beauté du métier,
3. les contraintes imposées par la technique.
"

 "Au fond, le talent et tout le reste ne sont rien d'autre que de la frime. N'importe quel écolier le moindrement doué pourrait dessiner mieux que moi; mais ce qui lui manque habituellement, c'est l'inébranlable volonté de s'exprimer, l'obstination qui le fait grincer des dents et dire:  Même si je sais que je ne suis pas capable, je veux quand même y arriver."

"Un plan, qu'il faut imaginer comme une surface s'étendant dans toutes les directions, sans frontières, peut être rempli ou divisé à l'infini, selon un certain nombre de systèmes, au moyen de figures géométriques semblables, qui se touchent l'une l'autre de tous les côtés et ne laissent aucun vide."

"C'est par préférence personnelle que je m'en tiens au noir et blanc, et cela correspond parfaitement à mon penchant pour une conception dualiste de la vie. J'éprouve rarement la joie du peintre qui se sert de la couleur pour la couleur même. Je n'applique de la couleur que lorsque la nature de mes formes m'y oblige, c'est-à-dire seulement quand j'utilise autre chose que des motifs binaires."

"En voyant les murs et les planchers couverts de tuiles aux couleurs vives des palais de l'Alhambra, en Espagne, on comprend que les Maures étaient passé maîtres dans l'art de remplir un plan par des figures semblables, imbriquées, qui se touchent sans laisser de vides. Les artistes japonais ont également produit d'excellents exemples de ces curieux motifs. Quel dommage que leur religion ait interdit aux Maures de faire des images!"

"Bach a joué sur la répétition, la superposition, l'inversion, la réflexion, l'accélération et le ralentissement des thèmes d'une manière qui, à bien des égards, se compare à la transition et au glissement dont j'use pour déplacer mes figures reconnaissables, qui sont mes "thèmes" à moi. Voilà peut-être pourquoi j'aime particulièrement sa musique."


 M.C. Escher - Metamorphosis


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