mercredi 19 août 2015

La désobéissance civile - Henry David Thoreau (1817-1862)

Editions Mille et une nuits
La désobéissance civile est le refus de se soumettre à une loi, un règlement, une organisation ou un pouvoir jugé inique par ceux qui le contestent. Le terme fut créé par l'américain Henry David Thoreau dans son essai Résistance au gouvernement civil, publié en 1849, à la suite de son refus de payer une taxe destinée à financer la guerre contre le Mexique.

Définition de la désobéissance civile

La désobéissance civile peut être définie comme un acte public, symbolique, non violent, symbolique, décidé en conscience, mais politique, contraire à la loi et accompli le plus souvent pour amener un changement dans la loi ou bien dans la politique du gouvernement. En agissant ainsi, on s'adresse au sens de la justice de la majorité de la communauté et on déclare que, selon une opinion mûrement réfléchie, les principes de coopération sociale entre des êtres libres et égaux ne sont pas actuellement respectés.

Un acte de désobéissance civile fait appel à la capacité de raisonner et au sens de la justice du peuple. Il peut être décrit de la manière suivante:

- L'acte de désobéissance doit être une infraction consciente et intentionnelle, et doit ainsi violer une règle de droit positif. Ses auteurs prennent le risque de commettre un acte qui est, aux yeux de l'opinion publique et à ceux des autorités, généralement tenu comme une infraction.

- Il s'agit d'un acte public, ce qui le différencie de la désobéissance criminelle - cette dernière, ne prospérant que dans la clandestinité. Cette "publicité" vise à écarter tout soupçon sur la moralité de l'acte, à lui conférer, en outre, une valeur symbolique ainsi que la plus grande audience possible afin que l'acte ait le plus grand retentissement pour modifier le sentiment de l'opinion publique.

- L'acte de désobéissance s'inscrit dans un mouvement collectif. Hannah Arendt relève que « loin de procéder de la philosophie subjective de quelques individus excentriques la désobéissance civile résulte de la coopération délibérée des membres du groupe tirant précisément leur force de leur capacité d'œuvrer en commun.»

- La désobéissance civile use généralement de moyens pacifiques. Elle vise à appeler aux débats publics et, pour ce faire, elle en appelle à la conscience endormie de la majorité plutôt qu'à l'action violente. C'est un des traits qui la distingue de la révolution, qui pour arriver à ses fins peut potentiellement en appeler à la force. En outre l'opposition à la loi qui est inhérente à la désobéissance civile se fait dans une paradoxale fidélité à une loi considérée supérieure, il n'y a donc pas de violence dans l'esprit de la désobéissance civile. Celle-ci étant plutôt le fait de l'État, le seul qui dispose d'une « violence légitime » selon Max Weber, cette violence pouvant être physique mais aussi psychique, voire économique.

Aujourd'hui, le concept s'est étendu à de nombreuses personnes notamment par les actions très médiatiques des altermondialistes ou celles des mouvements anti-pub, expliquant leurs actions comme des actes salutaires de désobéissance civile, visant à faire modifier la politique des autorités.

Extrait de la Désobéissance Civile

De grand cœur, j’accepte la devise : "Le gouvernement le meilleur est celui qui gouverne le moins" et j’aimerais la voir suivie de manière plus rapide et plus systématique. Poussée à fond, elle se ramène à ceci auquel je crois également: "que le gouvernement le meilleur est celui qui ne gouverne pas du tout".


Gardons nous des généralités

Quatre hommes visitent l'Australie pour la première fois.
En voyageant par train, ils aperçoivent le profil d'un mouton noir qui broute.

Le premier homme en conclut que les moutons australiens sont noirs.

Le deuxième prétend que tout ce que l'on peut conclure est que
certains moutons australiens sont noirs.

Le troisième objecte que la seule conclusion possible est qu'en Australie,
au moins un mouton est noir.

Le quatrième homme, un sceptique, conclut qu'il existe en Australie
au moins un mouton dont au moins un des côtés est noir.

Raymond Chevalier 
 
 
Nous avons tendance à nous en remettre trop vite et trop exclusivement à l'expérience immédiate pour former notre jugement.
 
Nous construisons des "théories", des "schémas explicatifs", pour comprendre et interpréter le monde qui nous entoure. Leur utilité est énorme : ils permettent de mettre rapidement de l'ordre dans notre environnement et d'y évoluer de manière efficace.
 
Il arrive cependant que des faits imposent de revoir ces schémas. Or nous sommes parfois très malhabiles, voire récalcitrants, à le faire, ce qui nous conduit parfois à nier l'évidence.

Cela s'explique en partie par certaines erreurs de raisonnement ou encore une conclusion tirée de l'observation d'un trop petit nombre de cas ou de cas non représentatifs. Cela se traduira par une tendance à retenir volontiers des faits qui sont immédiatement disponibles, à ne considérer que certains d'entre eux, particulièrement spectaculaires ou frappants pour toutes sortes de raisons, au détriment de données plus fiables et dignes de confiance, mais aussi plus éloignées et moins extraordinaires.