jeudi 13 juillet 2023

Comment se faire des amis - Dale Carnegie (1888-1955)

Ce livre parle de l'importance des relations sociales et de la manière de se faire des amis. Voici quelques principes de base pour y parvenir :

-Montrer de l'intérêt pour les autres : Pour se faire des amis, il est important d'être intéressé par les autres, de poser des questions sur leurs intérêts, leurs passions et d'écouter attentivement leurs réponses.

-Sourire et être amical : Un sourire chaleureux et une attitude amicale attirent les autres et les mettent à l'aise. Soyez ouvert et accueillant lorsque vous interagissez avec les gens.

-Faire preuve d'empathie : Essayez de vous mettre à la place des autres et de comprendre leurs émotions et leurs perspectives. Montrez de la compassion et de l'écoute lorsque quelqu'un partage ses difficultés ou ses joies.

-Apprendre à écouter : L'écoute active est essentielle pour établir des liens solides. Soyez attentif aux paroles de l'autre personne, posez des questions pertinentes et montrez que vous vous intéressez réellement à ce qu'elle dit.

-Trouver des points communs : Cherchez des intérêts communs avec les autres, que ce soit dans les loisirs, les passe-temps ou les valeurs. Cela crée une base solide pour développer des relations amicales.

Maintenant, voici une liste d'actions concrètes que vous pouvez entreprendre pour mettre en œuvre ces principes dans votre vie quotidienne :

-Souriez et saluez les autres : Un simple geste amical peut créer une atmosphère positive et encourager les interactions.
-Posez des questions sur les intérêts des autres : Lorsque vous rencontrez quelqu'un, montrez de l'intérêt pour ses hobbies, ses activités préférées ou ses projets en cours. Cela montre que vous vous souciez de sa vie et que vous êtes prêt à l'écouter.
-Pratiquez l'écoute active : Lorsque vous discutez avec quelqu'un, concentrez-vous sur ses paroles et évitez de vous laisser distraire. Posez des questions pertinentes pour approfondir la conversation et montrer que vous vous intéresses réellement à ce qu'il dit.
-Organisez des activités sociales : Invitez des amis potentiels à faire des activités ensemble, que ce soit un film, une sortie au parc ou une soirée jeux. Cela permet de renforcer les liens et de créer des souvenirs communs.
-Montrez de la gratitude : Exprimez votre reconnaissance envers les autres. Dites merci lorsque quelqu'un vous aide ou vous fait plaisir, et n'hésitez pas à faire des compliments sincères pour valoriser les autres.
-Soyez vous-même : N'essayez pas de changer votre personnalité pour plaire aux autres. Restez authentique et montrez votre véritable moi. Les vrais amis apprécieront votre sincérité.
-Sortez de votre zone de confort : Faites l'effort d'engager des conversations avec de nouvelles personnes et d'explorer de nouveaux environnements sociaux. Participer à des clubs, des groupes d'intérêts ou des événements communautaires peut vous offrir l'opportunité de rencontrer des personnes partageant les mêmes centres d'intérêt.
-Pratiquez l'empathie : Essayez de vous mettre à la place des autres et de comprendre leurs sentiments et leurs perspectives. Soyez ouvert à différentes opinions et montrez de la compréhension, même si vous n'êtes pas d'accord.
-Cultivez une attitude positive : Montrez-vous optimiste et encourageant envers les autres. Évitez les critiques constantes et cherchez plutôt à mettre en avant les qualités et les réalisations des personnes que vous côtoyez.
-Investissez du temps et de l'énergie dans vos relations : Les amitiés nécessitent du temps et de l'investissement. Organisez des rencontres régulières, en personne ou en ligne, pour entretenir vos relations et créer des liens plus profonds.
-Soyez respectueux et bienveillant : Traitez les autres avec respect et gentillesse. Évitez les jugements hâtifs et les comportements blessants. La bienveillance crée un environnement propice à des relations durables et positives.

Rappellez-vous que se faire des amis demande de la pratique et de la patience. Soyez ouvert aux opportunités de rencontrer de nouvelles personnes, mais n'oubliez pas de prendre le temps de développer des relations de qualité avec ceux qui comptent déjà dans votre vie.


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dimanche 18 juin 2023

Les 5 blessures qui empêchent d'être soi-même - Lise Bourbeau

Ce livre parle de cinq blessures émotionnelles que beaucoup de gens peuvent ressentir. Ces blessures peuvent nous empêcher d'être nous-mêmes et d'atteindre notre plein potentiel. Les cinq blessures sont :

Le rejet : C'est quand on se sent exclu, pas aimé ou pas accepté par les autres. Pour guérir cette blessure, il est important de se rappeler que chacun est unique et précieux.

L'abandon : C'est quand on a l'impression d'être laissé seul ou de ne pas compter pour les autres. Pour guérir cette blessure, il est important de développer une confiance en soi et de se rappeler que l'on peut compter sur ses propres ressources.

L'humiliation : C'est quand on se sent rabaissé ou ridiculisé par les autres. Pour guérir cette blessure, il est important de développer une estime de soi positive et de se rappeler que personne n'a le droit de nous humilier.

La trahison : C'est quand on se sent trahi ou trompé par les autres. Pour guérir cette blessure, il est important de reconstruire la confiance en soi et de choisir des relations basées sur la loyauté et l'intégrité.

L'injustice : C'est quand on se sent traité injustement ou victime de circonstances difficiles. Pour guérir cette blessure, il est important de cultiver un esprit de justice et de prendre des mesures pour changer les situations injustes.

Maintenant, voici une liste d'actions concrètes que vous pouvez entreprendre pour mettre en œuvre ces principes dans votre vie quotidienne :

-Pratiquez l'auto-acceptation : Apprenez à vous aimer et à vous accepter tel que vous êtes, avec toutes vos imperfections.
-Développez votre confiance en vous : Identifiez vos forces et vos talents, et croyez en vos capacités à réussir.
-Communiquez vos besoins : Exprimez vos besoins de manière assertive et respectueuse, en demandant ce dont vous avez besoin pour vous sentir bien.
-Établissez des limites saines : Apprenez à dire non lorsque quelque chose ne correspond pas à vos valeurs ou ne vous convient pas.
-Entourez-vous de relations positives : Choisissez des personnes qui vous soutiennent, vous respectent et vous encouragent à être vous-même.
-Pardonnez et lâchez prise : Libérez-vous du fardeau du passé en pratiquant le pardon envers vous-même et les autres.
-Cultivez la gratitude : Prenez le temps de reconnaître et d'apprécier les aspects positifs de votre vie.
-Prenez soin de vous : Accordez-vous du temps pour vous ressourcer, pratiquer des activités qui vous plaisent et prendre soin de votre bien-être physique, émotionnel et mental.
-Recherchez un soutien professionnel : Si vous sentez que les blessures émotionnelles sont profondes et intensément présentes dans votre vie, il peut être bénéfique de rechercher un soutien professionnel, tel qu'un thérapeute ou un coach de vie. Ils pourront vous accompagner dans votre parcours de guérison et vous fournir des outils adaptés à votre situation.

N'oubliez pas que le processus de guérison des blessures émotionnelles peut prendre du temps, et chacun progresse à son rythme. Soyez patient avec vous-même et faites preuve de bienveillance. En intégrant ces principes dans votre vie quotidienne, vous pourrez progressivement libérer votre plein potentiel et vous épanouir en étant authentiquement vous-même.

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lundi 15 mai 2023

Les Incasables - Rachid Zerrouki (1992- )

Professeur des écoles, Rachid Zerrouki livre un témoignage poignant sur son expérience de professeur des écoles dans une Section d’Enseignement Général et Professionnel Adapté d’un collège marseillais. Les SEGPA sont les classes à effectif réduit dans lesquelles se retrouvent toutes sortes de profils d’enfants en grande difficulté scolaire, avec des troubles du comportement et des problèmes familiaux…  Tout ce petit monde doit vivre ensemble, progresser sous l’œil bienveillant du professeur. Comment leur faire comprendre qu’ils ne seront pas vétérinaires, astronautes ou Prix Nobel ? Comment leur faire comprendre qu’ils peuvent être de belles personnes capables de relever des défis de taille ? A travers une pièce de théâtre, des projets généreux élaborés par tout le groupe, Rachid Zerrouki nous montre qu’une classe est comme un orchestre qu’il faut guider dans l’harmonie pas à pas quotidiennement.

Enseigner à des enfants si particuliers qui n’entrent pas ou peu dans les codes et les apprentissages de l’école n’est pas simple mais donne tellement de sens au métier qu’il en est difficile de s’en extraire selon Rachid Zerrouki.

Extrait : A moi l’école a tout donné mais qu’en est-il des autres, ceux qui se présentent à elle sans héritage culturel ni prédisposition à apprendre ? Que leur propose-t-elle si ce n’est d’ajouter au poids de l’échec celui de la culpabilité ? L’ancienne société de classes accordait au moins à ceux qui étaient en bas de l’échelle la liberté d’être et de se sentir victimes d’une injustice, mais aujourd’hui la promesse républicaine d’égalité et de méritocratie portée par l’Ecole leur fait comprendre qu’ils sont les seuls responsables de leur situation. C’est un mensonge. Parmi les multitudes de chiffres qui le démontrent  on peut citer ceux-ci : 79% des enfants de cadres ou de professions intellectuelles supérieures sont diplômés du supérieur, contre 29% des enfants d’ouvriers. Partant de ce constat, certains défendent l’idée selon laquelle l’Ecole est inégalitaire par essence et non par erreur, mais la volonté d’une institution est aussi déterminée par celle des individus qui la composent, et j’ai rencontré trop d’altruisme et d’abnégation en salle des professeurs pour adhérer à un tel degré de cynisme. »

jeudi 13 avril 2023

Pierre Soulages (1919 - 2022)

L'art de la lumière dans l'obscurité

L’œuvre au noir 1959

Pierre Soulages,  peintre français né à Rodez en 1919, mort en 2022 est souvent surnommé le "maître du noir". Son œuvre artistique unique est centrée sur l'exploration de la couleur noire et de la lumière dans l'art contemporain, et son concept innovant d'"Outre Noir" a marqué l'histoire de la peinture.

Pierre Soulages a commencé à peindre dès son plus jeune âge, mais c'est dans les années 1940 qu'il a commencé à développer son style distinctif axé sur la couleur noire. Il s'est rapidement éloigné de la peinture figurative pour embrasser l'abstraction, explorant les limites de la couleur noire dans son travail. Pour lui, le noir n'était pas seulement l'absence de couleur, mais une couleur à part entière qui pouvait être utilisée pour exprimer la lumière et la profondeur.

L'une des œuvres les plus emblématiques de Soulages est sa série d'œuvres intitulée "Outre Noir". L'Outre Noir est une technique picturale unique créée par Soulages dans les années 1970, dans laquelle il applique des couches épaisses de peinture noire sur la toile, qu'il gratte et sculpte ensuite pour créer des effets de lumière et de texture. C'est un procédé complexe qui nécessite une maîtrise technique et une compréhension profonde des propriétés de la couleur noire.

L'Outre Noir de Soulages est bien plus qu'une simple utilisation de la couleur. C'est une exploration de la lumière dans l'obscurité, une réflexion sur la manière dont la couleur noire peut être utilisée pour capturer et exprimer la lumière d'une manière inattendue. Les couches de peinture noire superposées créent des contrastes, des reflets et des jeux de lumière qui varient en fonction de l'angle de vue et de l'éclairage, conférant à ses œuvres une profondeur et une présence uniques.

Une autre caractéristique distinctive du travail de Soulages est sa gestuelle puissante et expressive. Ses coups de pinceau larges et énergiques sont une partie intégrante de son processus artistique, ajoutant une dimension dynamique et mouvementée à ses œuvres abstraites. La combinaison de la gestuelle et de la couleur noire crée des compositions audacieuses et captivantes qui invitent le spectateur à explorer les textures, les formes et les jeux de lumière de chaque toile.

L'œuvre de Soulages a été reconnue à l'échelle internationale et il a reçu de nombreux prix et distinctions pour sa contribution à l'art contemporain. En 2014, le musée Soulages a été inauguré à Rodez, sa ville natale, pour célébrer son travail et présenter une vaste collection de ses œuvres, y compris ses célèbres Outre Noir. Le musée, conçu par l'architecte Rafael Moneo, offre aux visiteurs une expérience immersive de l'œuvre de Soulages, mettant en valeur sa créativité, sa technique et son exploration de la couleur noire.

L'impact de Pierre Soulages sur le monde de l'art ne se limite pas seulement à son usage novateur de la couleur noire et à sa création de l'Outre Noir. Son travail a également inspiré de nombreux artistes contemporains et a ouvert de nouvelles perspectives sur la manière dont la couleur noire peut être utilisée dans l'art. Sa philosophie artistique repose sur l'idée que l'obscurité n'est pas une absence de lumière, mais plutôt une source potentielle de lumière et de création artistique. Ses œuvres sont une exploration poétique de la relation entre la lumière et l'obscurité, de la profondeur et de la texture, et de la gestuelle et de l'expression.

En plus de son travail pictural, Soulages a également expérimenté d'autres médiums artistiques, tels que la gravure, la sculpture et l'architecture. Son approche multidisciplinaire de l'art lui a permis de repousser les limites de sa créativité et de continuer à innover tout au long de sa carrière, faisant de lui l'un des artistes les plus influents et prolifiques de son temps. 

"J’aime l’autorité du noir. C’est une couleur qui ne transige pas. Une couleur violente mais qui incite pourtant à l’intériorisation. À la fois couleur et non-couleur. Quand la lumière s’y reflète, il la transforme, la transmute. Il ouvre un champ mental qui lui est propre."

                                                                                                                           Pierre Soulages

Outrenoir 1979

samedi 12 juin 2021

Un discours brillant sur le bonheur - Pedro Correa


C’était le 28 novembre 2019 à l’UCLouvain en Belgique. Pour cette cérémonie, l’université avait invité Pedro Correa, docteur en sciences appliquées et photographe, à dire quelques mots aux jeunes diplômés. Résultat ? Un très grand discours qui s’adresse à tous. En voici le texte :

 « Bonsoir et félicitations aux ingénieurs fraichement diplômés, Je voulais aussi féliciter l’AILouvain, d’avoir fait preuve de courage, non seulement en m’invitant dans ce panel (ce qui est déjà assez courageux) mais surtout en mettant au centre de ces interventions et de leur programme de conférences des termes comme « le sens », « le bonheur » « et la joie au travail », au-delà de ceux sur lesquels on insistait uniquement lors des discours que j’avais à votre âge en ingénieur, et qui étaient plutôt à l’époque « le sacrifice », « le sérieux », « la compétitivité » ou « l’excellence ». 

 Merci donc vraiment à l’UCL pour cet élan de vent frais. Je suis d’autant plus ravis d’être ici que je parle au même endroit que l’une de mes idoles du moment (certains ont des idoles qui remplissent des stades, moi c’est un ingénieur français) : il s’appelle Philippe Bihouix et lors de la conférence qu’il a donné ici il y a quelques mois il vous invitait déjà à mettre à profit tout votre savoir-faire non pas dans les High-Techs, mais plutôt dans les Low-Techs: ces technologies qui remplacent ce qui se fait aujourd’hui, mais avec des techniques plus simples et plus sobres. Si ce que vous recherchez c’est du sens et de mettre à profit vos études d’ingénieur pour diminuer notre empreinte écologique à tous, je vous invite vraiment à lire son livre: l’Age des Low-Tech. 

 Tout d’abord je vous rassure: je ne suis pas venu vous donner de conseils, et encore moins de leçons. Faire un Doctorat en Sciences Appliquées pour finir artiste photographe, je pense que cela doit figurer dans le top 3 des cauchemars des parents ici présents… Mais si je ne vais pas vous donner de conseils, c’est surtout parce que je me rends compte que nous, les plus vieux, n’avons rien à vous apprendre, et que bien au contraire, nous ferions mieux de plus vous écouter. 

Quand je vois les valeurs de consommation, d’égocentrisme, de compétition et de croissance continue, sur lesquelles les deux générations précédentes ont bâti le système dans lequel on surnage pour l’instant, et quand je vois les élans de solidarité, d’empathie, de collaboration, et de quête de sens qui brillent au fond des yeux des jeunes aujourd’hui… je me dis que vous êtes celles et ceux qui peuvent inverser la tendance vers une société plus heureuse et plus juste… et que vous avez déjà tout en vous. 

Je vais par contre commencer par une statistique que je vais poser là, exprès pour vous faire un peu peur. C’est une donnée que l’on entend très rarement, et qui représente à mes yeux le canari dans la mine qui devrait nous alerter que quelque chose va mal : depuis 5 ans, la Belgique dépense plus de budget national en malades de longue durée (essentiellement des dépressions et des burn-outs), qu’en charges liées au chômage. Cela veut donc dire que contrairement à ce que l’on nous martèle chaque jour à propos du chômage, en sortant d’ici, vous avez plus de risque de tomber malade ou de devenir dépressifs à cause de votre emploi, que de ne pas en trouver. 

 Passionné de développement personnel, je me suis penché sur les causes de cette donnée, et ce résultat n’est finalement pas si étonnant. Toutes les études scientifiques en neurosciences et en psychologie du bonheur sont unanimes : placer des termes anxiogènes comme le « sérieux », l' »excellence », la « compétitivité » ou le « sacrifice » au centre de notre vie, sans en placer d’autres, essentiels, comme « la joie », « le sens » ou « la collaboration », c’est prouvé, cela ne peut que mener à la tristesse, à la fatigue, et au final, à la maladie… au burn-out. 

Certains vous feront miroiter des contrats avec d’énormes voitures à la clé, et ils vous assureront que c’est la preuve ultime de la réussite. De mon côté, je ne peux que vous parler avec le gage de mon propre bonheur lorsque je me lève chaque matin pour faire mon travail, que je reste absorbé pendant des heures sans voir le temps passer à capturer des instants de beauté éphémère, et le bonheur de mes enfants avec qui je passe de longues après-midis. Je ne peux donc que vous partager mon expérience, qui a tout d’abord été de me rendre compte que le bonheur, ça se travaille. Le bonheur ne nous tombe pas du ciel en regardant notre vie s’écouler sur des rails construits par d’autres, des rails qui vont on-ne-sait-où, plutôt que de mettre en pratique nos propres envies. (…) La mauvaise nouvelle, c’est que trouver son bonheur ça prend toute une vie. La bonne nouvelle, c’est que lorsque l’on sait que ça prend toute une vie, on peut se donner le temps. 

Mon chemin a commencé par cette condition, indispensable je pense, d’écouter mes propres envies, d’écouter ma voix intérieure. Cette voix intérieure n’a rien de mystique, c’est juste la propre voix de chacun, cette voix authentique qui n’a de compte à rendre à personne, celle qui vous prend aux tripes. Elle est très difficile à entendre parce que depuis tout jeunes, nous avons entassé d’autres voix par-dessus : la voix des parents, des professeurs, des pubs… Lorsque vous regardez des enfants, vous vous rendez compte qu’ils n’ont encore que cette voix-là, leur juste voix, et c’est justement pour ça qu’ils savent exactement ce qui les rend heureux à chaque instant. Nous avons tous en nous la voix qui sait ce qui est mieux pour nous. Il faut juste du travail sur soi pour l’entendre et la reconnaitre. 

 Pour moi, cela a été plus rapide: j’ai pris un raccourci et j’ai pu éviter des années d’écoute attentive pour arriver à l’entendre. C’est un raccourci, certes, mais que je ne souhaite à personne: c’était de voir mourir mon père, soudainement. Il avait 56 ans, j’en avais 29. Il était fort comme un roc un jour, et parti le lendemain. Nous savons tous que nous sommes mortels, mais la nuance est énorme entre savoir que nous sommes mortels et savoir que nous allons mourir, et que ça peut arriver du jour au lendemain. A ce moment-là, ma voix intérieure a pris un mégaphone et a percé toutes les autres voix, pour me demander chaque jour très clairement : « maintenant que tu sais que tu pourrais mourir demain, aurais-tu changé quelque chose à cette dernière journée que tu viens de passer ? » Et c’est impossible de vivre comme avant lorsque l’on se pose cette question à la fin de chaque journée. 

Cette prise de conscience a été douloureuse au début. De là sont nés d’abord de petits changements, des compromis, puis des plus grands, et puis petit à petit, cette voix est devenue un guide sur le chemin vers le bonheur. Pour être heureux, il m’a fallu aussi trouver du sens. Je pense qu’il faut que notre vie à tous (et donc notre métier, où nous passons 8h par jour) ait du sens à nos yeux. Car notre voix intérieure sait que nous sommes tous sur le même bateau, et le bonheur ne pourra donc être atteint que si nos actions ont un impact réel sur ce bateau. 

Et pour finir, il nous faut aussi du courage, parce qu’en plus d’entendre et de reconnaître votre voix, il faudra aussi avoir le courage de l’écouter, car elle ne va pas toujours dire des choses évidentes à mettre en place, ni des choses qui vont plaire à votre entourage. On m’a souvent dit : « Mais quel courage ! Ça ne doit pas être facile de vivre en tant qu’artiste ! ». Ce à quoi je répondais : « Parce que vous croyez que c’est facile, pour un artiste, de vivre en tant que banquier? ». 

Je vais terminer. Et vous l’avez compris, j’ai menti, je vous ai quand-même donné un conseil tout au long de ce discours : celui de ne pas m’écouter. Vous êtes des adultes, vous avez votre diplôme, la vie est à vous. Alors n’écoutez plus ceux issus de ce monde périmé, de ce constat d’échec que nous vivons. Ne m’écoutez plus moi, n’écoutez plus les parents, n’écoutez plus les professeurs, n’écoutez plus les pubs ni les médias, et écoutez-vous, écoutez-vous en tout premier. 

Le monde n’a plus besoin de battants, de gens qui réussissent, il a besoin de rêveurs, de personnes capables de reconstruire et de prendre soin… et surtout, surtout, on a tous besoin aujourd’hui, plus que jamais, de gens heureux. 

Merci. »