mardi 12 juillet 2016

Le vieil archer japonais

Un vieux maître japonais est sur le point de viser une cible à bonne distance, le soir déclinant. Un reporter occidental assiste à la démonstration. Le vieux maître fixe l’objectif, fait le vide en lui, bande son arc et lâche la corde, tout en fermant les yeux. La flèche décrit une courbe parfaite et vient se ficher au centre de la cible, que l’archer ne regarde toujours pas. Éberlué, le journaliste s’exclame : « Vous avez vu où est votre flèche ? » Le maître lui pose la main sur l’épaule et lui répond: « Non, mais ce n’est pas le plus important, mon ami. »
L’archer va tirer une seconde flèche sur la cible éclairée par une bougie, car la nuit est maintenant tombée. Le vieux maître fixe l’objectif, fait le vide en lui, bande son arc et lâche la corde, tout enfermant les yeux. Pendant que la flèche décrit une courbe parfaite et sans le moindre regard pour elle, le vieux maître part se coucher.



Le lendemain, le reporter le cherche partout et, heureux de le trouver enfin, lui demande :
- Avez-vous vu le résultat de votre dernière flèche ?
- Non.
- Elle est venue elle aussi se placer au centre de la cible, à quelques millimètres de la première !
Le vieux maître place sa main sur l’épaule du journaliste, et lui dit:
- Oui, mais ce n’est pas le plus important.
- Ah? Et qu’est-ce qui est le plus important?
- Voyez-vous mon ami, nos cultures sont fort différentes. Vous autres Occidentaux, êtes obnubilés par l’objectif Vous y pensez tant, courez tellement après lui, qu’il peut vous paralyser. Nous n’avons pas le même rapport à l’objectif. Pour nous, plus que le but, ce qui importe, c’est de poser l’acte juste (après avoir pris en compte l’objectif). C’est de faire basculer la situation du bon côté. La finalité, c’est d’être en phase. En phase avec nous-même : la force nécessaire, la visée bien sûr, mais aussi la paix intérieure. En phase avec les éléments extérieurs comme le vent, le taux d’humidité et bien d’autres encore. Si je suis en phase, je peux poser l’acte juste, et le résultat devient une conséquence de cet acte juste. Néanmoins, bien des facteurs extérieurs nous échappent (ici, une subite rafale, par exemple), et font que malgré l’acte juste, il se peut que le résultat ne soit pas atteint. Mais si j’ai fait de mon mieux, que pourrai-je me reprocher ? Pour nous, atteindre le résultat implique de s’en détacher. Ce qui doit être sera. Nos cultures sont différentes, mon ami. Différentes et complémentaires.

dimanche 26 juin 2016

Monopoly

"Ma grand-mère était une personne merveilleuse, elle m'a appris à jouer au Monopoly. Elle a compris que le but du jeu, c'est d'acquérir, qu'en accumulant tout ce qu'elle pourrait, elle deviendrait "la maîtresse du jeu". Puis elle me répétait toujours la même chose. Elle me regardait et disait : "Un jour, tu apprendras à jouer". Un été, j'ai joué au Monopoly presque chaque jour, toute la journée, et cet été-là, j'ai appris à jouer le jeu. J'en suis venu à comprendre que la seule manière de gagner est de se dévouer totalement à l'acquisition. J'en suis venu à comprendre que l'argent et la possession sont les moyens de marquer des points. Et à la fin de cet été, j'étais plus impitoyable que ma grand-mère. J'étais prêt à contourner les règles s'il le fallait, pour gagner la partie.
L'automne venu, nous avons joué de nouveau. Je lui ai pris tout ce qu'elle avait. Je l'ai regardée donner son dernier dollar et abandonner le jeu, complètement battue. Puis, elle m'a appris une chose de plus. Ainsi, elle m'a dit : "Maintenant, tout retourne dans la boîte. Toutes ces maisons et ces hôtels. Tous les chemins de fer et entreprises de services publics...Tous ces biens et tout cet argent merveilleux...Maintenant, tout retourne dans la boîte. Rien de tout cela ne t'appartenait. Tu étais excité par tout cela pendant un moment. Mais c'était là avant que tu prennes place à cette table "et ce sera là après ton départ : les joueurs viennent, les joueurs partent. Maisons et voitures...Titres et vêtements...Même ton corps.
"

Zeitgeist : Moving Forward de Peter Joseph - 26 Janvier 2011



Le Mouvement Zeitgeist est une organisation internationale qui plaide pour la construction d'un monde durable et préconise une transition mondiale vers un nouveau modèle économique appelé un « Modèle Économique Basé sur les Ressources ».

http://www.mouvement-zeitgeist.fr/

lundi 6 juin 2016

Divination

« Que dois-je faire ? » : voilà une question que tout être humain s'est posée à un moment ou un autre de sa vie. Certains demandent conseil à leur famille ou à leurs amis, d'autres cherchent de l'aide auprès d'un thérapeute, ou font appel à un astrologue.

Quelle que soit la méthode utilisée, les gens veulent des réponses rapides. Il existe des centaines, voire des milliers de techniques divinatoires qui fournissent des réponses quasi instantanées. Cela va des plus connues, telle la cristallomancie (avec une boule de cristal), aux plus obscures, comme la capnomancie (divination par la fumée). On trouve ainsi différentes méthodes divinatoires dans l'histoire de l'humanité (astrologie, runes, tarot, feuilles de thé, cartes à jouer, dés, boule de cristal, lignes de la main et voyance...). 

Futhark, la plus ancienne forme d’alphabet runique

A titre d'exemple : la bibliomancie, la réponse à une question est obtenue en choisissant au hasard un mot ou un passage d'un livre. Si la Bible fut le livre de référence pour la bibliomancie, on utilisait aussi les épopées de la Grèce antique, la poésie ou les œuvres de Shakespeare. De nombreuses personnes pensent que la bibliomancie est le pendant occidental du Yi-king, Le Livre des mutations, un système de divination élaboré par les Chinois il y a plus de quatre mille ans. La personne qui consulte le Yi-king lance des tiges d'achillée ou des pièces de monnaie, et la réponse à sa question lui est fournie par la manière dont elles tombent.

jeudi 26 mai 2016

Collaboration


dimanche 1 mai 2016

Donner

"Il est plus doux de donner que de recevoir."
Epicure

"Si tu ne donnes plus, tu n'as rien donné."
Antoine de Saint-Exupery

"Et si l’on peut te prendre ce que tu possèdes, qui peut te prendre ce que tu donnes ? "
Antoine de Saint-Exupery

"Quand tu donnes tu perçois plus que tu ne donnes, car tu n'étais rien et tu deviens. "
Antoine de Saint-Exupery 

"Il faut exiger de chacun ce que chacun peut donner. "
Antoine de Saint-Exupery  


vendredi 15 avril 2016

Vous faites partie d'un tout - Ravi Ravindran

Ravi Ravindran
Président du Rotary International
Dans la vie, les expériences les plus significatives sont parfois les plus brèves. Elles ne durent que quelques jours, quelques heures ou quelques instants. Ce sont des souvenirs qui resteront gravés dans notre mémoire et qui resteront vivaces bien des années plus tard. Ce sont des instants qui soudainement dévoilent d'autres facettes, qui nous aident à comprendre ce qui était resté obscur et qui établissent des rapprochements inattendus.

Lorsque vous voyagez, vous avez une perspective et un but différents. Vous vous rendez compte que vous faites partie d'un tout.

Ravi Ravindran
Président du Rotary International 2015-2016
Extrait de l'Edito du Rotarien.org Février 2016

https://www.rotary.org/fr

mardi 12 avril 2016

Les symboles de l'Humanité

"L'humanité n'avance qu'à travers des symboles."
Knut Pedersen



Les grands symboles de l'humanité - Julien Behaeghel
Julien Behaeghel, qui nous a quitté en 2007, a beaucoup écrit sur le symbole. Dans ce livre, il nous invite à « manger le symbole », faisant référence à Gilgamesh qui ne comprend pas qu’il doit manger la plante d’immortalité et l’eau de vie. Manger le symbole, l’ingérer, c’est être le symbole plutôt qu’avoir le symbole.
Les trente symboles étudiés dans ce livre ont tous une fonction particulière dans le grand jeu initiatique œuf cosmique – œil-miroir, point-rien, Père-Ciel et Mère-Terre, arbre, serpent, soleil double, lune quaternité, cercle, croix, spirale,labyrinthe, montagne sacrée, trinité et triangle, arc-en-ciel, cercle-carré zodiacal, dieu cornu, axe du monde et pôle, ange et androgyne, équerre et compas, Janus ou la dualité, nœud, cœur, étoile, coquille et conque, phallus-linga, roue…


Chaque étude, dense, précise et d’une grande richesse, révèle les possibilités de mouvement du symbole, sa potentialité opérative. Plutôt que des longs et inutiles développements, Julien Behaeghel préfère condenser l’essentiel dans une écriture où se mêle poésie et connaissance.

"Le symbole est le dernier accès au sacré" selon Robert Triomphe, rappelle l’auteur. Et il développe :
" Qu’est-ce que le sacré, sinon l’incompréhensible verbe qui a prononcé notre forme, au commencement, lorsque tout était noirceur et inconscience. Le sacré est la parole perdue, celle qui a tout créé, qui a tout dit, lorsque rien n’avait jamais été dit. C’est la parole de vie, la parole de sang, de sève, d’eau et de lumière. Le sacré, c’est ce qui nous a pensés de toute éternité afin qu’un jour, dans le temps, nous puissions voir sa beauté et petit à petit deviner la couleur de son regard et, plus tard, bien plus tard, partager sa sagesse. "

Après avoir abordé ces symboles fondamentaux, il rappelle les bases du symbolisme géométrique, du symbolisme des nombres, du symbolisme des couleurs, du symbolisme des animaux, du symbolisme des métaux et du symbolisme des fleurs, les fleurs qui sont « dieux et déesses et dans de nombreux cas symboles d’immortalité.
Ce livre, dédié à C.G. Jung, ce qui n’est pas anodin, relève du tissage traditionnel. Il ne propose pas une juxtaposition de notices mais un voyage sur l’océan du symbole par des méditations imbriquées. Utile à l’instruction de base, il nourrit aussi l’esprit des questeurs qui ici et là trouveront matière à nouer ou dénouer.

lundi 28 mars 2016

Riches et pauvres

mercredi 23 mars 2016

Sept brèves leçons de physique - Carlo Rovelli (1956-)


Sept brèves leçons de physique - Carlo Rovelli
Par des mots poétiques, une simplicité tranquille, Carlo Rovelli nous fait entrer dans les mystères de notre univers, sa beauté à couper le souffle. L’auteur nous replace au travers des différentes théories astronomiques, à notre place…. Habitants d’une petite planète dans un espace infini, en expansion. 

Ces « sept leçons » donnent un aperçu rapide des aspects les plus importants et fascinants de la grande révolution qui a bouleversé la physique au XXe siècle, et surtout des questions et des mystères que cette révolution a soulevés.

Carlo Rovelli

Carlo Rovelli est né le 3 mai 1956 à Vérone (Vénétie), c’est un physicien italien spécialisé en gravité quantique. Il a obtenu son doctorat en physique à l'université de Padoue en Italie (1986). Il a travaillé en Italie, aux États-Unis et en France. En 2007, il est professeur à l'université de la Méditerranée et directeur de recherche au CNRS au Centre de physique théorique de Luminy à Marseille (France). Il est également affiliated Professor du département d'histoire et de philosophie des sciences de l'université de Pittsburgh, aux États-Unis, et membre de l'Institut universitaire de France.

En 1988, Carlo Rovelli et Lee Smolin ont présenté la gravitation quantique à boucles. En 1995, ils ont obtenu une base explicite des états de la gravité quantique basée sur les réseaux de spin de Penrose, et ont montré que la théorie prédit que surface et volume sont quantifiés. Ce résultat suggère l'existence d'une structure discrète de l'espace à très petite échelle. En 1994, il a présenté une interprétation relationnelle de la mécanique quantique, basée sur l'idée que tous les états quantiques dépendent de l'observateur.

Avec Alain Connes, il a formulé un modèle covariant de la théorie quantique des champs, basé sur l'hypothèse du « temps thermique ». Selon cette hypothèse, le temps n'existe pas dans la théorie fondamentale, mais émerge seulement dans un contexte thermodynamique ou statistique. De plus, l'écoulement du temps serait une illusion due à une connaissance incomplète.

Rovelli a aussi travaillé sur l'histoire et la philosophie de la science. Il a écrit un livre sur le philosophe grec Anaximandre, qui a été publié en France en juin 2009. En 1995, Rovelli a reçu l'International Xanthopoulos Award pour ses contributions à la physique théorique. En 2009, il a obtenu le premier prix Community du FQXi contest on the nature of time. Il est membre de l'Académie internationale de philosophie des sciences et Honorary Professor de l'université normale de Pékin.

samedi 5 mars 2016

Fraternité

"Celui qui cherche un frère sans défaut reste sans frère."
Djalâl-ud-Dîn Rûmî

Logo dessiné par Sa Sainteté le 17 ème Karmapa, Ogyen Trinley Dorje, chef religieux tibétain

Symbolisme du logo

- Les deux mains jointes représentent l'interdépendance, la coopération, l'unité, l'amitié, la fraternité,  l'harmonie et la paix entre les humains.
- Le vert représente la terre et le bleu symbolise le ciel. Par ces deux couleurs, la notion d'interdépendance, d'unité et d'harmonie s'étend à l'univers et à tous ceux qui le peuplent.

samedi 13 février 2016

Faire la part des choses dans l'opinion des autres

Comment faire la part des choses dans l’opinion des autres ? Comment faire le tri entre ce qui est vrai et ce qui est faux ? Voici le test des trois questions, attribué à Socrate.

Delphes, le temple d'Athéna (2006) - Françoise Hennebert


Socrate avait, dans la Grèce antique, une haute opinion de la sagesse. Quelqu'un vient un jour trouver le grand philosophe et lui dit:

- Sais-tu ce que je viens d'apprendre sur ton ami?

- Un instant, répondit Socrate. Avant que tu me racontes, j'aimerais te poser trois questions.

- Trois questions ?

- Mais oui, reprit Socrate. Avant de me raconter toutes sortes de choses de choses sur les autres, il est bon de prendre le temps de filtrer ce que l'on aimerait dire. C'est ce que j'appelle le test des trois questions. La première question est celle de la vérité. As-tu vérifié si ce que tu veux me dire est vrai ?

- Non. J'en ai simplement entendu parler...

- Très bien. Tu ne sais donc pas si c'est la vérité.

- Essayons de filtrer autrement en utilisant une deuxième question, celle de la bonté. Ce que tu veux m'apprendre sur mon ami, est-ce quelque chose de bon ?

- Ah non ! Au contraire.

- Donc, continua Socrate, tu veux me raconter de mauvaises choses sur lui et tu n'es même pas certain si
elles sont vraies. Tu peux peut-être encore passer le test, car il reste une question, celle de l'utilité. Est-il utile que tu m'apprennes ce que mon ami aurait fait ?

- Non. Pas vraiment.

Alors, conclut Socrate, si ce que tu as à me raconter n'est ni vrai, ni bien, ni utile, pourquoi vouloir me le dire ?

dimanche 31 janvier 2016

Il y a un temps pour tout

Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous le ciel :

un temps pour naître,
et un temps pour mourir ;
un temps pour planter,
et un temps pour arracher le plant ;

un temps pour tuer,
et un temps pour guérir ;
un temps pour abattre,
et un temps pour bâtir ;

un temps pour pleurer,
et un temps pour rire;
un temps pour gémir,
et un temps pour danser;

un temps pour lancer des pierres,
et un temps pour en ramasser ;
un temps pour embrasser,
et un temps pour s'abstenir ;

un temps pour chercher,
et un temps pour perdre ;
un temps pour garder,
et un temps pour jeter ;

un temps pour déchirer,
et un temps pour coudre ;
un temps pour se taire,
et un temps pour parler ;

un temps pour aimer,
et un temps pour haïr ;
un temps pour la guerre,
et un temps pour la paix.
La Bible de Jérusalem, Ecclésiaste (Qohélet), chapitre 3

La Bible de Jérusalem est une traduction de la Bible élaborée sous la direction de l'École biblique et archéologique française de Jérusalem. Réalisée par les meilleurs spécialistes des études bibliques, elle est actuellement la plus répandue en France et fait figure de classique. Étant un ouvrage collectif, elle tombera dans le domaine public en France le 1er janvier 2027, 70 ans après la date de sa première parution. En effet, c'est en 1956 que la Bible de Jérusalem fut publiée pour la première fois en un seul et unique volume.

mardi 5 janvier 2016

Denis Diderot (1713–1784)

Portrait de Diderot - Van Loo (1767), Louvre
Denis Diderot, né le 5 octobre 1713 à Langres et mort le 31 juillet 1784 à Paris, est un écrivain, philosophe et encyclopédiste français.

Diderot est reconnu pour son érudition, son esprit critique et un certain génie. Il laisse son empreinte dans l'histoire de tous les genres littéraires auxquels il s'est essayé: il pose les bases du drame bourgeois au théâtre, révolutionne le roman avec "Jacques le Fataliste", invente la critique à travers ses "Salons" et supervise la rédaction d'un des ouvrages les plus marquants de son siècle, la célèbre "Encyclopédie".

En philosophie également, Diderot se démarque en proposant plus de matière à un raisonnement autonome du lecteur plutôt qu'un système complet, fermé et rigide.

Mal connu de ses contemporains, éloigné des polémiques de son temps et des conventions sociales, mal reçu par la Révolution, il devra attendre la fin du XIXe siècle pour recevoir enfin l'intérêt et la reconnaissance de la postérité dans laquelle il avait placé une partie de ses espoirs.

Fils d'un maître coutelier, Denis Diderot suit ses études chez les Jésuites, puis au lycée Louis-Le-Grand et devient maître ès Art en 1732. Il mène jusqu'à son mariage, en 1743, une vie de bohème qui lui fait perdre la foi. Pendant cette période, il fait la connaissance de Jean-Jacques Rousseau.

Dans ses "Pensées Philosophiques" (1746), Diderot s'en prend violemment au christianisme et plaide pour une religion naturelle. Sa foi initiale se transforme en déisme, puis il passe par une phase de scepticisme avant d'opter franchement pour le matérialisme dans "Lettre sur les aveugles et à l'usage de ceux qui voient" (1749) qui provoque son incarcération au château de Vincennes pendant trois mois. Pour Denis Diderot, le seul critère auquel répond la connaissance est l'expérience. Il défend l'idée qu'il n'y a qu'une seule substance, la matière, et que le processus de passage du minéral à la vie est continu. Cette théorie peut être considérée comme une intuition du transformisme de Lamarck.

Diderot est chargé en 1747 par le libraire Le Breton de diriger avec d'Alembert les travaux de l'Encyclopédie. Il se consacre pendant plus de vingt ans à un véritable travail d'éditeur qui assure la notoriété. Le premier volume est publié en 1751 et le dernier en 1772.

En parallèle à l'Encyclopédie, Diderot poursuit son œuvre littéraire tout en menant une vie éclectique et tumultueuse. Ses romans, ses critiques et ses essais philosophiques, dont une grande partie ne sera publiée qu'après sa mort, montrent le souci de définir la véritable nature de l'homme et sa place dans le monde. Diderot propose une morale universelle assise, non pas sur Dieu, mais sur les sentiments naturels de l'homme et sur la raison.

Sa santé étant fragile, Diderot ralentit ses publications à partir de 1776 et meurt en 1784.

Chez Diderot, les idées s'effacent un peu devant la méthode. Il est moins question d'imposer ses vues personnelles que d'inciter à la réflexion personnelle sur base de différents arguments, donnés, par exemple, par les intervenants des dialogues. Les idées personnelles de Diderot ont de plus évolué avec l'âge.

Plutôt que philosophe, Diderot est avant tout un penseur. Il ne poursuit en effet ni la création d'un système philosophique complet, ni une quelconque cohérence: il remet en question, éclaire un débat, soulève les paradoxes, laisse évoluer ses idées, constate sa propre évolution mais tranche peu. Pour autant, des thèmes apparaissent récurrents dans la pensée de Diderot et des orientations générales peuvent être dégagées de ses écrits.

La position de Diderot à l'égard de la religion évolue dans le temps, en particulier dans sa jeunesse. Ses parents le vouaient à une carrière ecclésiastique et il reçut la tonsure de l'évêque de Langres. Arrivé à Paris, son parcours académique se fait dans des institutions d'obédience catholique, comme la Sorbonne. C'est au gré de ses lectures que sa foi va s'étioler et Diderot semble évoluer de la foi vers le théisme, le déisme et enfin souscrire aux idées matérialistes. C'est cette évolution que l'on constate des Pensées philosophiques à la Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient. Plus tard, ces positions sont confirmées dans le Supplément au voyage de Bougainville qui évoque la religion naturelle et un dialogue très représentatif, l'"Entretien d'un philosophe avec la maréchale de ***". A l'instar des Lumières, Diderot rejette plus les excès de la religion que la religion elle-même.

Encyclopédie de Diderot et d'Alembert (1751-1772)

Citations de Denis Diderot

"Tous les peuples ont de ces faits, à qui, pour être merveilleux il ne manque que d'être vrais ; avec lesquels on démontre tout, mais qu'on ne prouve point ; qu'on n'ose nier sans être impie, et qu'on ne peut croire sans être imbécile."

"Le déiste seul peut faire tête à l'athée. Le superstitieux n'est pas de sa force; son Dieu n'est qu'un être d'imagination. "

"Le Dieu des chrétiens est un père qui fait grand cas de ses pommes et fort peu de ses enfants."

"La superstition est plus injurieuse à Dieu que l'athéisme."

"Il ne faut pas imaginer Dieu ni trop bon, ni méchant. La justice est entre l'excès de la clémence et la cruauté, ainsi que les peines finies sont entre l'impunité et les peines éternelles."

"Sire, si vous voulez des prêtres, vous ne voulez point de philosophes, et si vous voulez des philosophes, vous ne voulez point des prêtres." 

"Je prétends que c’est la sensibilité qui fait les comédiens médiocres ; l’extrême sensibilité les comédiens bornés ; le sens froid et la tête, les comédiens sublimes." 

"Le rôle d’un auteur est un rôle assez vain ; c’est celui d’un homme qui se croit en état de donner des leçons au public. Et le rôle du critique? Il est bien plus vain encore ; c’est celui d’un homme qui se croit en état de donner des leçons à celui qui se croit en état d’en donner au public."               

"La bonne religieuse est celle qui apporte dans le cloître quelque grande faute à expier."             

 "Les hommes ont banni la Divinité d’entre eux ; ils l’ont reléguée dans un sanctuaire ; les murs d’un temple bornent sa vue ; elle n’existe point au-delà."            

 "Personne n’a autant d’humeur, pas même une jolie femme qui se lève avec un bouton sur le nez, qu’un auteur menacé de survivre à sa réputation."            

"C’est le sort de presque tous les hommes de génie ; ils ne sont pas à la portée de leur siècle ; ils écrivent pour la génération suivante."   
 
"La sotte occupation que celle de nous empêcher sans cesse de prendre du plaisir, ou de nous faire rougir de celui que nous avons pris !... C’est celle du critique."                  

"Quel est donc ce Dieu ? Un Dieu plein de bonté... Un Dieu plein de bonté trouverait-il du plaisir à se baigner dans les larmes?"

"Parce qu'un homme a tort de ne pas croire en Dieu, avons-nous raison de l'injurier ? On n'a recours aux invectives que quand on manque de preuves."

"L'incrédulité est quelquefois le vice d'un sot, et la crédulité le défaut d'un homme d'esprit."

"Il y a des gens dont il ne faut pas dire qu'ils craignent Dieu, mais bien qu'ils en ont peur."

"S'il y a cent mille damnés pour un sauvé, le diable a toujours l'avantage sans avoir abandonné son fils à la mort."

"Si la raison est un don du Ciel et que l'on en puisse dire autant de la foi, le Ciel nous a fait deux présents incompatibles et contradictoires."

"C'est l'éducation de l'enfance qui empêche un enfant de se faire baptiser; c'est l'éducation de l'enfance qui empêche un chrétien de se faire circoncire; c'est la raison de l'homme fait qui méprise également le baptême et la circoncision."

"Les doutes, en matière de religion, loin d'être des actes d'impiété, doivent être regardés comme de bonnes œuvres, lorsqu'ils sont d'un homme qui reconnaît humblement son ignorance, et qu'ils naissent de la crainte de déplaire à Dieu par l'abus de la raison."

"Si je renonce à ma raison, je n'ai plus de guide : il faut que j'adopte en aveugle un principe secondaire, et que je suppose ce qui est en question. Egaré dans une forêt immense pendant la nuit, je n'ai qu'une petite lumière pour me conduire. Survient un inconnu qui me dit: "Mon ami, souffle la chandelle pour mieux trouver ton chemin." Cet inconnu est un théologien."

"Je crois en Dieu, quoique je vive très bien avec les athées. Je me suis aperçu que les charmes de l'ordre les captivaient malgré qu'ils en eussent ; qu'ils étaient enthousiastes du beau et du bon, et qu'ils ne pouvaient, quand ils avaient du goût, ni supporter un mauvais livre, ni entendre patiemment un mauvais concert, ni souffrir dans leur cabinet un mauvais tableau, ni faire une mauvaise action."

"Ce qui caractérise le philosophe et le distingue du vulgaire, c'est qu'il n'admet rien sans preuve, qu'il n'acquiesce point à des notions trompeuses et qu'il pose exactement les limites du certain, du probable et du douteux."

"La croyance en Dieu fait et doit faire presque autant de fanatiques que de croyants. Partout où l'on admet un Dieu, il y a un culte; partout où il y a un culte, l'ordre naturel des devoirs moraux est renversé, et la morale corrompue. Tôt ou tard, il vient un moment où la notion qui a empêché de voler un écu fait égorger cent mille hommes."

"La perfection évangélique n'est que l'art funeste d'étouffer la nature..."

"L'homme est le terme unique d'où il faut partir et auquel il faut tout ramener."

"L'idée qu'il n'y a pas de Dieu ne fait trembler personne ; on tremble plutôt qu'il y en ait un."

"Les naturalistes sont ceux qui n'admettent point de Dieu, mais qui croient qu'il n'y a qu'une substance matérielle. [...] Naturaliste en ce sens est synonyme d'athée, spinoziste, matérialiste, etc. "

"Elle disait plaisamment de la religion et des lois, que c'était une paire de béquilles qu'il ne fallait pas ôter à ceux qui avaient les jambes faibles."

"Aie toujours présent à l'esprit que la nature n'est pas Dieu, qu'un homme n'est pas une machine, qu'une hypothèse n'est pas un fait ; et sois assuré que tu ne m'auras point compris, partout où tu croiras apercevoir quelque chose de contraire à ces principes."

"Le véritable athéisme, l'athéisme pratique, n'est guère que sur le trône ; il n'y a rien de sacré, il n'y a ni lois divines, ni lois humaines pour la plupart des souverains ; presque tous pensent que celui qui craindrait Dieu ne serait pas longtemps craint de ses sujets."

"Il n'appartient qu'à l'honnête homme d'être athée. Le méchant qui nie l'existence de Dieu est juge et partie ; c'est un homme qui craint et qui sait qu'il doit craindre un vengeur (…) L'homme de bien au contraire, qui aimerait tant à se flatter d'une rémunération future de ses vertus, lutte contre son propre intérêt. L'un plaide pour lui-même, l'autre plaide contre lui ; le premier ne peut jamais être certain du véritable motif qui détermine sa façon de philosopher ; le second ne peut douter qu'il ne soit entraîné par l'évidence dans une opinion si opposée aux espérances les plus douces et les plus flatteuses dont il pourrait se bercer."

"Dieu n'a fait ni maître ni serviteur, je ne veux donner ni recevoir de lois."

"Dieu : un père comme celui-là, il vaut mieux ne pas en avoir."

"Le dialogue est la vraie manière instructive ; car que font le maître et le disciple ? Ils dialoguent sans cesse."

"L’homme le plus heureux est celui qui fait le bonheur d’un plus grand nombre d’autres."

"Je vois tant d’illustres fainéants se déshonorer sur les lauriers de leurs ancêtres, que je fais un peu plus de cas du bourgeois ou du roturier ignoré qui ne se gonfle point du mérite d’autrui."   

"Avoir des esclaves n’est rien ; ce qui est intolérable, c’est d’avoir des esclaves en les appelant citoyens."
 
"Quand un peuple n’est pas libre, c’est encore une chose précieuse que l’opinion qu’il a de sa liberté ; il avait cette opinion, il fallait la lui laisser ; à présent il est esclave, et il le sent et il le voit ; aussi n’en attendez plus rien de grand ni à la guerre, ni dans les sciences, ni dans les lettres, ni dans les arts."

"Et qu’importe quel nom on imprimera à la tête de ton livre ou l’on gravera sur ta tombe. Est-ce que tu liras ton épitaphe ?"                 
  
"Se faire tuer ne prouve rien, sinon qu’on n'est pas le plus fort."

"La société est partagée en deux classes d’hommes: les unes savent mal et parlent de tout ; c’est le grand nombre […] les autres ignorent et cherchent à s’instruire ; c’est le petit nombre."              

 "C’est le sort de presque tous les hommes de génie ; ils ne sont pas à la portée de leur siècle ; ils écrivent pour la génération suivante."