samedi 18 juillet 2015

Désordre et créativité

L'organisation a toujours été considérée comme une clé de la réussite. Que ce soit à la maison, à l'école ou sur son lieu de travail, l'organisation est le maître mot ! Toutefois, des études récentes menées par l'Université du Minnesota nous offrent une nouvelle réflexion sur ce débat. Vous avez peut-être déjà entendu dire que les personnes qui ont des bureaux en désordre ont tendance à être plus créatives. Sachez que ce n'est pas tout à fait faux (même si ce n'est bien entendu pas aussi simple que cela). Peut-être que les personnes qui vivent dans un désordre permanent doivent être plus créatifs, par nécessité, pour survivre en dehors des frontières de l'organisation.

Kathleen Vohs, une scientifique et psychologue de l'Université du Minnesota a donc entrepris une étude portant sur la créativité liée au désordre. En utilisant un paradigme consistant en une pièce désordonnée et une autre pièce bien rangée, et une série de tests, elle a conclu que les pièces en désordre permettaient de produire plus de pensées créatives. Si les résultats de ses recherches l'amènent à conclure que les environnements en désordre provoquent une réflexion plus créative, elle en fournit des preuves scientifiques. 

Albert Einstein disait quelque chose de très pertinent "Si un bureau encombré est un signe d'un esprit encombré, alors que devons-nous penser d'un bureau vide ?" Son bureau n'était pas un modèle d'ordre et de rangement. Mais il n'était pas le seul, Mark Twain aussi avait un bureau désordonné. Peut être encore plus que celui de Einstein. Et il était l'un des esprits les plus imaginatifs de sa génération. Et que dire de Steve Jobs, dont la table de travail et le bureau étaient un vrai désastre de rangement ?

Même si tout cela peut ressembler à un grand n'importe quoi pour les autres, bien souvent le désordre de quelqu'un est en réalité très méthodique. Il présente juste une méthode d'organisation "personnelle", incompréhensible pour le commun des mortels...

La pensée créative, dans sa forme la plus pure, ne serait-elle pas le fait de penser en dehors des lignes de raisonnement "classique", en dehors des normes établies ?

mercredi 15 juillet 2015

Les avantages du désencombrement matériel

« Lorsque nous ne pouvons plus choisir, nous encombrons »
Dominique Loreau (1)

Pourquoi accumulons-nous ?

Un constat s'impose ; nous possédons trop. Mais qu'est-ce qui nous pousse à consommer ainsi? D'après le sociologue Gilles Lipovetsky2,  « nous achetons pour compenser les incertitudes de l'avenir», Nos actes de consommation seraient donc régis par des peurs, comme celles de connaître le chômage ou la précarité par exemple, Observons notre logement: sommes-nous rassurés sur notre futur en vivant au milieu de tous nos biens ? Non ! Il est donc peut-être temps de prendre conscience que nos achats ne rassurent que les industriels et les distributeurs… 

Prendre conscience du superflu

Regardons les objets qui nous entourent. Lesquels avons-nous acquis de façon consciente ? Lesquels aimons-nous vraiment ? En nous questionnant ainsi sur chacune de nos possessions, nous pouvons mettre en lumière nos comportements et nos motivations. Nous pouvons, par exemple avoir cédé à des achats quasi compulsifs, pour nous faire plaisir à un moment donné. Ces petites babioles qui traînent sur nos étagères ne nous rappellent-elles pas un passage à vide, où, pour compenser un manque, nous avons cédé à toute une série d'achats inutiles ? Outre l'acte d'achat, nous devons nous interroger sur la conservation des objets.
Pourquoi les gardons-nous ? Nous rassurent-ils ? En nous questionnant, nous prenons conscience des objets superflus. Nous apprenons, dans le même temps, à mieux nous connaître, en définissant ce qui est important et ce qui est accessoire.


S'organiser et faire des choix

Comme le souligne Dominique Loreau « la véritable cause du désordre est l’excès de possessions ». En désencombrant notre habitation, nous avons plus de facilité à trouver les objets. Nous voulons déboucher une bouteille de vin ? Pas de problème. Le tire-bouchon a sa place, dans le deuxième tiroir de la cuisine, dans un compartiment spécifique. Et, lorsque nous ouvrons le tiroir, il est visible immédiatement. Aucun autre objet ne vient encombrer cet espace. Cet exemple se décline avec tout ce que nous possédons, parce que nous avons, au préalable, défini nos besoins véritables. Et nos gestes sont plus précis car ils ne sont plus gênés par le fouillis. 

Nous pouvons ainsi modifier nos habitudes. Rangeons au fur et à mesure, sans empiler les choses. Cet ordre permanent procure calme et détente. De la même façon, faisons des choix. Définissons ce qu’il nous faut, en fonction de nos besoins : si nous voulons laver le carrelage, nous ne devons pas avoir à choisir entre cinq produits ! Un seul doit être destiné à cette fonction. Il n’est pas nécessaire non plus d’accumuler des tas d’échantillons puisque ils finissent, de toute façon, à la poubelle ! 

Davantage de propreté

Le fait de posséder moins permet de mieux entretenir, puisque les objets sont désormais accessibles. C’est un avantage précieux, car vivre dans un endroit propre et net clarifie les idées. Notre mental est comme dépoussiéré et aéré. L’effet est très bénéfique.
Le ménage perd ses allures de corvée. Il s’effectue aisément et rapidement puisque tout est à notre portée. Nous pouvons même en ressentir de la satisfaction et de la fierté. N’est-il pas agréable de vivre dans un lieu toujours propre ? Ne ressentons-nous pas un réel bien-être ? Nos espaces ne sont-ils pas plus jolis, plus lumineux ?

Davantage d’énergie

Le désencombrement permet également aux énergies de circuler. Cette considération est propre au Feng Shui, dont nous reparlerons un peu plus loin. Éliminer tout ce qui est superflu permet de purifier l’espace. Il est facile de constater la manière dont nos possessions peuvent nuire à notre psychisme. La matière aspire l’énergie. Trop d’objets, trop de meubles, cela engendre de la fatigue. Nous « déprimons » et sommes souvent incapables d’envisager l’avenir. Nous n’arrivons plus à avancer. En nous séparant de nos possessions superflues, nous permettons à l’énergie de circuler à nouveau et de retrouver de bonnes vibrations. Du coup, nous regagnons en vitalité.

Davantage de belles choses

En nous désencombrant de l’inutile, nos espaces respirent. La clarté règne et nous pouvons, de ce fait, mettre les objets que nous aimons en valeur. Une étagère presque nue fait ressortir un bel objet que nous aimons particulièrement. Lorsqu’il est isolé, il est comme exposé et mis en avant. L’œil est immédiatement attiré par sa présence. Nous pouvons de cette façon avoir un intérieur beaucoup plus esthétique. Il ne s’agit pas de vivre pauvrement, mais, au contraire, de savoir nous entourer de choses qui nous plaisent.

Davantage de bien-être

En nous débarrassant du superflu, nous ne subissons plus notre environnement et nous pouvons ressentir un réel bien-être. Nous habitons dans un lieu qui nous plaît et où nous nous sentons en harmonie. Nous l’avons respecté, de même que nous avons prêté attention à notre nature. Il est aménagé selon notre personnalité et il nous ressemble.

(1) Dominique Loreau, L’Art de l’essentiel. Ed. J’ai Lu, 2009. 
(2) Gilles Lipovetsky, Le Bonheur paradoxal. Essai sur la société d’hyperconsommation. Ed. Gallimard, 2006.


Synthèse

Un ordre retrouvé
En désencombrant nos intérieurs, nous prenons plaisir à vivre dans un endroit ordonné et rangé. L’ordre procure bien-être et calme. Il apaise. Un intérieur clair et ordonné agit de la même façon sur notre psychisme.

La circulation des énergies
Lorsque nous vivons dans un lieu avec peu de meubles et d’objets, les énergies circulent librement. Nous sommes de bonne humeur et allons de l’avant. En revanche, un lieu encombré est pesant. Il nous démoralise et nous nous y sentons fatigués.

Une vie plus facile
Lorsque nous choisissons de désencombrer notre habitation, nos gestes quotidiens sont facilités. Nous retrouvons tous les objets en un clin d’œil. En allégeant nos logements, nous simplifions notre vie. Tout est plus simple et nous faisons des choix plus rapidement.

Un gain de propreté
Vivre dans un lieu plus allégé permet de le nettoyer en profondeur. Quand nos étagères courbaient sous le poids des livres, il était difficile de faire la poussière correctement. Aujourd’hui, parce que nous avons éliminé les trois quarts de nos lectures, nous pouvons même passer un coup de chiffon régulièrement.

Extrait de "Simplifier sa vie"  - Les dossiers de psycho n°3 - Décembre 2010 

dimanche 5 juillet 2015

L'Indice de développement humain (IDH)

L'IDH a été créé pour souligner que les personnes et leurs capacités devraient constituer le critère ultime pour évaluer le développement d'un pays, pas seulement la croissance économique. L'IDH peut également être utilisé pour remettre en question des choix politiques nationaux, en se demandant comment deux pays ayant les mêmes niveaux de RNB par habitant peuvent obtenir des résultats différents en termes de développement humain. Ces contrastes peuvent susciter le débat sur les priorités politiques des gouvernements.


L'indice de développement humain (IDH) est une mesure de synthèse du niveau moyen atteint dans les dimensions clés du développement humain : une vie longue et saine, l'acquisition de connaissances et un niveau de vie décent. L'IDH est la moyenne géométrique des indices normalisés pour chacune des trois dimensions.

La dimension de la santé, évaluée selon l'espérance de vie à la naissance (une composante de l'IDH) est calculée à l'aide d'une valeur minimale de 20 ans et d'une valeur maximale de 85 ans. La composante éducation de l'IDH est mesurée au moyen du nombre d'années de scolarisation pour les adultes âgés de 25 ans et de la durée attendue de scolarisation pour les enfants en âge d'entrer à l'école. La durée moyenne de scolarisation est estimée par l'Institut de statistique de l'UNESCO en fonction des données relatives au niveau d'éducation provenant de recensements et de sondages disponibles dans sa base de données. Les estimations relatives à la durée attendue de scolarisation se basent sur l'inscription par âge à tous les niveaux d'éducation. Cet indicateur est produit par l'Institut de statistique de l'UNESCO. La durée attendue de scolarisation est plafonnée à 18 ans. Les indicateurs sont normalisés à l'aide d'une valeur minimale de zéro et de valeurs cibles maximales de 15 et 18 ans respectivement. Les deux indices sont combinés dans un indice d'éducation à l'aide d'une moyenne arithmétique.

La dimension du niveau de vie est mesurée par le revenu national brut par habitant. La fourchette de variation pour le revenu minimal est de 100 $(PPA) et pour le revenu maximal de 75 000 $(PPA). La valeur minimale du RNB par habitant, fixée à 100 $, est justifiée par la quantité considérable de productions de subsistance et non marchandes non mesurée dans des économies proches de la valeur minimale qui n'apparaît pas dans les données officielles. L'IDH utilise le logarithme du revenu pour refléter l'importance décroissante du revenu avec le RNB croissant. Les résultats pour les trois indices de dimension de l'IDH sont ensuite ajoutés à un indice composite à l'aide de la moyenne géométrique. 

L'IDH ne reflète pas les inégalités, la pauvreté, la sécurité humaine, l'autonomisation, etc. Il existe d'autres indices composites pour une vision élargie de certains des enjeux clés du développement humain, des inégalités, de la disparité entre les sexes et de la pauvreté humaine.

En savoir plus ici

jeudi 2 juillet 2015

Parlez nous du don - Khalil Gibran (1883-1931)

 
Alors un homme riche dit, parlez-nous du don.
Et il répondit:

Vous ne donnez que peu lorsque vous donnez de vos biens.
C’est lorsque vous donnez de vous-même que vous donnez réellement.
Car que sont vos biens sinon des choses que vous conservez par crainte d’en avoir besoin demain?
Et demain, qu’apportera demain au chien trop prudent cachant des os dans le sable mouvant alors qu’il suit les pèlerins vers la ville sainte?
Et qu’est la peur de la misère, sinon la misère elle même?
Et la crainte de la soif devant votre puits plein, n’est elle pas déjà la soif inextinguible?
Il en est qui donnent peu de l’abondance qu’ils ont – et ils donnent pour susciter la reconnaissance, et leur désir secret corrompt leur don.
Il en est qui ont peu et qui le donnent entièrement.
Ceux-ci croient en la vie et dans la bonté de la vie, et leur coffre n’est jamais vide.
Il en est qui donnent avec joie, et cette joie est leur récompense.
Il en est qui donnent avec douleur, et cette douleur est leur baptême.
Il en est qui donnent et ne ressentent ni joie ni douleur et ne sont pas conscient de leur vertu ;
Ils donnent comme dans la vallée là-bas le myrte exhale son parfum dans l’espace.
Par les mains de tels êtres, Dieu parle, et à travers leur regard Il sourit à la terre.
Il est bien de donner lorsqu’on est sollicité, mais il est mieux de donner sans être sollicité, par compréhension ;
Et pour les généreux, rechercher ceux qui recevront est une joie plus grande que le don.
Et est il une chose que vous voudriez refuser?
Tout ce que vous avez sera donné un jour ;
Donnez donc maintenant afin que la saison de donner soit vôtre et non celle de vos héritiers.
Vous dites souvent : « je donnerai mais seulement à ceux qui le méritent. »
Les arbres de vos vergers ne parlent pas ainsi, ni les troupeaux dans vos pâturages.
Ils donnent afin de vivre, car retenir c’est périr.
Sûrement celui qui est digne de recevoir ses jours et ses nuits, est digne de tout recevoir de vous.
Et celui qui est digne de boire à l’océan de la vie mérite de remplir sa coupe à votre ruisselet.
Et y a t-il mérite plus grand que celui qui réside dans le courage et la confiance, oui, dans la charité de recevoir?
Et qui êtes vous pour que les hommes se déchirent la poitrine et se dépouillent de leur fierté, de sorte que vous puissiez voir leur dignité mise à nu et leur fierté exposée?
Voyez d’abord à mériter vous-même d’être donneur et instrument du don.
Car en vérité, c’est la vie qui donne à la vie – alors que vous, qui vous imaginez être donneurs, n’êtes en réalité que témoins.
Et vous qui recevez, et vous recevez tous, n’assumez aucune charge de gratitude, de crainte d’imposer un joug à vous-même et à celui qui donne.
Élevez-vous plutôt avec celui qui donne, prenant ses dons comme si c’étaient des ailes ;
Car être trop soucieux de votre dette, c’est douter de sa générosité qui a la terre magnanime pour mère et Dieu pour père.

Khalil Gibran, Le Prophète (1923)

Écrit en anglais, le Prophète est une œuvre poétique faite d’aphorismes et de paraboles, livrés par un prophète en exil sur le point de partir. Aux grandes questions de la vie, celui-ci livre au peuple qui l’a accueilli pendant douze ans des réponses simples et pénétrantes. Des thèmes universels sont abordés, mais le fil conducteur reste l’amour.

Le Prophète est parfois lu à l’occasion de mariages, essentiellement aux États-Unis. À côté des grandes questions de la vie pratique, comme le mariage ou les enfants, le lecteur découvre la connaissance de soi et la religion, conçue ici comme universelle. Ainsi, ce qui fait le succès du Prophète est son universalisme, apte à en faire le livre de chevet de tout un chacun, emportant l’adhésion par de grandes valeurs comme la liberté, l’amour, le respect de l’autre. En cela, le Prophète est un écrit totalement humaniste.



Khalil Gibran (1883-1931)
Gibran Khalil Gibran figure en bonne place parmi les poètes et peintres issus du Moyen-Orient, grâce notamment à son recueil: Le Prophète. Né au Liban (1883 à Bcharré - 1931 à New York), il a ensuite séjourné en Europe et surtout aux États-Unis où il a passé la majeure partie de sa vie. Chrétien catholique de rite maronite, son Église jugera hérétique son troisième livre, Esprits rebelles (l’appel du prophète), qui sera brûlé en place publique par le pouvoir ottoman en 1908. On l'a souvent comparé à William Blake, et il est appelé par l’écrivain Alexandre Najjar le "Victor Hugo libanais".

1883: Naissance du poète et peintre libanais à Bcharré, village situé dans la "Vallée Sainte" avoisinant les forêts de grands cèdres. Il est baptisé dans la religion chrétienne maronite dont était issue sa mère. Il reçoit son enseignement primaire en arabe et en syriaque.
       
1895: Il émigre aux États-Unis en compagnie de sa mère, son frère et de ses deux sœurs pour s'établir à Boston et ouvrir une épicerie
   
1897: De retour au Liban, il s'installe à Beyrouth pour suivre les cours de la fameuse école de la Sagesse al-Hikmat où l'histoire des religions et le droit international lui sont enseignés.
   
1901: Une série de voyages en Grèce, en Italie et en Espagne le conduisent à Paris où pendant deux années il étudie la peinture et achève son livre Les Esprits Rebelles: cette œuvre protestataire, mal reçue par les autorités turques, est brûlée publiquement.
       
1903: Gibran est rappelé à Boston où décèdent sa mère, son frère et une de ses sœurs de la tuberculose. C'est dans un état de détresse et de détachement qu'il entame une version anglaise du Prophète, œuvre dont il avait déjà esquissé les grandes lignes en arabe dès l'âge de quinze ans et qu'il travaillera jusqu'en 1923.
   
1904: Le quotidien new-yorkais Al-Muhajir, publié en langue arabe, diffuse ses poèmes, récits et essais; ils seront par la suite rassemblés dans le recueil Larmes et Sourires (1914).

1908: Un séjour de deux ans à Paris lui permet d'étudier à l'Académie des beaux arts et de rencontrer de nombreux artistes : Rodin, Debussy, Maeterlinck, Rostand
       
1910: Gibran se fixe définitivement à New York : sa renommée mondiale ne cessera de croître.
   
1916: "Mon peuple est mort", cette citation résume son engagement pour son pays natal qu'il soutient dans sa lutte contre le joug ottoman et la famine.

1920: Gibran est à la tête de "Al-rabiat al-qalamiyyat", cercle littéraire réunissant l'élite du monde arabe émigré aux États-Unis.
       
1923: Publication et succès immédiat de son œuvre longuement mûrie et remaniée : Le Prophète. A son grand regret, sa santé détériorée ne lui permet pas un retour en orient.

1928: Suite à des problèmes de santé, il cherche refuge dans l’alcool, ce qui aggrave son état peu à peu.

1931: Mort le 10 avril dans un hôpital de New York, d’un cancer du foie. Son corps est rapatrié, comme il l’avait demandé, dans le monastère Mar Sarkis, non loin de Bcharré.