dimanche 5 août 2018

Pavane op. 50 - Gabriel Fauré (1845-1924)

Pavane op. 50 en fa dièse mineur est une œuvre symphonique avec chœurs, écrite par Gabriel Fauré en 1887. La partition initiale est écrite pour un petit orchestre comprenant des cordes, deux hautbois, deux flûtes, deux clarinettes, deux bassons et deux cors. La pavane devait être donnée dans une série de concerts donnés par Jules Danbé. Elle est dédicacée à la comtesse Elisabeth Greffuhle. Le musicien ajoute, à la demande de cette dernière, une partie chorale sur un texte de Robert de Montesquiou-Fezensac, cousin de celle-ci. La première a lieu le 25 novembre 1888 par les Concerts Lamoureux sous la direction de Charles Lamoureux.



Gabriel Fauré
Gabriel Fauré est un compositeur français, né à Pamiers le 12 mai 1845 et mort à Paris le 4 novembre 1924.Elève de Saint-Saëns et Gustave Lefèvre à l'École Niedermeyer de Paris, il est d'abord organiste à l'église de la Madeleine à Paris. Il est ensuite professeur de composition au Conservatoire de Paris, puis directeur de l'établissement de 1905 à 1920.

Dès l’âge de neuf ans, il quitte la maison familiale de Pamiers et part à Paris pour étudier à l’École Niedermeyer. Il y étudie onze années avec plusieurs musiciens de premier plan, dont Saint-Saëns. En 1870, Fauré s’engage dans l’armée. Pendant la Commune de Paris, il demeure à Rambouillet et en Suisse, où il enseigne à l'Ecole Niedermeyer qui avait été déplacée. Il retourne à Paris en octobre 1871 et devient organiste titulaire à l’église Saint-Sulpice tout en participant régulièrement au salon de Saint-Saëns et de Pauline Garcia-Viardot. Il y rencontre les principaux musiciens parisiens de l’époque et forme avec eux la Société Nationale de Musique.

En 1874, Fauré remplace à l’Eglise de la Madeleine Saint-Saëns souvent absent. Quand ce dernier prend sa retraite en 1877, Fauré devient chef de chœur. A la même époque, il se fiance avec Marianne Viardot, la fille de Pauline, mais ces fiançailles sont assez vite rompues par Marianne. Déçu, il voyage à Weimar, où il rencontre Liszt.

En 1883, Fauré épouse Marie Fremiet, avec qui il a deux fils. Pour subvenir aux besoins de sa famille, il assure les services quotidiens à l’Eglise de la Madeleine. Durant cette période, il écrit plusieurs œuvres importantes, de nombreuses pièces pour piano et des chansons, mais les détruit pour la plupart après quelques présentations et n’en retient que quelques mouvements pour en réutiliser les motifs.

Dans les années 1890, Il voyage à Venise, où il rencontre des amis et écrit plusieurs œuvres. En 1892, il devient inspecteur des conservatoires de musique en province. En 1896, il est nommé organiste en chef à l’Eglise de la Madeleine et succède à Jules Massenet comme professeur de composition au Conservatoire de Paris. Il enseigne alors à de grands compositeurs comme Maurice Ravel et Nadia Boulanger.

De 1903 à 1921, Fauré est critique au Figaro. En 1905, il succède à Théodore Dubois comme directeur du Conservatoire de Paris. Il est élu à l’Institut de France en 1909. En 1920, à 75 ans, il prend sa retraite du Conservatoire. Gabriel Fauré meurt à Paris en 1924. Des funérailles nationales eurent lieu à l’Eglise de la Madeleine. Il est inhumé au Cimetière de Passy à Paris.

Avec Debussy, Ravel, Satie et Saint-Saëns, Gabriel Fauré est l'un des grands musiciens français de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.

vendredi 3 août 2018

Hannah Arendt (1906-1975)

Hannah Arendt (1906-1975)
Hannah Arendt, née Johanna Arend est une philosophe allemande naturalisée américaine, connue pour ses travaux sur l’activité politique, le totalitarisme et la modernité. Née en Allemagne à Hanovre en 1906, Hannah n'était qu'une enfant lorsque son père meurt. ingénieur de formation, il avait étudié avec passion les auteurs classiques Grecs et Latins. Sa mère pratiquait le français et la musique, tous deux étaient persuadés de la nécessité d'éduquer les jeunes filles

De 1924 à 1929 elle suit des études secondaires, durant lesquelles elle montre une précocité extrême en philosophie,puis elle effectue ses études supérieures. Elle est successivement élève de Husserl, de Heidegger et de Jaspers. Sous sa direction elle soutient son doctorat sur "le concept d'amour chez Saint Augustin".

De 1929 à 1931 naît à travers d'évènements douloureux chez cette jeune femme, la conscience de son identité juive. Elle est arrêtée par la Gestapo. 

Elle en réchappera miraculeusement. Suivent d'amères déceptions relatives à l'attitude de nombreux amis, en particulier, celui qui demeurera jusqu'à la fin de sa vie son maître et son amant, Martin Heidegger.

De 1931 à 1939 Elle réside à Paris. Au contact d'intellectuels de l'époque, Sartre, Raymond Aron, Stéphan Zweig, Bertolt Brecht, elle milite dans des organisations sionistes et facilite le départ vers la Palestine de nombreuses personnes. Après des séjours dans les kibboutz, elle revient émerveillée mais préoccupée par l'aveuglement des sionistes vis à vis de la question arabe. Elle rencontre à Paris Heinrich Blücher qui deviendra quelques années plus tard son second mari, il sera le révélateur de sa passion pour la philosophie politique.

De 1940 à 1945. Elle fuit le régime de Vichy après avoir été internée quelques semaines suite à la rafle du "Vel' d'Hiv", elle émigre au Etats Unis avec sa mère et son mari. A la faveur des connaissances qu'elle avait acquises sur le comportement de la Droite française, elle publie une étude sur L'Affaire Dreyfus. C'est dans cette période qu'elle s'interroge, rédige de nombreux articles et propose d'autres solutions que la création d'un état juif excluant les arabes.

Dès 1943 elle a connaissance avec Blücher de "la solution finale" à laquelle elle ne veut pas croire.

De 1945 à 1948 elle travaille à ses premiers ouvrages fondamentaux dont "L'origine du totalitarisme", dirige la
commission pour la renaissance de la culture juive en Europe et travaille au côté des existentialistes.

1948 marque un tournant dans sa vie car elle retourne en Europe sans cacher sa joie d'entendre de nouveau parler la langue allemande. Elle retrouve Heidegger qu'elle n'abandonnera jamais malgré l'engagement momentané de celui-ciau côté des nazis.

A partir de 1951 elle est déclarée citoyenne américaine et publie les origines du totalitarisme, ouvrage passionné où elle tente de savoir "ce qui s'était passé, pourquoi cela s'était passé et comment cela avait-il pu se passer". Elle y démontre le caractère inédit du phénomène totalitaire, révélation d'un mal absolu dont la cause tient dans l'existence de crimes non punissables autant qu'impardonnables.

1952 marque l'année de sa rupture avec la politique de l'état hébreux, suite aux massacres de Kybia.

De 1953 à 1958 elle donne de nombreuses conférences dans les plus prestigieuses universités qui seront reprises dans des ouvrages comme "la crise de la culture", "la condition de l'homme moderne" et "l'essai sur la révolution". Elle critique au cours de ces années à la fois le Marxisme et la société américaine qui favorisent les écarts entre la pauvreté des uns et la richesse des autres.

De 1958 à 1961 outre de nombreuses interventions à l'Université de Berkeley dont elle ne conserve que l'idée douloureuse de l'obligation de parler 5 fois par semaine devant un public. Elle publie de nombreux ouvrages regroupés maintenant dans l'introduction de la "condition de l'homme moderne" ainsi que des essais sur la pensée de Tocqueville, "toute époque moderne demande une nouvelle politique". C'est au cours de ces années qu'elle achève, "La condition de l'homme moderne" qui interroge l'oeuvre le travail et l'action puis l'ouvrage intitulé: "La vie d'une juive allemande" commencé dès 1928.

En 1961 elle demande à couvrir, pour un journal new yorkais, le procès d'Adolf Eichmann. Le récit de ce procès donne naissance à un livre très controversé :"un procès à Jérusalem, rapport sur la banalité du mal". Elle expose dans cet ouvrage des idées personnelles sur la responsabilité des bourreaux et des victimes, sur la responsabilité des comités juifs. Elle déclare par exemple : "Eichmann n'est pas un Richard III, il ne lui serait jamais venu à l'idée de faire le mal par principe". Elle affirme que son seul crime est de ne pas avoir pensé qu'il faisait le mal et que, dans un monde privé de repères, bien des hommes sont dans l'incapacité de distinguer le bien du mal. Ces écrits déclenchent des réactions d'une rare violence de la part de la communauté juive internationale. Accusée par certains d'avoir des faiblesses pour des nazis (rejaillit alors à la surface sa liaison avec Heidegger), elle est victime d'une véritable cabale internationale. Pour celle qui déclare quelques années plus tard que "toute catastrophe liée à l'état d'Israël m'affecterait plus que tout au monde", l'incompréhension aveugle dont elle fait l'objet la marque jusqu'à la fin de sa vie. La complexité de sa pensée rend simple toute interprétation politiquement facile. Beaucoup de ses détracteurs trouvent dans cette simplification une méthode efficace pour réduire celle qui fut l'analyste majeure de la pensée politique de notre siècle au rang d'exégète d'une pensée politique romantique.

En 1968 elle publie "la crise de la culture", huit exercices de pensée politique dédiés à son maître Blücher dans lesquels elle se demande:"comment penser dans la brèche laissée par la disparition de la tradition entre le passé et le futur".

De 1968 à 1975 outre de nombreuses conférences, elle publie des articles sur l'analyse de la pensée politique, sur Emmanuel Kant dans sa "critique de la façon de juger". Elle ne terminera jamais son dernier livre majeur,"La vie de l'esprit" dont le titre traduit bien les orientations nouvelles de sa pensée vers une analyse plus approfondie de la métaphysique domaine privilégié des philosophes.

Elle meurt le 4 Décembre 1975 à New York, une année avant son maître Heidegger. Lors des obsèques, son ami Hans Jonas après avoir prononcé le kaddish lui dira : "Avec ta mort tu as laissé le monde un peu plus glacé qu'il n'était."

Hannah Arendt - Interview à New York (1973) dans le cadre de l'émission Un Certain Regard

Principaux ouvrages

- Les origines du totalitarisme
- La crise de la Culture
- La condition de l'Homme Moderne
- Eichmann à Jérusalem
- L'essai sur la révolution
- La vie de l'esprit

La pensée de Hannah Arendt


La pensée d'Hannah Arendt est avant tout une nouvelle conception de l'action politique, développée dans Condition de l'homme moderne et La Crise de la culture. Loin des traditionnels liens établis entre théorie et pratique, selon lesquels il s'agirait de comprendre le monde pour ensuite le transformer, elle pense l'espace public comme un lieu fait de fragilité car continuellement soumis à la natalité, c'est-à-dire à l'émergence de nouveaux événements.

Elle a tout à la fois étudié les conditions historiques de disparition d'un tel espace public (en particulier dans Condition de l'homme moderne avec la question de la sécularisation et de l'oubli de la quête d'immortalité), et les événements qui indiquent de nouvelles possibilités (en particulier dans son Essai sur la révolution). Son analyse de l'espace public repose sur la distinction conceptuelle entre le domaine privé et le domaine public, chacune des principales activités de l'homme devant être bien localisée:

*Le travail doit rester dans le domaine privé, sous peine que la vie de l'homme devienne une quête d'abondance sans fin. Cette critique de la société de consommation et cette invitation à l'auto-limitation du travail préfigure l'écologie politique et les notions de simplicité volontaire et de décroissance.

*L'œuvre doit être créée en privé avant d'être exposée publiquement : c'est ainsi qu'elle crée un monde dans lequel l'action peut prendre place. Ce point, développé dans Condition de l'homme moderne, explique qu'Hannah Arendt dénonce la massification de la culture et la transformation de l'art en objets de consommation dans son célèbre essai sur La crise de la culture.

*Les actes et les paroles méritent d'apparaître en public pourvu que l'auteur les laisse dévoiler qui il est. Il ne faut pas concevoir la liberté comme une souveraineté: il ne faut pas chercher à maîtriser toutes les conséquences de ses actes. Hannah Arendt invite au contraire à assumer la fragilité de l'espace public, à rester sensible à la natalité, aux événements qui surgissent. D'où l'intérêt d'Hannah Arendt pour les révolutions spontanées (Essai sur la révolution) comme La Commune ou la révolution hongroise: "Dans les conditions de vie modernes, nous ne connaissons donc que deux possibilités d’une démocratie dominante : le système des partis, victorieux depuis un siècle, et le système des conseils, sans cesse vaincu depuis un siècle".

Arendt souhaitait penser son époque, et elle s'est ainsi intéressée au totalitarisme. Son analyse continue à faire autorité, à côté de celle, différente et plus descriptive, de Raymond Aron. Dans le livre Les Origines du totalitarisme elle met sur le même plan stalinisme et nazisme, contribuant ainsi à systématiser le nouveau concept de « totalitarisme ». Certaines de ses analyses comme par exemple celles sur la « république plébiscitaire », sur le rôle de la « populace », sur la « société de masse » comme vivier du totalitarisme, sur le fascisme, sont aujourd'hui contestées par l'historiographie actuelle.

Dans son chapitre de L’Impérialisme sur les « perplexités des droits humains », elle démontre le processus qui identifia les droits de l’homme à l’identité nationale, les États excluant de ces droits les non-nationaux.

Bien qu'elle ait travaillé de nombreuses années au sein d'une organisation sioniste (lors de son séjour à Paris), Hannah Arendt évolua progressivement au sujet d'Israël, et exprima son opposition constante à tout enfermement nationaliste. Elle était favorable à un État fédéral mixte judéo-arabe.

Ses réflexions sur l'action ne l'ont pas empêchée de s'interroger sur le rôle de la pensée, en particulier dans La Vie de l'esprit : il ne s'agit plus d'une vita contemplativa, censée permettre d'accéder à la vérité avant de décider comment agir. La pensée a un rôle purgatoire : elle est l'occasion de se retirer du monde, de s'en rendre spectateur. C'est en restant ainsi dans le domaine privé qu'il est possible d'utiliser la volonté pour décider ce qui est bien et ce qui est mal (ce qui peut donner lieu à la méchanceté, au mal radical). Mais c'est surtout par cette purgation par la pensée, qu'il est possible face à un événement dans le domaine public de faire preuve de discernement, de juger ce qui est beau et ce qui est mal (et c'est faute d'un tel jugement que peut apparaître la banalité du mal comme dans le cas d'Eichmann). Pour Hannah Arendt, la pensée la plus haute n'est pas celle qui se réfugie dans la contemplation privée, mais celle qui, après la pensée purgatrice et la volonté légiférante, s'expose dans la domaine public en jugeant les événements, en faisant preuve de goût dans ses paroles et ses actions.

Citations de Hannah Arendt

"La société de masse ne veut pas la culture mais les loisirs."

"Le tiers monde n'est pas une réalité mais une idéologie."
Extrait de Du mensonge à la violence

"C'est justement pour préserver ce qui est neuf et révolutionnaire dans chaque enfant que l'éducation doit être conservatrice, c'est-à-dire assurer "la continuité du monde".
Extrait de La Responsabilité

"Si tu réussis à paraître devant les autres ce que tu souhaiterais être, c'est tout ce que peuvent exiger de toi les juges de ce monde."
Extrait d' Essai sur la révolution

"C'est dans le vide de la pensée que s'inscrit le mal."

"Le progrès et la catastrophe sont l'avers et le revers d'une même médaille."

"Aimer la vie est facile quand vous êtes à l'étranger. Là où personne ne vous connaît, vous tenez votre vie entre vos mains, vous êtes maître de vous-mêmes plus qu'à n'importe quel moment."
Extrait de Rahel Varnhagen

"La principale caractéristique de l'homme de masse n'est pas la brutalité ou le retard mental, mais l'isolement et le manque de rapports sociaux normaux."
Extrait de Les Origines du totalitarisme : le système totalitaire

"Les mouvements totalitaires avaient moins besoin de l'absence de structure d'une société de masse, que des conditions spécifiques d'une masse atomisée."
Extrait de Les Origines du totalitarisme : le système totalitaire

"Les mouvements totalitaires sont des organisations massives d'individus atomisés et isolés."
Extrait de Les Origines du totalitarisme : le système totalitaire

"L'absence ou le mépris du programme n'est pas nécessairement un signe de totalitarisme."
Extrait de Les Origines du totalitarisme : le système totalitaire

"Sans les masses, le chef n'existe pas."
Extrait de Les Origines du totalitarisme : le système totalitaire

"Ce que voulait la populace, c'était d'accéder à l'histoire, même au prix de l'auto-destruction."
Extrait de Les origines du totalitarisme : le système totalitaire

"Ce qui séduisait l'élite, c'était l'extrémisme en tant que tel."
Extrait de Les Origines du totalitarisme : le système totalitaire

"Aucune philosophie, aucune analyse, aucun aphorisme, aussi profonds qu'ils soient ne peuvent se comparer en intensité, en plénitude de sens, avec une histoire bien racontée."
   
"Il faudrait bien comprendre que le rôle de l'école est d'apprendre aux enfants ce qu'est le monde, et non pas leur inculquer l'art de vivre."

"Les mots justes trouvés au bon moment sont de l'action."

"La pensée naît d'événements de l'expérience vécue et elle doit leur demeurer liée comme aux seuls guides propres à l'orienter. Pour être confirmé dans mon identité, je dépends entièrement des autres."