Jamais vous ne pourrez vous voir vous-même dans un miroir. Un miroir peut être utile à votre toilette, voire indispensable, mais ce n'est pas dans un miroir que vous trouverez la révélation de vous-même. Vous ne pouvez pas vous regarder priant dans un miroir, vous ne pouvez pas vous voir comprenant dans un miroir. Votre vie profonde, celle par laquelle vous vous transformez vous-même, c'est une vie qui s'accomplit dans un regard vers l'autre.
Dès que le regard revient vers soi, tout l'émerveillement reflue et devient impossible. Quand on s'émerveille, c'est qu'on ne se regarde pas. Quand on prie, c'est qu'on est tourné vers un autre ; quand on aime vraiment, c'est qu'on est enraciné dans l'intimité d'un être aimé. Il est donc absolument impossible de se voir dans un miroir autrement que comme une caricature si l'on prétendait y trouver son secret.
La vie profonde échappe à la réflexion du miroir ; elle ne peut se connaître que dans un autre et pour lui. Quand vous vous oubliez parce que vous êtes devant un paysage qui vous ravit, ou devant une œuvre d'art qui vous coupe le souffle, ou devant une pensée qui vous illumine, ou devant un sourire d'enfant qui vous émeut, vous sentez bien que vous existez, et c'est même à ces moments-là que votre existence prend tout son relief, mais vous le sentez d'autant plus fort que justement l'événement vous détourne de vous-même. C'est parce que vous ne vous regardez pas que vous vous voyez réellement et spirituellement, en regardant l'autre et en vous perdant en lui. C'est cela le miracle de la connaissance authentique. Dans le mouvement de libération où nous sortons de nous-mêmes, où nous sommes suspendus à un autre, nous éprouvons toute la valeur et toute la puissance de notre existence...
Dans ce regard vers l'autre, nous naissons à nous-mêmes.
Maurice Zundel
Maurice Zundel
Vénus à son Miroir - Diego Velazquez (1649-51), Huile sur toile, 122,5x177cm National Gallery, Londres |
Maurice Zundel (1897-1975) |
Prêtre suisse né en 1897, Maurice Zundel a été un prédicateur itinérant peu connu de son vivant, mais dont les enregistrements rassemblés par le Père Bernard de Boissière, connurent après sa mort un rayonnement important. Ils sont diffusés notamment par l'association "Les amis de Zundel" et par Paul Debains. Zundel prêcha une retraite de carême au Vatican en février 1972. Paul IV lui demanda de la mettre par écrit, ce qui lui prit beaucoup de ses dernières énergies. Maurice Zundel est mort en 1975.
Une des phrases préférées de Maurice Zundel était cette phrase de Saint-Augustin, extraites des confessions: " Trop tard je T'ai aimée, Beauté toujours ancienne et toujours nouvelle, trop tard je T'ai aimée et pourtant Tu étais dedans mais moi j'étais dehors ! Et, sans beauté, je me ruais vers ces beautés que tu as faites. Tu étais toujours avec moi, mais moi je n'étais pas avec Toi ! "
Une des phrases préférées de Maurice Zundel était cette phrase de Saint-Augustin, extraites des confessions: " Trop tard je T'ai aimée, Beauté toujours ancienne et toujours nouvelle, trop tard je T'ai aimée et pourtant Tu étais dedans mais moi j'étais dehors ! Et, sans beauté, je me ruais vers ces beautés que tu as faites. Tu étais toujours avec moi, mais moi je n'étais pas avec Toi ! "
Maurice Zundel nous montre admirablement que l'on est étranger à soi-même, que l’on n’arrive jamais à joindre son âme, que l’on est extérieur à sa propre intimité, alors que " l’on se trouve en se quittant, que l'on devient soi en se vidant de soi, que pour être quelqu'un, en un mot, il faut cesser d'être quelque chose. " … et " c'est en Toi, qui étais dedans, que je suis devenu moi-même. "
"Le savant, l'homme de laboratoire, le chimiste, qui interroge l'Univers, s'il ne pense qu'à faire de l'argent, s'il s'amuse, s'il n'a aucun respect de la vie, peut réussir des expériences mais ne pourra jamais connaître la Vérité. Pour connaître la Vérité, il faut appliquer la grille du respect et de l'amour: quand un homme cherche dans la lecture, il n'est pas seul, quand un homme cherche dans son laboratoire, il n'est pas seul!
"Le savant, l'homme de laboratoire, le chimiste, qui interroge l'Univers, s'il ne pense qu'à faire de l'argent, s'il s'amuse, s'il n'a aucun respect de la vie, peut réussir des expériences mais ne pourra jamais connaître la Vérité. Pour connaître la Vérité, il faut appliquer la grille du respect et de l'amour: quand un homme cherche dans la lecture, il n'est pas seul, quand un homme cherche dans son laboratoire, il n'est pas seul!
A travers l'expérience qu'il fait, il n'est pas seul, il y a une Pensée, une Présence, une Intelligence, une Lumière qui l'appelle. Il doit faire le vide en soi, il doit se purifier pour découvrir la Vérité. Alors, peu à peu, à travers ses calculs et ses mesures, à travers son microscope, son télescope, ses dissections atomiques, il va être en contact et en dialogue avec Quelqu'un, et la Vérité, ce sera cette Présence d'amour qui lui permettra de dépasser le laboratoire, les calculs et les observations pour dialoguer à travers eux avec la Lumière qui commence à illuminer son intelligence et à lui faire comprendre que l'Univers est en avant de lui, que l'Univers est imparfait, inachevé, qu'il n'existera finalement que lorsqu'il aura fermé l'anneau d'or des fiançailles éternelles, donné le complément et le supplément de son oui, le supplément et le complément de son amour." Maurice Zundel
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