samedi 14 mai 2011

Peinture 1946 - Francis Bacon (1909-1992)

Il arrivait à Bacon de commencer une toile avec une certaine intention, puis il se laissait entraîner par la nature de la trace sur la toile et aboutissait à un résultat tout à fait différent. 

Francis Bacon - Painting (1946), huile et pastel sur toile, 197,8 x 132,1 cm, Museum of Modern Art, New York
 
L'exemple classique est "Peinture 1946" qu'acheta Alfred Barr, pour le Museum of Modern Art de New York, à Erica Brausen en 1948. Bacon commença par peindre ce qu'il croyait être un chimpanzé dans l'herbe haute, continua en s'essayant avec un oiseau de proie atterrissant dans un champ, et presque involontairement termina par une toile monumentale - une des rares où il arrive presque à réaliser toutes ses intentions et où trois de ses préoccupations sont mystérieusement rassemblées: la guerre, la viande et le dictateur. 

Ce tableau présente pour la première fois des éléments qui réapparaîtront ensuite très souvent: des meubles tubulaires, une sorte de tapis turc d'un rouge chaud, des stores à cordes tombantes. Les deux moitiés de boeuf forment une figure en croix; le parapluie appartient à la panoplie surréaliste. La bouche sans visage sera familière à tous ceux qui ont vu dans les archives ou les livres des photos d'actualités sur Mussolini.

Bacon allait reprendre plus tard tous ces éléments isolés ou combinés, souvent avec un effet plus unifié; mais cette Peinture 1946 a l'avantage de nous révéler une nature puissante qui, luttant pour parvenir à une expression complète, ajoute, embellit, double constamment la mise, risque le chaos, lance assez d'idées pour une demi-douzaine de tableaux.

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