Aquarelle de Lolo de Lisle |
L'homme est un être doué de liberté et de raison ; le premier usage, l'usage essentiel qu'il doit et peut faire de sa liberté, c'est de se servir de cette faculté éminente, la raison.
La raison lui permet de se rendre compte de tous les ordres de faits, d'idées ou de sentiments, de discuter, contrôler et vérifier tout système, toute croyance, toute institution: c'est là la véritable liberté de pensée.
La liberté de penser est "le droit pour tout esprit humain de remplir sa fonction d'esprit" ; elle est une méthode d'investigation et de recherche.
Cette recherche de la vérité par chaque individu, le libre effort de chacun dans cette voie ne doit jamais être entravé.
A quoi lui servirait la raison ? Il a le devoir de contrôler ses pensées, d'examiner librement les doctrines et les idées qu'on lui propose: sur quoi sont-elles fondées ? Libre et raisonnable, l'homme doit tendre au progrès; il ne peut, sans se dégrader, sans abdiquer, enchaîner sa pensée sous le joug d'un autre.
Qui osera violenter ma pensée ? De quel droit ? Du droit de la vérité que possède mon semblable ? Sa vérité? N'est-il pas un homme comme moi ? Sa raison lui démontre la vérité de ce principe, et la mienne m'en démontre la fausseté.
Ma pensée, dans mon for intérieur, échappe à l'empire des hommes. Je suis toujours libre de penser ce que je veux; mais elle leur est soumise dans ses manifestations extérieures, la parole et les écrits qui servent à la propager et à la répandre.
La coutume, les traditions, le legs du passé peuvent faire naître dans notre esprit les préjugés, la prévention, la haine contre le novateur assez hardi pour troubler notre quiétude d'esprit. Ainsi s'expliquent les persécutions contre les inventeurs, contre les philosophes, contre tous ceux qui par l'initiative de la pensée tendent à déranger l'ordre établi, et, par cela même, présumé le meilleur.
De leur côté, l'État et la société ne sont pas disposés à laisser émettre librement des idées qui tendraient à les ruiner et à les dissoudre. C'est ainsi que l'apologie du meurtre, du vol semble aussi coupable que l'acte lui-même. On étend par suite la répression de l'acte à la théorie même qui incite à le commettre: en ce sens toute parole est un acte.
La pensée libre doit tout examiner sans parti pris, et sans autre intention que de travailler au bien de l'Humanité.
Gustave Chatel, professeur agrégé au Lycée de Rennes
Lectures Morales,
A quoi lui servirait la raison ? Il a le devoir de contrôler ses pensées, d'examiner librement les doctrines et les idées qu'on lui propose: sur quoi sont-elles fondées ? Libre et raisonnable, l'homme doit tendre au progrès; il ne peut, sans se dégrader, sans abdiquer, enchaîner sa pensée sous le joug d'un autre.
Qui osera violenter ma pensée ? De quel droit ? Du droit de la vérité que possède mon semblable ? Sa vérité? N'est-il pas un homme comme moi ? Sa raison lui démontre la vérité de ce principe, et la mienne m'en démontre la fausseté.
Ma pensée, dans mon for intérieur, échappe à l'empire des hommes. Je suis toujours libre de penser ce que je veux; mais elle leur est soumise dans ses manifestations extérieures, la parole et les écrits qui servent à la propager et à la répandre.
La coutume, les traditions, le legs du passé peuvent faire naître dans notre esprit les préjugés, la prévention, la haine contre le novateur assez hardi pour troubler notre quiétude d'esprit. Ainsi s'expliquent les persécutions contre les inventeurs, contre les philosophes, contre tous ceux qui par l'initiative de la pensée tendent à déranger l'ordre établi, et, par cela même, présumé le meilleur.
De leur côté, l'État et la société ne sont pas disposés à laisser émettre librement des idées qui tendraient à les ruiner et à les dissoudre. C'est ainsi que l'apologie du meurtre, du vol semble aussi coupable que l'acte lui-même. On étend par suite la répression de l'acte à la théorie même qui incite à le commettre: en ce sens toute parole est un acte.
La pensée libre doit tout examiner sans parti pris, et sans autre intention que de travailler au bien de l'Humanité.
Gustave Chatel, professeur agrégé au Lycée de Rennes
Lectures Morales,
programme officiel du 31 Mai 1902 à l'usage des élèves de classes de troisième. (1905)
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