mardi 30 juin 2020

L’âme et Dieu - Jean Jaurès (1859-1914)

Je n’ai jamais bien compris, je l’avoue, la comparaison fameuse dans laquelle Kant rapproche la révolution intellectuelle accomplie par lui de la révolution astronomique accomplie par Copernic ; car Copernic a précipité la terre, jusque là immobile, dans le système mouvant de l’infini.

Elle n’est donc intelligible et réelle depuis Copernic que par l’infini et celui qui accomplirait, en philosophie, une révolution analogue à celle de Copernic serait celui qui, au lieu de s’appuyer tout d’abord sur le moi présumé immobile, ferait entrer le moi dans le système vivant de la conscience infinie.

Car enfin: ou bien, lorsqu’il soumet les choses à la législation du sujet pensant, Kant entend par là le moi humain, et alors il fait tourner l’infini autour de la terre, il va au rebours de Copernic ; ou bien il entend, par le sujet pensant, la pensée et la conscience absolue, avec ses conditions et ses lois d’unité auxquelles les choses se soumettent ; et alors c’est l’absolu lui-même sous la forme de la conscience et de la pensée ; c’est l’infini, c’est Dieu. Et cela revient à dire tout simplement que c’est autour de Dieu que tourne le monde, que Dieu est le centre véritable de l’univers…

Et aujourd’hui, de même que nous ne pouvons observer l’infini sans la terre et comprendre la terre sans l’infini, nous ne pouvons connaître Dieu sans le moi et comprendre notre moi sans Dieu.

Il n’y a pas d’effort d’abstraction qui puisse isoler la terre de l’infini ; il n’en est point qui puisse isoler le moi humain de Dieu.

Mais ce n’est pas à un centre physique et grossier d’attraction que la terre est soumise, c’est à un centre idéal et divin qui est présent et agissant en elle, comme il est présent et agissant partout. En sorte que, par sa soumission à l’infini, la terre redevient centre, en un sens plus haut ; elle n’est pas subordonnée à une autre partie du monde ; elle est libre en Dieu et par Dieu.

De même, le moi humain ne relève pas de la conscience divine comme d’un autre moi particulier et déterminé. Le moi humain n’est pas la conscience absolue, mais la conscience absolue est en lui comme elle est partout.

C’est la superstition philosophique ou religieuse qui fait de Dieu un autre moi particulier et clos, analogue et extérieur au nôtre et dont le nôtre serait esclave, comme c’était la superstition astronomique qui faisait d’une partie du monde, la terre analogue et extérieure aux autres parties du monde, le centre dont tout dépendait. Rendre à l’univers son immensité, c’est affranchir tous les astres qui se meuvent en lui ; rendre à Dieu son immensité, c’est affranchir toutes les consciences qui se meuvent en lui.

Dieu est une conscience infinie dont le centre est partout et la circonférence nulle part.

L’insuccès de tous les penseurs qui ont prétendu étudier d’abord le moi sans Dieu ou avant Dieu, et la grossièreté des superstitieux qui font de Dieu je ne sais quel objet matériel et fini, extérieur à la conscience et étranger à l’activité du moi, nous avertissent de ne point séparer le moi et Dieu ; et puisque Dieu s’exprime et se manifeste dans le monde, dans l’espace, dans le mouvement, dans la sensation, il nous faut aussi, pour comprendre la conscience, accepter le monde, expression de Dieu.
  

jeudi 25 juin 2020

L’intérêt général

L'expression "intérêt général" désigne les intérêts, valeurs ou objectifs qui sont partagés par l'ensemble des membres d'une société. Elle correspond aussi à une situation qui procure un bien-être à tous les individus d'une société.

L’intérêt général, ou intérêt public, est une notion qui désigne la finalité des actions ou des institutions qui intéressent l'ensemble d'une population.

En politique, l’intérêt général ou intérêt public est une notion qui décrit la finalité de l'action de l’État au niveau d'un pays sans qu'il soit nécessaire d'en définir le contenu exact. Il peut être à la fois la somme des intérêts particuliers et un intérêt spécifique à la collectivité qui transcende les intérêts des individus. Pour les partisans de l'utilitarisme, la recherche de l'intérêt général consiste à maximiser le bonheur individuel du plus grand nombre des membres d'une société.

En France, l'intérêt général n'a pas de réelle valeur constitutionnelle. C'est une notion floue et mal définie. Il est néanmoins le fondement du droit public qui en définit le cadre et notamment ses corollaires comme l'utilité publique, l'ordre public, le domaine public, les services publics... L'action administrative trouve sa justification et sa finalité dans la recherche de l'intérêt général et s'exerce dans le respect de celui-ci et sous le contrôle de la justice.

L'intérêt général s'apprécie à l'échelle d'une communauté ; l'intérêt public se fonde sur le droit public d'un pays ou d'une République.

L'intérêt public apparaît dans les débats de la Révolution française, au cours de laquelle il tend à remplacer la notion plus ancienne d'utilité publique. Il est, par définition, défendu par les différentes branches de l'autorité de l'État (Santé, Instruction publique, Environnement, Sécurité…), représentées en justice par le ministère public. La fonction de ce dernier est d'intervenir dans des actions existantes, ou d'engager des actions nouvelles au nom de l'intérêt public, dans des causes pour lesquelles il n'y a pas d'intérêt particulier à agir.

L’intérêt général est central dans les débats politiques, économiques, en particulier parce qu'il justifie l'existence de services publics, des actions publiques, des lois et règlements d'ordre public, ainsi que des expropriations et des nationalisations. Il met en jeu la finalité même du gouvernement, aussi bien au niveau des communes que du pays dans son entier.

Le caractère abstrait et imprécis de l'intérêt général peut entraîner des dérives en cas d'utilisation abusive et conduire à une limitation des libertés publiques.



"L'intérêt du plus grand nombre l'emporte sur l'intérêt d'un seulSpock,  Star Trek, Sagesse Vulcaine.
 
Spock (Leonard Nimoy), Star Trek
Star Trek est un univers de science-fiction créé par Gene Roddenberry dans les années 1960 qui regroupe six séries télévisées, onze longs métrages (le dernier est sorti le 6 mai 2009), des centaines de romans et des dizaines de jeux vidéo, ainsi qu’une fanfiction importante (des nouvelles ou des romans écrits par les fans). 

Elle est aussi une franchise de télévision et de cinéma appartenant à Paramount Pictures, propriété de la compagnie CBS. 

L'ensemble des séries télévisées à elles seules est considéré comme l'un des plus grands phénomènes culte des temps modernes.

mercredi 10 juin 2020

Fable de l'homme invisible - Jacqueline Held (1936-)



C'était un homme... un homme...
Peu contrariant, aimable
Et surtout
Infiniment adaptable.
Prêt à tout
Pour n'avoir pas d'ennuis.
Un caméléon fait homme,
En somme.
Verts sur l'herbe et bleu sur le ciel,
Chanter lui était habituel...
Une pancarte sur son chemin:

AVIS A TOUS LES HUMAINS:
"Interdit aux hommes de toutes les couleurs
Même blancs."

Il poussa, força, se ratatina
S'efforçant tant
Qu'il devint transparent...
S'évapora tout simplement
Et disparut dans le néant.

Moralité: Sois ce que tu es, graine d'ombre ou poisson de l'aube, Sois ce que tu es.



Jacqueline Held (1936-)
Jacqueline Held, née en 1936 à Poitiers est une poète et conteuse française.
Oprheline de père, Jacqueline Held vit en Limousin son enfance. Très tôt elle écrit des contes et des poèmes. Son premier roman, Le chat de Simulonbula reçoit le grand prix de littérature de jeunesse. Suit une importante production récompensée par diverses distinctions. Elle écrit également des recueils de poèmes pour adultes, parfois en collaboration de son mari, Claude Held. Jacqueline et Claude vivent dans l'Orléanais.

Seuls ou ensemble, ils ont écrit des livres qui s'adressent tout autant à l'adulte qu'à l'enfant. Ils ont exploré, en littérature de jeunesse, des domaines aussi variés que la poésie, le théâtre, le roman, le conte et l'album. Lors de nombreuses rencontres à l'école, en bibliothèque, ils font partager à leurs lecteurs le plaisir de découvrir, et de redécouvrir sa propre langue.