dimanche 31 mars 2019

Platon (-428/-348)

Platon - détail de "L'École d'Athènes" par Raphaël
Né vers la fin de l'âge d'or d'Athènes, Platon appartenait à une famille aristocratique. Il semble que son véritable nom ait été Aristoclès, Platon n'étant qu'un surnom signifiant «large d'épaules».

Aristote nous dit que Platon fut l'élève de Cratyle, qui lui-même avait étudié auprès d'Héraclite. Il devint l'élève de Socrate, qui demeura son ami et son maître jusqu'à son exécution (Platon avait alors une trentaine d'années). Nous ignorons s'il commença à écrire ses dialogues avant ou après la mort de Socrate. En fait, la chronologie des dialogues de Platon demeure un sujet de débats.

Après le procès et l'exécution de Socrate, Platon, révolté, quitta Athènes. La légende veut qu'il se rendit en Égypte., puis à Mégare (Sicile), où il rencontra les derniers pythagoriciens, et il noua des relations importantes à Syracuse. 

De Mégare, il retourna à Athènes et, peu de temps après, il fonda une école avec le mathématicien Théétète dans les faubourgs de la ville. Elle était située sur un terrain dont il avait hérité dans un quartier appelé l'Académie, c'est pourquoi on lui donna ce nom. On y enseignait une grande variété de sujets, des mathématiques à la biologie, de la philosophie à l'astronomie, aussi n'est-il pas exagéré de la considérer comme la première université européenne. Désireux d'éclairer l'action politique par la pensée philosophique, Platon se rendit deux fois en Sicile pour conseiller Denys, le nouveau tyran de Syracuse, mais l'expérience tourna au désastre. Il passa le reste de sa vie à écrire et à enseigner.

Les écrits de Platon ont tous la forme d'un dialogue, à l'exception de treize lettres, dont l'authenticité est encore incertaine, et de l'Apologie de Socrate, composée des trois discours de Socrate devant le tribunal. Socrate est le personnage principal de la plupart des dialogues. Il est présenté en train de discuter avec toutes sortes de gens, dont beaucoup ont réellement existé, par exemple Théétète, Parménide et Zénon, ou encore les frères de Platon, Glaucon et Adimante. Ces dialogues sont d'une longueur et d'une complexité très variables, mais ils sont toujours vivants et d'un grand intérêt philosophique.

Les spécialistes divisent les dialogues en trois groupes, ceux du début, ceux du milieu et ceux de la fin. Dans la plupart des cas, il est aisé de situer tel dialogue dans ce schéma, mais il y a des dialogues dont la datation est incertaine. Néanmoins, ce classement donne une idée du développement de la pensée de Platon depuis les dialogues du début qui présentent une image assez fidèle de Socrate jusqu'à ceux où Platon fait de son maître le porte-parole de ses propres conceptions.

Epistémologie

Quand on aborde la pensée de Platon, il vaut mieux commencer par sa conception de la connaissance et de l'opinion. La connaissance, dit-il, ne peut porter que sur des vérités éternelles et immuables; des réalités quotidiennes et temporaires, nous ne pouvons avoir que des opinions vraies - qui peuvent d'ailleurs être très utiles - mais non pas de connaissance. La connaissance véritable ne vient pas de l'apprentissage mais de la réminiscence. Nos âmes traversent un cycle de réincarnations, mais la naissance est tellement traumatisante qu'elle nous fait oublier tout ce que nous savons. Aussi la tâche du maître est-elle de nous aider à retrouver cette connaissance, à la manière de Socrate, par la maïeutique, ou accouchement des âmes.

Métaphysique

Ce n'est pas dans le monde tel que nous le percevons que se trouvent les objets de la connaissance, car ce monde est essentiellement changeant, relatif et impermanent. En réalité, pour comprendre ce dont nous avons l'expérience au moyen des sens, nous devons passer par une connaissance de l'éternel et de l'immuable. Par exemple, ce qui est beau varie d'une personne à l'autre, et pour chacune se modifie dans le temps. Comment pourrions-nous former et utiliser le concept de beau s'il n'y a rien que nous puissions désigner unanimement comme beau ? Pour résoudre cette difficulté, Platon fait appel à la notion de forme. Ce sont les idées parfaites et immuables dont les choses existantes ne sont que l'ombre approximative et imparfaite. Quand nous trouvons une chose belle, nous considérons qu'elle participe de la forme «beauté». On peut avoir l'expérience de ce monde des formes ou des idées, mais uniquement par la raison, uniquement en étant philosophe. La forme la plus éminente est celle de bien, de laquelle toutes les autres découlent et par laquelle nous pouvons les connaître.

Politique

Ce raisonnement conduit directement à la théorie politique de Platon. Si seul le philosophe peut accéder à l'authentique réalité, seul le philosophe est capable de diriger la cité. La description de la constitution idéale, qu'il expose dans La République, introduit l'idée d'un philosophe roi (homme ou femme, car Platon considérait que les deux sexes avaient les mêmes capacités), qui dès sa naissance est préparé à remplir sa fonction. De la même façon, les autres fonctions sont remplies par des gens qui ont été formés à leurs tâches respectives.

Les mythes

Platon utilise le mythe à plusieurs reprises dans son oeuvre pour approcher la description du monde. Il indique que cette description est difficile : si, pour connaître une chose, il faut connaître sa causalité, comment connaître l'acte créateur de la cause ? L'acte de connaissance doit en effet être le reflet d'un acte créateur qui est inconcevable : comment, dans ce cas, parler de l'origine du monde ? L'acte créateur n'est-il pas au-delà de tout discours rationnel ? Pourtant, l'acte créateur fonde la possibilité de la rationalité.

C'est ainsi que Platon se demande comment parler de l'origine du monde sensible, puisque la connaissance dialectique, qui articule les formes intelligibles, est ici inopérante. On ne peut parler du monde que par un discours qui lui ressemble : un mythe vraisemblable, apparenté au sensible. Le mythe vraisemblable décrit une situation en transposant dans l'espace et le temps les relations que la pensée conçoit, sans pouvoir les exposer dialectiquement. Le mythe doit donc être interprété, il ne doit pas être confondu avec la réalité. Il faut traduire en rapport d'idées ce que le mythe a assemblé en fait.

L'allégorie de la caverne

Dans la République, l'allégorie de la caverne illustre la conception platonicienne de la condition humaine. Nous sommes ces prisonniers enchainés, emprisonnés dans nos propres corps qui ne perçoivent sur le mur que des ombres déformées. Notre expérience n'est pas la réalité, mais ce qui est dans notre esprit. Le monde réel, celui des formes parfaites et immuables, existe à l'extérieur de la caverne. Ce n'est que par la raison que nous pouvons en avoir l'expérience.

Les écrits de Platon constituent toujours l'une des œuvres les plus riches et les plus fascinantes de toute l'histoire de la philosophie. Il est considéré comme le père de toute la philosophie occidentale.

Oeuvre de Platon

Alcibiade majeur (ou Premier Alcibiade, De l'Homme)
Hippias mineur (ou Second Hippias, Du faux)
Ion (De l'Iliade)
Lachès (Du courage)
Charmide (De la sagesse morale)
Protagoras (Des sophistes)
Euthyphron (De la piété)
Gorgias (De la rhétorique)
Ménon (De la vertu)
Apologie de Socrate
Criton (Du devoir du citoyen)
Euthydème (De l'éristique)
Lysis (De l'amitié)
Ménexène (De l'oraison funèbre)
Cratyle (Du langage)
Phédon (De l'âme)
Le Banquet (De l'amour)
La République (De la justice)
Phèdre (Du Beau)
Théétète (De la science)
Parménide (Des Idées)
Le Sophiste (De l'Être)
Le Politique (De la royauté)
Critias (De l'Atlantide)
« Lettre VII »
Philèbe (Du plaisir)
Timée
Les Lois (De la législation)

Quelques citations
           
"L'homme est la mesure de toute chose."
Extrait de "Théétète"

"Ce n'est pas parce qu'on craint de la commettre, mais c'est parce qu'on craint de la subir que l'on blâme l'injustice."

"Le plus grand mal, à part l'injustice, serait que l'auteur de l'injustice ne paie pas la peine de sa faute."

Extrait de "Gorgias"

"La victoire sur soi est la plus grande des victoires."

"Donne et tu recevras."

"L'amour est aveugle."

"En toutes choses les extrêmes sont rares, les choses moyennes très communes."

"La connaissance des mots conduit à la connaissance des choses."

"Le Temps est l'image mobile de l'éternité immobile."

"L'essentiel n'est pas de vivre, mais de bien vivre."

Extrait de "Criton"

"Le plus grand mal, à part l'injustice, serait que l'auteur de l'injustice ne paie pas la peine de sa faute."
Extrait de "Gorgias"

"La plupart des hommes au pouvoir deviennent des méchants."

"Entre amis, tout est commun."

Extrait de "Gorgias"

"Garde-toi de donner par force aux enfants l'aliment des études, mais que se soit en le mêlant à leur jeux, afin d'être encore plus capable d'apercevoir quelles sont les inclinations naturelles de chacun."

"On peut en savoir plus sur quelqu'un en une heure de jeu qu'en une année de conversation."

"La simplicité véritable allie la bonté à la beauté."

Extrait de "La République"

"Le propre de la sagesse et de la vertu est de gouverner bien ; le propre de l'injustice et de l'ignorance est de gouverner mal."
Extrait de "La République"
           
"La musique donne une âme à nos coeurs et des ailes à la pensée."
Extrait du poème "La Musique"

"Si on veut connaître un peuple, il faut écouter sa musique."

"L'excès de liberté ne peut tourner qu'en excès de servitude pour un particulier aussi bien que pour un état."

Extrait de "La République"

"Dieu, toujours, fait de la géométrie."

"Ce n'est pas de vivre selon la science qui procure le bonheur ; ni même de réunir toutes les sciences à la fois, mais de posséder la seule science du bien et du mal."

"L'opinion est quelque chose d'intermédiaire entre la connaissance et l'ignorance."

Extrait de "La République"
           
"Chacun, parce qu'il pense, est seul responsable de la sagesse ou de la folie de sa vie, c'est-à-dire de sa destinée."

"Il faut aller à la vérité avec toute son âme."

"Tout corps couché prend la ligne de l'horizon de l'âme. L'endormi devient le réveillé de l'ombre."

"La vie est un court exil."

"Le corps est le tombeau de l'âme."
Extrait de "Cratyle"

"La réalité est à la fois multiple et une, et dans sa division elle est toujours rassemblée."
"C'était un homme sage celui qui inventa Dieu."

"Le sage parle parce qu'il a quelque chose à dire, le fou parce qu'il a à dire quelque chose."

"Les vrais philosophes s'exercent à mourir, et ils sont, de tous les hommes, ceux qui ont le moins peur de la mort."

"L'âme trouve son repos en dormant peu, le coeur dans le peu d'inquiétudes et la langue dans le silence."

"Il ne dépend que de nous de suivre la route qui monte et d'éviter celle qui descend."

"La justice de l'intelligence est la sagesse. Le sage n'est pas celui qui sait beaucoup de choses, mais celui qui voit leur juste mesure."

"
L'un des préjudices d'avoir refusé de prendre part à la vie politique est que vous finissez par être gouverné par vos subordonnés."

"
Tant que les philosophes ne deviendront pas rois dans les cités, ou que ceux que nous appelons présentement rois et dirigeants ne deviendront pas des philosophes sérieux et véritables... les maux des États ne cesseront pas, ni même ceux du genre humain, et la société idéale que nous venons de décrire ne pourra jamais se réaliser ou voir la lumière du jour"
Extrait de "La République"
   

samedi 23 mars 2019

La fable du pêcheur et de l'homme d'affaire

Un investisseur américain se promène au bord de l'eau, dans un petit village côtier mexicain. Un bateau rentre au port, contenant plusieurs thons. L'américain complimente le pêcheur mexicain sur la qualité de ses poissons, et lui demande :

- Combien de temps ça a pris pour pêcher ces poissons ?
- Pas très longtemps, répond le mexicain.
- Mais pourquoi n'êtes-vous pas resté plus longtemps pour en capturer plus ?, demande l'homme d'affaire.
- Parce que ces quelques poissons suffiront à subvenir aux besoins de ma famille.
- Et vous faites quoi le reste du temps ?
- Je fais la grasse matinée, je pêche un peu, je joue avec mes enfants, je fais la sieste avec ma femme... Le soir, je vais au village, voir mes amis, boire du vin, jouer de la guitare... Une vie bien remplie, quoi !

Aquarelle par Sylvia (2009) - Internet

L'américain l’interrompt :
- J'ai un M.B.A. (master of business administration) de l'université Harvard, et je peux vous aider. Vous devriez commencer par pêcher plus longtemps, et avec les bénéfices dégagés, vous pourriez vous acheter un plus gros bateau. Avec l'argent que vous rapporterait ce bateau, vous pourriez en acheter un second, et ainsi de suite jusqu'à ce que vous possédiez une flotte de chalutier. Au lieu de vendre vos poissons à un intermédiaire, vous pourriez négocier directement avec l'usine, et même ouvrir votre propre usine. Vous pourriez alors quitter votre petit village pour Mexico City, Los Angeles, puis peut-être New York, d'où vous dirigeriez vos affaires...

Le Mexicain demande alors :
- Combien de temps ça prendra ?
- Quinze à vingt ans, répond l'homme d'affaire.
- Et après ?
- Après, c'est là que ça deviendrait intéressant, répond l'américain en souriant. Quand le moment sera venu, vous pourriez introduire votre société en bourse, et vous gagnerez des millions !
- Des millions ? Mais après ?
- Après, vous pourrez prendre votre retraite, habiter dans un petit village côtier, faire la grasse matinée, jouer avec vos enfants, pêcher un peu, faire la sieste avec votre femme et passer vos soirées à boire et à jouer de la guitare avec vos amis...

vendredi 22 mars 2019

La basilique de Santa Croce, Florence, Italie

La basilique de Santa Croce est située sur la Piazza Santa Croce, l'une des plus anciennes places de Florence. L'édification de la basilique débuta en 1294 sur les plans d'Arnolfo di Cambio et s'est achevée en 1443.  Il s'agit de la plus grande église franciscaine au monde. Elle s'éleve sur les fondations d'une petite église bâtie en 1252 par les frères peu de temps après la mort de saint François, hors des murs de la ville.

Basilique Santa Croce

La façade néogothique du XIXème siècle, dûe à Nicolo Matas, est entièrement recouverte de marbre blanc et vert de Prato. Sur le fronton, une énorme étoile de David porte l'anagramme du Christ. Cette étoile serait une référence à la religion hébraïque de l'architecte Nicolo Matas.

Santa Croce - détail du fronton

L'intérieur est en forme de croix égyptienne, c'est-à-dire en forme de "T". L'église comporte 3 nefs, séparées par des piliers octogonaux. L'architecte toscan Arnolfo a réalisé des prouesses architecturales, compte tenu des moyens techniques de son époque, pour élever une nef si grande (115m sur 38m), avec des parois si minces et des arcs très ouverts entre les piliers.

Santa Croce - Nef

Derrière une façade austère, l’imposante basilique de Santa Croce est un symbole prestigieux de la ville de Florence. Au cours de l'histoire, ce fut un lieu de rencontre pour les plus grands artistes, théologiens, religieux, hommes de lettres, humanistes et hommes politiques. Mais elle le fut également pour les puissantes familles qui, dans le bonheur comme dans l’adversité, participèrent à la création de l’identité de la Florence de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance.

Son couvent offrit l’hospitalité à des personnages célèbres de l’histoire de l’Église, saint Bonaventure, saint Antoine de Padoue, saint Bernardin de Sienne, saint Louis d’Anjou, évêque de Toulouse. Elle fut aussi un lieu de repos et d’accueil pour plusieurs papes, Sixte IV, Eugène IV, Léon X, Clément XIV.

Avec son architecture gothique imposante, ses merveilleuses fresques, ses retables d’autel, ses précieux vitraux, ses nombreuses sculptures, cette église représente l’une des pages les plus importantes de l’histoire de l’art florentin dès le XIIIe siècle.

Santa Croce - Cloître
 
De nombreux dignitaires firent de Santa Croce leur dernière demeure, parfois à même le sol de la nef, pieuses sépultures pour racheter des péchés d'opulence. Ainsi la basilique de Santa Croce abrite-t-elle en son sein les tombeau de Galilée, Michel-Ange et Machiavel.


Le tombeau de Galilée

Tombeau de Galilée
Galilée est un physicien et astronome italien du XVIIe siècle, né à Pise le 15 février 1564 et mort à Arcetri, près de Florence, le 8 janvier 1642. Il est célèbre pour avoir jeté les fondements des sciences mécaniques ainsi que pour sa défense opiniâtre de la conception copernicienne de l'univers. Il est considéré comme le père de l'observation astronomique et de la physique moderne.

Galilée commence par démontrer plusieurs théorèmes sur le centre de gravité de certains solides dans son "Theoremata circa centrum gravitatis solidum" et entreprend en 1586 de reconstituer la balance hydrostatique d'Archimède. En même temps, il poursuit ses études sur les oscillations du pendule pesant.

Ardent défenseur du système de Nicolas Copernic (héliocentrisme), il s'est heurté à de vives critiques émanant des partisans du géocentrisme ainsi qu'à celles de l'Église catholique romaine.

Les méthodes de Galilée sont basées sur l'observation et l'expérience plutôt que sur l'autorité des partisans des théories géocentriques (qui s'appuient sur le prestige d'Aristote). Les partisans de la théorie géocentrique sont devenus les ennemis acharnés de Galilée et les attaques contre lui ont commencé dès la parution du "Sidereus Nuncius". Ils ne peuvent pas se permettre de perdre la face et ne veulent pas voir leur science remise en question.

Son livre "Dialogue sur les deux grands systèmes du monde" est à la fois une révolution et un scandale. Galilée y compare de façon impartiale à la fois le système aristotélicien et le système copernicien. Il est accusé de ne pas respecter une décision de justice, l'interdit de 1616, mettant à l'index les thèses de Copernic. En 1633, Galilée, malade  doit se rendre à Rome pour son procès, au cours duquel il est condamné à la prison à vie (peine immédiatement commuée en résidence à vie par le Pape Urbain VIII) et son ouvrage est interdit.

En janvier 1642, Galilée s'éteint à Arcetri, une petite colline au sud de Florence, à l'âge de 78 ans. Son corps est inhumé religieusement à Florence le 9 janvier dans le caveau familial de la basilique de Santa Croce de Florence. Un mausolée sera érigé en son honneur le 13 mars 1736.


Le tombeau de Michel-Ange

Tombeau de Michel-Ange
Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni dit, en français, Michel-Ange est un peintre, un sculpteur, un poète et un architecte italien de la Renaissance né le 6 mars 1475 à Caprese, en Toscane et mort le 18 février 1564 à Rome.

Michel-Ange, auteur des "Tombeaux des Médicis", de la "Chapelle Sixtine" et du "Dôme de Saint-Pierre", apparaît hautement comme le plus grand créateur d'art des temps modernes. Ayant reçu de la beauté antique une révélation de l'art, il donne à cet art une forme nouvelle et à la suite de la formule plastique des anciens il trouve la formule humaine des modernes.

Michel-Ange, sûr de lui-même, produit son œuvre jour à jour en suivant le développement de sa vie et le déroulement de la passion humaine, parti de la jeunesse du "David" et du charme de l'"Adonis mourant" pour arriver aux sensations extrêmes du "Moïse" et des "Prophètes de la Sixtine"; d'une maîtrise d'ailleurs qui devait être sans élèves, trop personnelle pour être un enseignement.

Michel-Ange était robuste, d'une grande simplicité et d'une indomptable énergie, tout à son travail, mangeant peu, dormant peu et se couchant souvent tout habillé; il disait à Condivi: «Quoique riche, j'ai toujours vécu en pauvre». Ayant trouvé la gloire à vingt ans, il travaille à travers toutes les difficultés qui lui viennent des choses et toutes les peines qui lui viennent des hommes dans la sublime vision de son art.

Michel-Ange meurt à Rome le 18 février 1564 à l’âge de 88 ans. Selon ses volontés, son corps est rapatrié à Florence, où il est enterré dans la basilique de Santa Croce, avec les honneurs nationaux.

La Création d'Adam - Michel Ange - Chapelle Sixtine - Rome

Tombeau de Nicolas Machiavel
Le tombeau de Nicolas Machiavel

Niccolò Macchiavelli (Niccolò di Bernardo dei Macchiavelli), en français Nicolas Machiavel est un penseur italien de la Renaissance, théoricien de la politique, de l'histoire et de la guerre. Il est né le 3 mai 1469 à Florence et est mort le 21 juin 1527 à Florence. Machiavel a donné en français naissance à plusieurs termes : « machiavélisme » et ses dérivés, qui font référence à une interprétation politicienne cynique de l’œuvre de Machiavel.
Secrétaire à la chancellerie de la République de Florence à partir de 1498, Machiavel remplira de nombreuses missions diplomatiques avant d'entrer en disgrâce, en 1512, lors de la prise de pouvoir par les Médicis. Il écrira Le Prince en exil, en 1513, qui ne sera publié qu'après sa mort.

Machiavel a fondé la science politique moderne, en y introduisant la liberté d'examen, l'esprit historique et critique, la méthode d'observation. Par là, il mérite la reconnaissance de la philosophie.

Mais, par malheur, la première application qu'il a faite de cette nouvelle méthode a été une doctrine détestable, qui a eu une trop grande part dans les malheurs et les crimes de la politique au XVIe siècle. On peut rejeter sur son temps la faute de cette doctrine; mais il ne faut ni la justifier, ni l'excuser.

En faire le suppôt des tyrans et un prévaricateur de la politique, ainsi que le voient ses critiques moraux, c’est feindre de ne pas comprendre un texte dense et réfléchi, résultat d’une expérience vécue et de lectures approfondies, dont le legs qu’il nous fit nous amène à repenser la politique d’une façon plus lucide et, en même temps, à choisir non seulement la liberté, mais les efforts nécessaires pour la garder.

L'opinon publique générale de son époque s'est accordé à condamner Machiavel. Comme si la révélation publique des ressorts du pouvoir le rendait responsable de sa corruption et des moyens de tous temps employés pour le conserver. En révélant ces mécanismes, éventuellement en recommandant leur usage lorsque la situation l'exige et que la faiblesse de caractère pourrait avoir des conséquences encore pires, Machiavel tentait de montrer une voie pour en sortir tout en n'évacuant jamais de ses raisonnements sa méfiance constante vis-à-vis de la nature humaine, c'est la naissance d'un point de vue unique d'un homme de terrain, d'un théoricien de génie. Malgré cette réputation entachée par la méconnaissance et l’Église, Machiavel tient une grande place dans la pensée politique.

Son corps repose dans la nef de la basilique de Santa Croce de Florence. Son tombeau est surmonté d'un personnage allégorique représentant la Diplomatie. L'inscription latine peut ainsi être traduite : "Pour un homme si grand, aucun éloge est suffisant !"

jeudi 21 mars 2019

Lanza del Vasto (1901-1981)

Giuseppe Giovanni Luigi Enrico Lanza di Trabia, dit Joseph Lanza del Vasto, connu sous le patronyme de Lanza del Vasto  est né le 29 septembre 1901 à San Vito dei Normanni, Pouilles, (Italie).
Tout en préparant un doctorat de philosophie à Florence, Lanza del Vasto s'adonne à la poésie, au dessin et à la ciselure. En découvrant la Trinité de Thomas d'Aquin, il revient au christianisme qu'il avait oublié. Lanza del Vasto parcourt, à pied surtout, les chemins d'Italie et de France, visitant les hauts lieux en quête de vérités simples, d'évidences et de beauté.

En 1937 Lanza del Vasto rejoint Gandhi en qui il voit celui qui apporte une solution aux problèmes des hommes, ouvre les chemins de la Paix par la non-violence, propose une réponse aux excès et désordres, aux fureurs de la civilisation technicienne et mercantile.

En 1943 Lanza del Vasto publie le "Pèlerinage aux Sources" où il parle de sa rencontre avec Gandhi, mais aussi avec les sages et les ascètes de l'Inde.

En 1948 Lanza del Vasto se marie avec Chanterelle (Simone Gebelin) qui partage avec lui l'amour de la musique grégorienne et populaire. Il fonde une première communauté de l'Arche en Charentes, qu'il fermera deux ans plus tard devant les problèmes rencontrés. Il en profitera pour rejoindre Vinoba en Inde. Celui-ci parcourt le pays demandant de partager la terre avec ceux qui n'en ont pas.

En 1955, Lanza del Vasto reprend la vie communautaire à Bollène, dans la vallée du Rhône, en tenant compte des leçons de l'échec précédent. Il consacre sa vie à la communauté de l'Arche, à écrire son oeuvre philosophique et engagée. Il lance des actions non-violentes. Il jeûne à Rome 40 jours pour demander au Pape une condamnation claire des armes de destruction massive et une reconnaissance de la non-violence. Il jeûnera plusieurs fois quinze jours contre les tortures en Algérie, contre les essais nucléaires et en soutien aux paysans du Larzac.

Lanza del Vasto trouvera le temps de parcourir le monde sur tous les continents pour parler de la non-violence, de la vie intérieure, de l'Arche, pour alerter les hommes du risque d'un déluge fait de main d'homme qui pourrait nous emporter tous.

Lanza del Vasto est mort le 5 janvier 1981  Elche de la Sierra, Albacete, (Espagne). Son corps repose à la Borie Noble, dans l'Hérault.


Sa pensée

Lanza del Vasto, philosophe, artiste, poète et mystique chrétien contemporain, est un militant de la paix. Il s'est efforcé, toute sa vie durant, de faire prévaloir l'idée d'une « civilisation de l'Amour » sur les désordres sociaux.

Pour lui, si l'humanité s'est enlisée dans la violence et la dysharmonie, c'est qu'elle s'est coupée de sa source divine. Les conflits actuels procèdent, par conséquent, du « péché originel ». Ainsi, à travers les éléments symboliques de la Genèse, Lanza del Vasto comprend que l'humanité, probablement symbolisée par Adam, a commis l'erreur de manger le « fruit de l'arbre » situé « au milieu du jardin ». Autrement dit, elle a utilisé à des fins personnelles le trésor logé au fond de son être : la divine conscience créatrice.  L'humanité a connu ainsi le manque, le besoin matériel, l'envie de posséder, la jalousie… et le conflit avec l'Autre.

Ainsi, l'homme doit comprendre que son véritable besoin consiste à se donner. Car c'est en donnant qu'il permet à sa source divine intérieure de couler en lui et de l'abreuver. C'est en donnant qu'il devient une source d'eau pure pour l'Autre et qu'il s'ouvre à la sienne.

Les actes quotidiens accomplis dans cet esprit sont donc, pour Lanza del Vasto, un des moyens de rétablir en soi et autour de soi l'harmonie originelle. Cela nécessite d'aimer la matière et le corps comme un moyen de glorifier l'esprit, tout en faisant de ce dernier le Maître absolu.

Mais là où culmine le génie de Lanza del Vasto, c'est dans sa conception extrême du don de soi qui, selon lui, consiste également à stopper la négativité d'autrui en lui faisant prendre conscience de ses erreurs ou en les réparant à sa place dans le cas où il s'y refuserait…

A la suite de sa rencontre avec Gandhi qui en fit son disciple et le surnomma « Le serviteur de la paix », Del Vasto fonda avec son épouse « L'Arche », première communauté fraternelle œcuménique préconisant la purification intérieure et l'ordre social fondés sur le principe gandhien de la non-violence, sur l'Amour des autres et de la nature ainsi que sur la revalorisation des tâches quotidiennes.

En fait, la mystique de Lanza Del Vasto est des plus concrètes : elle consiste à vouloir raccommoder le tissu fraternel par la seule force de l'Amour. « Le pèlerinage aux sources » 


Quelques unes de ses œuvres

Le Pèlerinage aux sources: Cet ouvrage nous fait revivre de façon concrète la quête mystique d'un homme à la recherche de la vérité évangélique en un pays où l'on pratique les béatitudes prêchées par les Occidentaux. Une langue poétique et chaude nous rend intimes les divers événements-avènements que vit le pèlerin.

Approches de la vie intérieure: Ce livre constitue le cœur du message de Lanza del Vasto : "La Lumière, ou vérité ou Dieu ; le Moi ou vie intérieure ; le Toi ou respect, justice, charité, non-violence et attente active du Royaume des Cieux".

La trinité spirituelle: La Trinité, le nombre "trois", le nombre de la relation, est la structure de l'univers et de l'esprit humain. La Trinité spirituelle esquisse la voie philosophique du dépassement des tensions et des conflits dont la marque est le "deux". La triade résout les contradictions et conduit par palier jusqu'à la "Relation absolue" de la Trinité Divine.

Eloge de la vie simple : Principes et préceptes du retour à l'évidence : Procès de l'Occident et œuvre poétique, cet ouvrage ouvre les voies de la non-violence, du retour à la vie simple, à l'évidence perdue. "Évidence, c'est-à-dire authenticité : éprouver la vérité, comme on goûte l'eau d'une source".

Les quatre piliers de la paix: La vérité est une et universelle, affirmation qui l'amène à une réflexion oecuménique et à chercher les traces de cette vérité dans les religions dites païennes.

Judas: L'auteur rassemble dans l'intelligence du traître Judas "toutes les sortes d'hérésies". Il décrit son livre comme "un piège dont on doit se déprendre" 
 
Citations de Lanza del Vasto

"Donne tant que tu as. Quant tu n'as plus rien, demande. Donne à d'autres l'occasion de te faire du bien. C'est une secrète et très fine charité."

"Tais-toi beaucoup pour avoir quelque chose à dire qui vaille d'être entendu. Mais encore tais-toi pour t'entendre toi-même."

"La joie a la nature du plaisir et la profondeur de la douleur."
           
"L'amour est l'évidence de la vie."

"Tu veux un Monde meilleur, plus fraternel ? Et bien commence à le faire avec ceux qui le veulent. Fais-le en toi et autour de toi, fais-le avec ceux qui le veulent. Fais-le en petit et il grandira!"



Lanza Del Vasto: De la non-violence et de Gandhi 1 et 2

samedi 2 mars 2019

Qu'est ce que l'Humain ? 2-4

Une longue tradition philosophique construit le concept d’humanité en opposition à celui d’animalité. Seule créature à posséder la raison et le langage, il est également le seul à pouvoir se représenter sa propre fin, ce qui confère à l’Homme une dignité particulière.

Toutefois, par sa capacité d’être libre, l’Homme reste difficile à cerner. Trouver une définition impliquerait de pouvoir effectuer une synthèse par laquelle on caractériserait ce qui, en l’être humain, resterait toujours identique à lui-même. Chaque tentative de définition de l’Homme charrie son lot de croyances morales et d’idéologies politiques, d’autant plus puissantes qu’elles semblent soutenues par les certitudes scientifiques de leur époque.

Les représentations artistiques de l’homme au fil de l’histoire

Les premières représentations d’Hommes datent de la préhistoire. Se pensant lui-même comme un être ayant des besoins primaires (se nourrir, se reproduire), l’Homme a très vite conscience de l’inéluctabilité de sa propre mort. 

L’Antiquité voit apparaitre des représentations plus étoffées : Alors qu’en Egypte l’homme est représenté comme un être social, avec une religion, des croyances, des mythes et des superstitions, la Grèce s’attache à représenter l’Homme suivant des canons esthétiques qui définissent les proportions idéales du corps.

La Renaissance marque l’émancipation des pouvoirs de l’Eglise en vigueur au Moyen-âge. Léonard de Vinci avec l’Homme de Vitruve, place de façon symbolique et universelle l’Homme au centre du cosmos, microcosme au cœur du macrocosme.

A l’occasion des progrès scientifiques réalisés au XXème siècle, l’homme est  amené à ajuster la représentation qu’il se fait de lui-même. Les sondes Pioneer sont porteuses d’un message de paix rédigé à l’intention d’intelligences extra-terrestres. Il est édifiant de noter que ce message formulant une représentation de l’Homme s’appui sur des données anthropologiques et biochimiques. De même, le message des Sondes Voyager ou celui émis par le radiotélescope d’Arecibo reprennent ces données anthropologiques en y incluant des données génétiques et culturelles.

Il existe une étonnante similitude de démarche, entre cet Homme de Vitruve et les messages des programmes spatiaux : tous cherchent à définir l’Humain, et la place qu’il occupe dans l’Univers. Il est intéressant de constater que L’Homme est finalement le seul être vivant qui s’essaye au périlleux exercice de se définir lui-même…

L’Humain, animal rationnel ou animal spirituel ?

D’après Aristote, l’homme est un animal qui par nature doit exercer au mieux son intellect et sa raison. C'est par la conscience du juste et de l'injuste que l'homme de distingue des animaux sociaux. Toutefois le philosophe est conscient des limites cognitives de la raison humaine, ainsi que de la force des passions.

Blaise Pascal ne croit pas que la raison puisse gouverner efficacement les passions. Il discerne plutôt entre les deux ennemies une lutte sans merci et sans trêve. L’Homme est un animal toujours divisé et contraire à lui-même. Le philosophe émet l’hypothèse que l’Humain a perdu sa nature originelle, pour en avoir une pareille à celle des animaux. C’est par la spiritualité qui cherche à retrouver sa condition perdue.
 
L’Humain, un être porteur de dignité


Si l’Homme n’est pas en adéquation avec sa nature, c’est peut-être simplement parce qu’il est libre. C’est par ses seuls choix qu’il souscrit aux exigences de la morale, ou s’y soustrait. C’est cette capacité de s’élever par liberté au dessus de ses penchants animaux qui donne à l’Homme sa dignité.
L’homme apparait comme un être perfectible. Il a la nécessité et la responsabilité de s’accomplir, de se réaliser. Au "Connais-toi toi-même" de Socrate, répond le "Deviens qui tu es" de Nietzsche…

Conclusion

C’est toujours au nom de ce qu’est l’Homme ou de ce qu’il doit être que l’on prescrit ce qu’il faut faire et ne pas faire. L’idée d’humanité est donc le lieu de toutes les confusions et l’enjeu de toutes les querelles de légitimité.

vendredi 1 mars 2019

Cantus in memorium of Benjamin Britten - Arvo Pärt (1935-)

Une musique épurée, aux portes du sacré.
Un minimalisme qui donne le frisson à son auditeur.
Cette musique a la pureté du cristal aux premières lueurs de l’aube.





Arvo Part, né à Paide au sud de Tallinn en Estonie le 11 septembre 1935, est un compositeur estonien de musique contemporaine vivant à Berlin en Allemagne. Il est souvent associé au mouvement de musique minimaliste qui s'est formé dans les années 1970. Arvo Part entre en 1954 à l'École secondaire de musique de Tallinn. L'année suivante, il doit faire son service militaire, au cours duquel il tient au sein de la fanfare la caisse claire et le hautbois. Il entre au conservatoire de Tallinn en 1957 où il étudie avec Heino Eller. En parallèle, il trouve un emploi à la radio estonienne en tant qu'ingénieur du son, poste qu'il occupe de 1958 à 1967. 

En 1962, l'une de ses compositions écrite pour chœur d'enfants et orchestre, Notre jardin (1959), le fait connaître dans toute l'Union soviétique et lui permet de remporter le Premier Prix des jeunes compositeurs de l'URSS. 

Il sort diplômé du conservatoire de Tallinn en 1963. Au début des années 1970, il s'initie à la composition sérielle, dont relèvent ses deux premières symphonies, ce qui lui attire immédiatement d'importantes inimitiés, la musique sérielle étant considérée comme un avatar de la décadence bourgeoise occidentale. Toutes aussi incorrectes politiquement dans le contexte soviétique, ses compositions d'inspiration religieuse, ainsi que sa technique du collage un temps utilisée, limitent considérablement le rayonnement de son ? 

L'année suivante, il doit faire son service militaire, au cours duquel il tient au sein de la fanfare la caisse claire et le hautbois. Il entre au conservatoire de Tallinn en 1957 où il étudie avec Heino Eller. En parallèle, il trouve un emploi à la radio estonienne en tant qu'ingénieur du son, poste qu'il occupe de 1958 à 1967.

En 1962, l'une de ses compositions écrite pour ch?ur d'enfants et orchestre, Notre jardin (1959), le fait connaître dans toute l'Union soviétique et lui permet de remporter le Premier Prix des jeunes compositeurs de l'URSS. Il sort diplômé du conservatoire de Tallinn en 1963.Au début des années 1970, il s'initie à la composition sérielle, dont relèvent ses deux premières symphonies, ce qui lui attire immédiatement d'importantes inimitiés, la musique sérielle étant considérée comme un avatar de la décadence bourgeoise occidentale. Toutes aussi incorrectes politiquement dans le contexte soviétique, ses compositions d'inspiration religieuse, ainsi que sa technique du collage un temps utilisée, limitent considérablement le rayonnement de son œuvre. 

A la fin des années 1970, en proie à une grave crise créatrice, Arvo Part renonce au sérialisme et plus globalement à la composition elle-même, et ce durant plusieurs années, temps qu'il consacre à l'étude du plain-chant grégorien et à celle de compositeurs médiévaux français et flamands tels que Josquin des Prés, Machaut, Obrecht et Ockeghem. Ces études et réflexions aboutiront à l'écriture d'une pièce de style intermédiaire, la Symphonie nº3 (1971).Son évolution stylistique est notable en 1976 avec la composition d'une pièce pour piano devenue célèbre, Für Alina, qui marque une rupture avec ses premières œuvres et qui pose les jalons de son nouveau style, qualifié par lui-même de « tintinnabulum».

L'auteur l'explique ainsi : « Je travaille avec très peu d'éléments - une ou deux voix seulement. Je construis à partir d'un matériau primitif - avec l'accord parfait, avec une tonalité spécifique. Les trois notes d'un accord parfait sont comme des cloches. C'est la raison pour laquelle je l'ai appelé tintinnabulation ». L'année suivante, Part écrira dans ce nouveau style trois de ses pièces les plus importantes et reconnues : Fratres, Cantus in Memoriam Benjamin Britten et Tabula rasa. 

Accompagné de sa famille, il quitte son pays en 1980 pour Vienne où il obtient la nationalité autrichienne. L'année suivante il part pour Berlin ouest où il vit depuis. De fréquents séjours le conduisent près de Colchester dans l'Essex. Son succès jamais démenti dans tout l'Occident, et particulièrement aux États-Unis, a pour inconvénient de le ranger dans la catégorie des compositeurs « minimalistes mystiques », avec Henryk Górecki et John Tavener. En 1996, il devient membre de l'American Academy of Arts and Letters.Créateur d'une musique épurée, d'inspiration profondément religieuse, qualifiée par certains de postmoderne, Arvo Part creuse à présent le sillon de son style « tintinnnabulien ».

Ses œuvres ont été jouées dans le monde entier et ont donné lieu à plus de 80 enregistrements, ainsi qu'à de très nombreuses utilisations pour l'illustration sonores de musiques de films (Les Amants du Pont-Neuf de Leos Carax, Heaven de Tom Tykwer, Gerry de Gus Van Sant, Raisons d'Etat de Robert De Niro parmi de nombreux autres) et de spectacles de danse.

L’utilisation des rythmes est simple tels que « noire, blanche, noire, blanche » ou « blanche, noire, blanche, noire ». Le second élément est le fameux style tintinnabulum. Chez Part, cette écriture formelle s'inspire donc du son de la clochette. C'est lorsqu'un instrument quel qu'il soit, articule son jeu entre trois notes principales, celle de l'accord parfait d'une gamme. Cette simplicité se retrouve également dans l'utilisation de notes récurrentes et d'une certaine stabilité de la gamme. Part, contrairement à beaucoup de compositeurs des époques baroque, classique et romantique, n'utilise donc pratiquement jamais de modulations.

«Je pourrais comparer ma musique à une lumière blanche dans laquelle sont contenues toutes les lumières. Seul un prisme peut dissocier ces couleurs et les rendre visibles : ce prisme pourrait être l'esprit de l'auditeurArvo Part