« Lorsque nous ne pouvons plus choisir, nous encombrons »
Dominique Loreau (1)
Pourquoi accumulons-nous ?
Un constat s'impose ; nous possédons trop. Mais qu'est-ce qui nous pousse à consommer ainsi? D'après le sociologue Gilles Lipovetsky2, « nous achetons pour compenser les incertitudes de l'avenir», Nos actes de consommation seraient donc régis par des peurs, comme celles de connaître le chômage ou la précarité par exemple, Observons notre logement: sommes-nous rassurés sur notre futur en vivant au milieu de tous nos biens ? Non ! Il est donc peut-être temps de prendre conscience que nos achats ne rassurent que les industriels et les distributeurs…
Prendre conscience du superflu
Regardons les objets qui nous entourent. Lesquels avons-nous acquis de façon consciente ? Lesquels aimons-nous vraiment ? En nous questionnant ainsi sur chacune de nos possessions, nous pouvons mettre en lumière nos comportements et nos motivations. Nous pouvons, par exemple avoir cédé à des achats quasi compulsifs, pour nous faire plaisir à un moment donné. Ces petites babioles qui traînent sur nos étagères ne nous rappellent-elles pas un passage à vide, où, pour compenser un manque, nous avons cédé à toute une série d'achats inutiles ? Outre l'acte d'achat, nous devons nous interroger sur la conservation des objets.
Pourquoi les gardons-nous ? Nous rassurent-ils ? En nous questionnant, nous prenons conscience des objets superflus. Nous apprenons, dans le même temps, à mieux nous connaître, en définissant ce qui est important et ce qui est accessoire.
S'organiser et faire des choix
Comme le souligne Dominique Loreau « la véritable cause du désordre est l’excès de possessions ». En désencombrant notre habitation, nous avons plus de facilité à trouver les objets. Nous voulons déboucher une bouteille de vin ? Pas de problème. Le tire-bouchon a sa place, dans le deuxième tiroir de la cuisine, dans un compartiment spécifique. Et, lorsque nous ouvrons le tiroir, il est visible immédiatement. Aucun autre objet ne vient encombrer cet espace. Cet exemple se décline avec tout ce que nous possédons, parce que nous avons, au préalable, défini nos besoins véritables. Et nos gestes sont plus précis car ils ne sont plus gênés par le fouillis.
Nous pouvons ainsi modifier nos habitudes. Rangeons au fur et à mesure, sans empiler les choses. Cet ordre permanent procure calme et détente. De la même façon, faisons des choix. Définissons ce qu’il nous faut, en fonction de nos besoins : si nous voulons laver le carrelage, nous ne devons pas avoir à choisir entre cinq produits ! Un seul doit être destiné à cette fonction. Il n’est pas nécessaire non plus d’accumuler des tas d’échantillons puisque ils finissent, de toute façon, à la poubelle !
Davantage de propreté
Le fait de posséder moins permet de mieux entretenir, puisque les objets sont désormais accessibles. C’est un avantage précieux, car vivre dans un endroit propre et net clarifie les idées. Notre mental est comme dépoussiéré et aéré. L’effet est très bénéfique.
Le ménage perd ses allures de corvée. Il s’effectue aisément et rapidement puisque tout est à notre portée. Nous pouvons même en ressentir de la satisfaction et de la fierté. N’est-il pas agréable de vivre dans un lieu toujours propre ? Ne ressentons-nous pas un réel bien-être ? Nos espaces ne sont-ils pas plus jolis, plus lumineux ?
Davantage d’énergie
Le désencombrement permet également aux énergies de circuler. Cette considération est propre au Feng Shui, dont nous reparlerons un peu plus loin. Éliminer tout ce qui est superflu permet de purifier l’espace. Il est facile de constater la manière dont nos possessions peuvent nuire à notre psychisme. La matière aspire l’énergie. Trop d’objets, trop de meubles, cela engendre de la fatigue. Nous « déprimons » et sommes souvent incapables d’envisager l’avenir. Nous n’arrivons plus à avancer. En nous séparant de nos possessions superflues, nous permettons à l’énergie de circuler à nouveau et de retrouver de bonnes vibrations. Du coup, nous regagnons en vitalité.
Davantage de belles choses
En nous désencombrant de l’inutile, nos espaces respirent. La clarté règne et nous pouvons, de ce fait, mettre les objets que nous aimons en valeur. Une étagère presque nue fait ressortir un bel objet que nous aimons particulièrement. Lorsqu’il est isolé, il est comme exposé et mis en avant. L’œil est immédiatement attiré par sa présence. Nous pouvons de cette façon avoir un intérieur beaucoup plus esthétique. Il ne s’agit pas de vivre pauvrement, mais, au contraire, de savoir nous entourer de choses qui nous plaisent.
Davantage de bien-être
En nous débarrassant du superflu, nous ne subissons plus notre environnement et nous pouvons ressentir un réel bien-être. Nous habitons dans un lieu qui nous plaît et où nous nous sentons en harmonie. Nous l’avons respecté, de même que nous avons prêté attention à notre nature. Il est aménagé selon notre personnalité et il nous ressemble.
(1) Dominique Loreau, L’Art de l’essentiel. Ed. J’ai Lu, 2009.
(2) Gilles Lipovetsky, Le Bonheur paradoxal. Essai sur la société d’hyperconsommation. Ed. Gallimard, 2006.
Synthèse
Un ordre retrouvé
En désencombrant nos intérieurs, nous prenons plaisir à vivre dans un endroit ordonné et rangé. L’ordre procure bien-être et calme. Il apaise. Un intérieur clair et ordonné agit de la même façon sur notre psychisme.
La circulation des énergies
Lorsque nous vivons dans un lieu avec peu de meubles et d’objets, les énergies circulent librement. Nous sommes de bonne humeur et allons de l’avant. En revanche, un lieu encombré est pesant. Il nous démoralise et nous nous y sentons fatigués.
Une vie plus facile
Lorsque nous choisissons de désencombrer notre habitation, nos gestes quotidiens sont facilités. Nous retrouvons tous les objets en un clin d’œil. En allégeant nos logements, nous simplifions notre vie. Tout est plus simple et nous faisons des choix plus rapidement.
Un gain de propreté
Vivre dans un lieu plus allégé permet de le nettoyer en profondeur. Quand nos étagères courbaient sous le poids des livres, il était difficile de faire la poussière correctement. Aujourd’hui, parce que nous avons éliminé les trois quarts de nos lectures, nous pouvons même passer un coup de chiffon régulièrement.
Extrait de "Simplifier sa vie" - Les dossiers de psycho n°3 - Décembre 2010