Célestin Freinet - 1928 |
Freinet est l'inventeur d'une pédagogie rigoureuse fondée sur des techniques novatrices : plan de travail, production de textes libres, imprimerie, individualisation du travail, enquêtes et conférences, ateliers d'expression-création, correspondance scolaire, éducation corporelle, réunion de coopérative.
Après la première guerre mondiale, Célestin Freinet revient marqué dans sa chair et sa conscience par cette barbarie sans nom. Comme beaucoup d’enseignants pacifistes, Célestin Freinet écrit de nombreux articles dans la revue "l’Ecole émancipée". Les enseignants syndicalistes révolutionnaires regroupés dans la Fédération de Membres de l’Enseignement luttent pour que ne se reproduise plus la tuerie de 1914 – 1918, pour mettre fin à l’exploitation capitaliste et construire une société plus juste et plus humaine. Ils réfléchissent aux moyens de promouvoir une pédagogie populaire par "l’Ecole active" et les "centres d’intérêt".
Leurs regards se tournent alors vers les penseurs (Rousseau, Pestalozzi…) et vers les expériences d’avant 1914 comme celles de Paul Robin à l’orphelinat public de Cempuis dans l’Oise (enseignement intégral), de Francisco Ferrer et son Escuela Moderna en Espagne et de Sébastien Faure à la Ruche près de Rambouillet (Enseignement libertaire), ainsi que vers les expériences de l’Ecole nouvelle de Faria Vasconcellos près de Bruxelles et de Kirchstensteiner en Allemagne. Ils s’intéressent aussi de près aux expériences des années 20 en Suisse avec A. Ferrière, en Belgique avec O. Decroly, en Italie avec M. Montessori.
Célestin Freinet, jeune instituteur, rescapé et blessé de guerre, revient dans sa modeste classe rurale de Bar sur Loup (Alpes Maritimes) et introduit un outil nouveau à l’école: l’imprimerie. Il entreprend une correspondance scolaire avec une classe dans le Finistère, puis lance une "Coopérative d’Entraide Pédagogique" avec une revue "L’imprimerie à l’Ecole", mettant en place un réseau des "Livres de Vie" composés et imprimés par les écoles.
En août 1927, à l’issue du Congrès de la Fédération de l’Enseignement (C.G.T.U.), se tient le premier Congrès International de l’Imprimerie à l’école. En octobre 1927 est fondée la "Cinémathèque Coopérative de l’Enseignement Laïc" qui assure prêts et ventes de films, projecteurs, caméras et même envisage la production de films pédagogiques. En 1928, lors du second congrès à Paris, les activités de l’imprimerie et de la radio fusionnent avec celles du cinéma au sein de la Société "Coopérative de l’Enseignement Laïc " (C.E.L.) dont la revue est "l’imprimerie à l’école".
De l’unité de l’enseignement aux méthodes naturelles d’apprentissage, les adhérents de la CEL approfondissent techniques et méthodes nouvelles et par souci de matérialisme pédagogique vont éditer les "Enfantines", les "Fichiers Scolaires Coopératifs" et en février 1932, une brochure documentaire pour les enfants : "la Bibliothèque de Travail" (B.T.).
En pleine montée du fascisme et du nazisme en Europe, le Mouvement de l’Imprimerie à l’Ecole et son leader Freinet vont être la cible de 1932 à 1934 de violentes attaques de l’extrême droite (l’Action Française). L’école de St Paul de Vence où enseigne Freinet depuis 1928 est attaquée par des notables fascisants. L’administration tente de déplacer Freinet d’office afin de pacifier les tensions. L’instituteur se met en congés d’enseignement à 37 ans et ouvre avec Elise, sa femme, une école privée "prolétarienne" à Vence. Freinet lance un "Front de l’Enfance" présidé par Romain Rolland, et s’adresse aux parents pour promouvoir une méthode nouvelle d’éducation populaire. Il édite les Brochures d’Education Nouvelle Populaire (B.E.N.P.).
En 1937, son école accueille de nombreux enfants victimes de la guerre civile en Espagne. Une école "Célestin Freinet" est ouverte à Barcelone Par la Généralité de Catalogne. Pendant la seconde guerre mondiale, les activités du Mouvement Freinet sont interrompues. Freinet est arrêté par la police de Vichy, interné dans plusieurs camps, puis assigné à résidence dans les Hautes Alpes. L’école de Vence est fermée et saccagée. Ce nombreux adhérents de la C.E.L. subiront la déportation et mourront.
A la libération, Freinet anime le Comité Départemental de Libération à Gap où il s’occupe d’enfants victimes de la guerre. La C.E.L. renâit de ses cendres et s’installe à Cannes. Le Mouvement Freinet se développe rapidement, s’organisant en 1947 en Institut Coopératif de l’Ecole Moderne (I.C.E.M.). En 1957, est créée la Fédération Internationale des Mouvements d’Ecole Moderne regroupant les mouvements de dix pays et consacrant le rayonnement international de la pédagogie Freinet.
L’itinéraire de Freinet se poursuit jusqu’à sa mort à l’âge de 70 ans en 1966, sous le signe des méthodes naturelles et du tâtonnement expérimental. Le mouvement Freinet, lui, continue de poursuivre son chemin. Aujourd’hui les classes coopératives (écoles publiques de l’Etat depuis 1991) fonctionnent toujours avec les techniques de l’expression libre et du journal scolaire et de la correspondance interscolaire.
Comme à ses origines, un même espoir en la liberté de l’enfant et en l’homme anime les enseignants de l’ICEM, convaincus que la Pédagogie Freinet, vivante et généreuse, est porteuse d’une éducation populaire synonyme d’espoir et de modernité pour le XXIème siècle.
Les 18 principes d'apprentissage
(C.Freinet Essais de psychologie sensible 1945)
1. Tout apprentissage doit se fonder sur la valeur et la capacité inhérente à chaque individu.
2. Tout apprentissage conduit à une plus grande liberté et à l’autonomie.
3. Tout apprentissage authentique conduit à une cohérence accrue entre soi et l’univers.
4. Tout apprentissage doit trouver sa source dans l’individu.
5. Tout apprentissage doit se fonder sur le réel perçu.
6. Tout apprentissage doit se fonder sur l’expérience personnelle.
7. Tout apprentissage authentique implique l’utilisation de toutes les propriétés de l’organisme.
8. Tout apprentissage doit conduire à une conceptualisation et à un remaniement des modèles intérieurs.
9. Tout apprentissage implique un respect des différences individuelles.
10. Tout apprentissage authentique doit être fondé sur une motivation interne.
11. C’est l’individu qui est le mieux placé pour fournir des feed-back concernant son propre apprentissage.
12. Tout apprentissage s’effectue dans le temps.
13. Tout apprentissage implique des changements authentiques et individuels.
14. L’évaluation est une partie intégrante du processus d’apprentissage.
15. L’utilisation des erreurs fait partie intégrante du processus d’apprentissage.
16. Tout apprentissage implique un climat de liberté et de sécurité.
17. Tout apprentissage vise la croissance de l’individu et son interaction avec l’environnement.
18. Les formateurs transmettent toujours un message par la structure de travail qu’ils proposent et par les
interventions qu’ils effectuent.
Les invariants
(C. Freinet 1964)
1. L’enfant est de la même nature que nous
2. Etre plus grand ne signifie pas forcément être au dessus des autres.
3. Le comportement scolaire d’un enfant est fonction de son état physiologique, organique et
constitutionnel.
4. Nul, enfant pas plus que l’adulte, n’aime être commandé d’autorité.
5. Nul n’aime s’aligner, parce que s’aligner, c’est obéir passivement à un ordre extérieur.
6. Nul n’aime se voir contraint à faire un certain travail, même si ce travail ne lui déplaît pas particulièrement.
C’est la contrainte qui paralysante.
7. Chacun aime choisir son travail même si ce choix n’est pas avantageux.
8. Nul n’aime tourner à vide, agir en robot, c'est-à-dire faire des actes, se plier à des pensées qui
sont inscrites dans des mécaniques auxquelles il ne participe pas.
9. Invariant qui tire la conclusion du précédent ; il nous fait motiver le travail.
10. Plus de scolastique.
Tout individu veut réussir. L'échec est inhibiteur, destructeur de l'allant et de l'enthousiasme.
Ce n'est pas le jeu qui est naturel à l'enfant, mais le travail.
11. La voie normale de l’acquisition n’est nullement l’observation, l’explication et la démonstration,
processus essentiel de l’école, mais le tâtonnement expérimental, démarche naturelle et universelle.
12. La mémoire, dont l’école fait tant de cas, n’est valable et précieuse que lorsqu’elle est intégrée au
tâtonnement expérimental, lorsqu’elle est vraiment au service de la vie.
13. Les acquisitions ne se font pas comme l’on croit parfois, par l’étude des règles et de lois, mais par
l’expérience. Etudier d’abord ces lois en français, en art, en mathématiques, en sciences, c’est placer la
charrue devant les bœufs.
14. L’intelligence n’est pas comme l’enseigne la scolastique, une faculté spécifique fonctionnant en circuit
fermé, indépendamment des autres éléments vitaux de l’individu.
15. L’école ne cultive qu’une forme abstraite de l’intelligence qui agit lors de la réalité vivante, par le
truchement de mots et d’idées fixés par la mémoire.
16. L’enfant n’aime pas écouter une leçon ex cathedra.
17. L’enfant ne se fatigue pas à faire un travail qui est dans sa ligne de vie qui lui est pour ainsi dire
fonctionnel.
18. Personne, ni enfant ni adulte, n’aime le contrôle et la sanction qui sont toujours considérés comme une
atteinte à sa dignité surtout lorsqu’ils s’exercent en public.
19. Les notes et les classements sont toujours une erreur.
20. Parlez le moins possible.
21. L’enfant n’aime pas le travail de troupeau auquel l’individu doit se plier comme un robot. Il aime le
travail individuel et le travail d’équipe au sein d’une communauté coopérative.
22. L’ordre et la discipline sont nécessaires en classe.
23. Les punitions sont toujours une erreur. Elles sont humiliantes pour tous et n’aboutissent jamais au but
recherché. Elles sont tout au plus un pis-aller.
24. La vie nouvelle de l’école suppose la coopération scolaire, c'est-à-dire la gestion par les usagers,
l’éducateur compris, de la vie et du travail scolaire.
25. La surcharge des classes est toujours une erreur pédagogique.
26. La conception actuelle des grands ensembles scolaires aboutit à l’anonymat des maîtres et des élèves,
elle est de ce fait une entrave et une erreur.
27. On prépare la démocratie de demain par la démocratie de l’école. Un régime autoritaire à l’école ne
saurait être formateur de citoyens de demain.
28. On ne peut éduquer que dans la dignité. Respecter les enfants, ceux-ci devant respecter leurs maîtres
est une des premières rénovations de l’école.
29. L’opposition de la réaction pédagogique, élément de la réaction sociale et politique est aussi un invariant
avec lequel, hélas ! nous aurons à compter sans que nous puissions nous-mêmes l’éviter ou le corriger.
30. Il y a un invariant aussi qui justifie tous nos tâtonnements et authentifie notre action c’est l’optimiste
espoir en la vie.
Citations de Freinet
"L’enfant qui participe à une activité qui le passionne se discipline automatiquement."
"C’est l’enfant lui-même qui doit s’éduquer, s’élever avec le concours des adultes. Nous déplaçons l’acte éducatif : le centre de l’école n’est plus le maître mais l’enfant."
Extrait de naissance d’une pédagogie populaire
Ce n'est pas le jeu qui est naturel à l'enfant, mais le travail.
11. La voie normale de l’acquisition n’est nullement l’observation, l’explication et la démonstration,
processus essentiel de l’école, mais le tâtonnement expérimental, démarche naturelle et universelle.
12. La mémoire, dont l’école fait tant de cas, n’est valable et précieuse que lorsqu’elle est intégrée au
tâtonnement expérimental, lorsqu’elle est vraiment au service de la vie.
13. Les acquisitions ne se font pas comme l’on croit parfois, par l’étude des règles et de lois, mais par
l’expérience. Etudier d’abord ces lois en français, en art, en mathématiques, en sciences, c’est placer la
charrue devant les bœufs.
14. L’intelligence n’est pas comme l’enseigne la scolastique, une faculté spécifique fonctionnant en circuit
fermé, indépendamment des autres éléments vitaux de l’individu.
15. L’école ne cultive qu’une forme abstraite de l’intelligence qui agit lors de la réalité vivante, par le
truchement de mots et d’idées fixés par la mémoire.
16. L’enfant n’aime pas écouter une leçon ex cathedra.
17. L’enfant ne se fatigue pas à faire un travail qui est dans sa ligne de vie qui lui est pour ainsi dire
fonctionnel.
18. Personne, ni enfant ni adulte, n’aime le contrôle et la sanction qui sont toujours considérés comme une
atteinte à sa dignité surtout lorsqu’ils s’exercent en public.
19. Les notes et les classements sont toujours une erreur.
20. Parlez le moins possible.
21. L’enfant n’aime pas le travail de troupeau auquel l’individu doit se plier comme un robot. Il aime le
travail individuel et le travail d’équipe au sein d’une communauté coopérative.
22. L’ordre et la discipline sont nécessaires en classe.
23. Les punitions sont toujours une erreur. Elles sont humiliantes pour tous et n’aboutissent jamais au but
recherché. Elles sont tout au plus un pis-aller.
24. La vie nouvelle de l’école suppose la coopération scolaire, c'est-à-dire la gestion par les usagers,
l’éducateur compris, de la vie et du travail scolaire.
25. La surcharge des classes est toujours une erreur pédagogique.
26. La conception actuelle des grands ensembles scolaires aboutit à l’anonymat des maîtres et des élèves,
elle est de ce fait une entrave et une erreur.
27. On prépare la démocratie de demain par la démocratie de l’école. Un régime autoritaire à l’école ne
saurait être formateur de citoyens de demain.
28. On ne peut éduquer que dans la dignité. Respecter les enfants, ceux-ci devant respecter leurs maîtres
est une des premières rénovations de l’école.
29. L’opposition de la réaction pédagogique, élément de la réaction sociale et politique est aussi un invariant
avec lequel, hélas ! nous aurons à compter sans que nous puissions nous-mêmes l’éviter ou le corriger.
30. Il y a un invariant aussi qui justifie tous nos tâtonnements et authentifie notre action c’est l’optimiste
espoir en la vie.
Citations de Freinet
"L’enfant qui participe à une activité qui le passionne se discipline automatiquement."
"C’est l’enfant lui-même qui doit s’éduquer, s’élever avec le concours des adultes. Nous déplaçons l’acte éducatif : le centre de l’école n’est plus le maître mais l’enfant."
Extrait de naissance d’une pédagogie populaire
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