L'âme de l'argent - 2003 |
Cet ouvrage nous montre qu'à travers un simple examen de notre rapport à l'argent (la façon dont on le gagne, le dépense, le partage, le garde) nous montre quelles sont nos valeurs primordiales.
Dans une société de consommation qui glorifie la publicité, la vente et l'avidité insatiable comme mesure de la valeur personnelle, Lynne Twist nous amène dans son livre à nous distancier et à réexaminer notre rapport à l'argent afin d'évaluer notre connexion aux principes humains fondamentaux. En vivant consciemment et pleinement ce rapport à l'argent, nous pouvons considérablement transformer tous les aspects de notre vie.
Lynne Twist, mandataire d'une fondation humanitaire, fondatrice de la Pachamama Alliance (qui travaille avec les indigènes à la sauvegarde de la forêt équatoriale), collectrice de fonds pour l'association Hunger Project, elle a voyagé en Amérique du Sud et œuvré avec des civilisations qui ne connaissent le concept d'argent que depuis peu de temps. Elle travaille à la fois avec les plus démunis sur terre (privés des ressources essentielles comme les habitants du Sahel) et les plus fortunés habitant les nations opulentes telles que la France, la Finlande, les États Unis...
L'argent signifie pour chaque civilisation des choses différentes. Comme elle l'évoque dans son introduction, l'argent exerce une emprise puissante sur nos vies, il nous inflige des blessures et des épreuves, et la plus petite somme peut être garante d'un extraordinaire pouvoir de guérison lorsque nous l'employons pour exprimer notre âme humaine, nos idéaux les plus nobles et les valeurs et allégeances qui nous tiennent à cœur.
Pour Lynne Twist examiner notre lien à l'argent peut amener la paix de l'esprit.
Lynne Twist |
Extrait :
L'avion a atterri à New York en plein orage, et je suis finalement arrivée à destination: une vieille église de Harlem, dans le sous-sol de laquelle environ soixante quinze personnes s'étaient rassemblées pour la soirée.Quel contraste avec les luxueux bureaux que j'avais quittés quelques heures auparavant! A cause de la pluie, l'eau s'infiltrait un peu partout dans la salle. Çà et là le long des murs, des seaux avaient été disposés où les fuites s'accumulaient. En arrière-plan, la pluie tambourinait et l'on entendait le bruit régulier de l'eau dégoulinant le long des murs et du plafond. J'étais à la fois intimidée et soulagée, plus à l'aise au sein de cette assemblée communautaire que dans les bureaux de cette compagnie. J'étais toutefois consciente d'être la seule blanche présente, et la robe de soie qui avait eu pour but d'impressionner le chef de la direction de la grosse compagnie alimentaire de Chicago me paraissait déplacée et ridicule dans ces circonstances. Un seul regard sur l'assistance m'apprit que les gens présents n'avaient pas beaucoup de sous à offrir. je leur ai parlé de l'engagement en Afrique de Hunger Project, car je croyais que c'était le sujet le plus directement lié à leur vie et à leur héritage. Le moment venu de solliciter des dons, j'avais les mains moite; je n'étais plus certaine que c'était ce qu'il fallait faire. J'ai tout de même formulé ma requête. Un silence de plomb s'est abattu sur la salle.
Après ce qui m'a paru un interminable interlude silencieux, une femme se leva. Son siège était près de l'allée, vers l'arrière de la pièce. Elle avait environ soixante-dix ans, et ses cheveux gris étaient séparés par une raie au milieu et convenablement noués en chignon. Debout, bien droite, elle était grande, mince et altière. "Ma fille, commença-t-elle, je m'appelle Gertrude, j'aime bien ce que tu racontes et je t'aime bien. Par contre, je n'ai pas de compte en banque ni de carte de crédit. En ce qui me concerne, l'argent c'est comme l'eau. Pour certains, il jaillit dans leur vie comme une rivière tumultueuse. Dans la mienne, il ruisselle sous forme de rigole. Je voudrais cependant le partager de manière à faire le plus de bien possible au plus grand nombre de gens possible. J'estime que c'est mon droit et ma responsabilité. C'est aussi une joie. J'ai cinquante dollars dans mon sac à main, que j'ai gagnés en faisant la lessive d'une femme blanche, et je tiens à te l'offrir." (...)
L'avion a atterri à New York en plein orage, et je suis finalement arrivée à destination: une vieille église de Harlem, dans le sous-sol de laquelle environ soixante quinze personnes s'étaient rassemblées pour la soirée.Quel contraste avec les luxueux bureaux que j'avais quittés quelques heures auparavant! A cause de la pluie, l'eau s'infiltrait un peu partout dans la salle. Çà et là le long des murs, des seaux avaient été disposés où les fuites s'accumulaient. En arrière-plan, la pluie tambourinait et l'on entendait le bruit régulier de l'eau dégoulinant le long des murs et du plafond. J'étais à la fois intimidée et soulagée, plus à l'aise au sein de cette assemblée communautaire que dans les bureaux de cette compagnie. J'étais toutefois consciente d'être la seule blanche présente, et la robe de soie qui avait eu pour but d'impressionner le chef de la direction de la grosse compagnie alimentaire de Chicago me paraissait déplacée et ridicule dans ces circonstances. Un seul regard sur l'assistance m'apprit que les gens présents n'avaient pas beaucoup de sous à offrir. je leur ai parlé de l'engagement en Afrique de Hunger Project, car je croyais que c'était le sujet le plus directement lié à leur vie et à leur héritage. Le moment venu de solliciter des dons, j'avais les mains moite; je n'étais plus certaine que c'était ce qu'il fallait faire. J'ai tout de même formulé ma requête. Un silence de plomb s'est abattu sur la salle.
Après ce qui m'a paru un interminable interlude silencieux, une femme se leva. Son siège était près de l'allée, vers l'arrière de la pièce. Elle avait environ soixante-dix ans, et ses cheveux gris étaient séparés par une raie au milieu et convenablement noués en chignon. Debout, bien droite, elle était grande, mince et altière. "Ma fille, commença-t-elle, je m'appelle Gertrude, j'aime bien ce que tu racontes et je t'aime bien. Par contre, je n'ai pas de compte en banque ni de carte de crédit. En ce qui me concerne, l'argent c'est comme l'eau. Pour certains, il jaillit dans leur vie comme une rivière tumultueuse. Dans la mienne, il ruisselle sous forme de rigole. Je voudrais cependant le partager de manière à faire le plus de bien possible au plus grand nombre de gens possible. J'estime que c'est mon droit et ma responsabilité. C'est aussi une joie. J'ai cinquante dollars dans mon sac à main, que j'ai gagnés en faisant la lessive d'une femme blanche, et je tiens à te l'offrir." (...)
L'argent de Gertrude était imprégné de son désir de faire le bien; il portait le sceau de son âme. En acceptant son don, je me suis sentie inspirée et régénérée par cette expression d'intégrité et de détermination. (...) Le montant exact et ce qu'il permettait d'acheter étaient d'une importance moindre que le pouvoir de cet argent qui circulait avec une raison d'être, une intention bienveillante et l'énergie du cœur. Gertrude m'a enseigné que ce pouvoir émane vraiment de l'intention avec laquelle l'argent est donné et de l'intégrité avec laquelle nous le distribuons dans le monde.(...)
Gertrude m'a donc enseigné que l'argent est comme l'eau. Il circule dans notre vie à tous, parfois telle une rivière tumultueuse, parfois tel un ruisselet. Quand il passe, il purifie, nettoie, suscite la croissance et nourrit. En revanche s'il s'immobilise ou reste captif trop longtemps, il devient stagnant et toxique pour ceux qui le détiennent ou l'entassent.
Comme l'eau, l'argent est un transporteur. Il peut porter l'énergie bénie d'une intention et d'une potentialité, ou véhiculer le contrôle, la domination et la culpabilité. Tantôt il sera un courant d'amour, un conduit pour l'engagement, tantôt il apportera le mal et la douleur.
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