Time out (2011) - Andrew Niccol |
Time Out, ou In Time au Québec, est un film de science-fiction dystopique américain écrit et réalisé par Andrew Niccol, sorti en 2011. Il décrit une société dans laquelle la monnaie fiduciaire a totalement disparu et a été remplacée par du "temps", une société dans laquelle l'humanité génétiquement modifiée, cesse de vieillir à vingt-cinq ans. A partir de cette 25ème année fatidique tous les citoyens doivent travailler pour obtenir du temps supplémentaire, sinon ils meurent. Le moyen de faire des échanges de temps se fait par le contact entre poignets, et "l’horloge" de la vie de chacun est indiquée sur le bras, à la vue de tous. Tout le monde sait le temps qu’il lui reste à vivre, et à moins de se couvrir le bras, les autres aussi...
Suivant l'application du proverbe bien connu: "le temps c'est de l'argent", l'horloge est le seul porte monnaie, il est aussi intiment mêlé à l’espérance de vie... Le "temps de vie" a remplacé l’argent, et tout s’achète en nombre de minutes ou d’heures, du temps que la plupart des gens vont gagner à l’usine. Esclaves d’un monde ou le facteur "temps" est devenu monnaie courante, les hommes luttent désormais pour gagner quelques minutes de plus. Alors que les riches, jeunes et beaux pour l’éternité, accumulent le temps par centaines d'années, les autres mendient, volent et empruntent les quelques heures qui leur permettront d'échapper à la mort. Parabole habile de nos sociétés déshumanisées, Time Out est porteur d’une dimension critique relativement bien affûtée. On y découvre une société où devenir adulte devient synonyme de grave responsabilités, ou l'expression "gagner sa vie" n'a jamais été aussi justifiée, une société obnubilée par l’apparence – la fameuse jeunesse éternelle – et parallèlement furieusement individualiste. Rien de bien éloigné de nos préoccupations actuelles.
Dans ce monde, les plus riches industriels de la planète dirigent le monde. L’humanisme est presque totalement inexistant et tout le monde cherche du temps pour survivre. Le monde est divisé en 2 catégories, les immortels et les pauvres. Les immortels pourraient être comparés à ceux qui vivent dans un âge d’or, une nouvelle Atlantide, ou tant que l'on met du temps dans son horloge biologique, on peut vivre éternellement. Il n’y a plus de maladies, plus de problèmes de nourriture, plus aucun problème, sauf peut être de mourir d'un bête accident....
Le temps se mêle étroitement à la vie et à l'argent. Avec cette situation en postulat, le réalisateur s'amuse à dérouler toutes les conséquences qui découlent de cette situation :
- Les pauvres courent, par manque de temps, et cela devient un marqueur social.
- La mode, en plus des classiques zones que la pudeur incite à cacher, propose désormais des caches bras, afin de dissimuler l'horloge biologique...
- Vivre éternellement, sans prendre de risque, peut rendre la vie bien insipide et les immortels aspirent parfois à un retour à une vie moins aseptisée.
- Les décisions "monétaires" des riches hypothèquent directement la survie des plus défavorisés (ce qui en soit est un raccourci de notre réalité d'aujourd'hui).
- Regrouper la santé, le travail et la sécurité sous la houlette d'un seul concept - le temps - entraîne une attrition de la démocratie. L'administration est devenue un grand consortium: police, armée, médecine et gouvernement à la fois, représenté par "les Gardiens du Temps".
Andrew Niccol tire à bout portant sur le pouvoir médiatique en place. Difficile de ne pas voir dans la bourgeoisie clinquante et tant convoitée – le quartier New Eden – de Time Out un portrait au vitriol de l’influence Hollywoodienne, monstre sectaire capable d’imposer une "norme" physique quasi-universelle. Le projet d’Andrew Niccol est un métrage d’anticipation parfaitement réaliste et inspiré, plus prompt à verser dans le constat social que dans les effusions pyrotechniques. Le concept social présenté par Time Out fait peur. Il est pourtant particulièrement actuel...
Bande annonce du film "Time out" 2011
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