jeudi 7 juillet 2011

Nous devons réapprendre la valeur de l’altruisme - Jean-Marie Pelt et Gilles-Eric Séralini

Pour Jean-Marie Pelt, auteur, avec Gilles-Eric Séralini, de "Après nous le déluge ?" (Flammarion-Fayard, 2006), cofondateur et président de l’Institut européen d’écologie, à Metz, l’initiative d’Action contre la faim prouve que nous sommes au tout début de la prise de conscience des problèmes d’environnement.

"Nous connaissons les besoins, mais cela reste intellectuel. Pour que cela bouge, il n’y a que deux voies. 

Soit nous parvenons à sortir de l’individualisme dans lequel nous avons versé – "Je me fais plaisir tout le temps et à tout propos" – pour adopter une autre attitude. Nous sommes capables, en tant qu’êtres humains, de prendre des décisions qui nous coûtent, de transcender notre "moi" pour le bien de la communauté humaine. Ce sont là des valeurs morales (pas au sens moralisateur), philosophiques, universelles, par-delà les différences de cultures, que nous devons retrouver. Nous devons réapprendre la valeur de l’altruisme. 

Soit, si nous sommes incapables de renouer avec ces valeurs morales, une catastrophe écologique majeure nous fera réagir par peur. Nous avons encore la possibilité de choisir, en particulier par la transmission de ces valeurs à nos enfants. C’est là un de nos rôles majeurs, et certainement celui de l’école, qui ne doit pas se contenter de transmettre des savoirs, mais également des notions morales humaines fondamentales". 


Le livre: Après nous le déluge ?

Editions Flammarion-Fayard, (2006)
Après nous le déluge ? Nous sommes peu nombreux, quelques voix dispersées, à dénoncer le massacre du vivant. 

Il est grand temps que le cercle s’élargisse. L’urgence nous dicte aujourd’hui de vous livrer notre expérience de biologistes pour que vous puissiez juger de la situation : votre situation d’êtres humains bientôt incapables de léguer à leur descendance une planète en bonne santé. 

Peut-être même incapables de léguer la vie telle que nous la connaissons. Une vie immensément belle, mais infiniment plus rare et fragile que ce que nous croyons. Une vie agressée par les pollutions chimiques, génétiques, et par la disparition accélérée de milliers d’espèces. Une vie menacée par notre usage du monde. 

Nos sociétés, nos économies se sont développées à partir de l’axiome d’une Terre inépuisable, corvéable à merci. 

 La Terre en avait vu d’autres... Seulement, il ne s’agit plus de problèmes d’hygiène ou de microbes, que la science est parvenue, grosso modo, à juguler - du moins dans les pays riches. 

Nous devons affronter l’épuisement des ressources naturelles (eau, pétrole, gaz, sols arables, forêts) et une transformation radicale des milieux et des êtres : une transformation peut-être irréversible. Alors, arrêtons de nous leurrer en imaginant que la science trouvera bien, un jour, une solution ! Car que font-ils, les scientifiques, notamment les biologistes ? Sont-ils à ce point aspirés par leurs microscopes et leurs éprouvettes qu’ils n’aient pas conscience de l’urgence ? Cette urgence, elle est nôtre, parce que nous sommes des amoureux de la vie. 

Cette urgence, nous voulons que vous la fassiez vôtre.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire