dimanche 25 mars 2012

Les Confessions d'un assassin financier - John Perkins (2005)

J. Perkins (1945-)

John Perkins (né en 1945 à Hanover dans le New Hampshire aux États Unis) est un économiste, un écrivain et un activiste social et écologiste. Révélations sur la manipulation des économies du monde par les États-Unis est la traduction en français du livre Confessions of an Economic Hit Man écrit par John Perkins et publié en 2004. Perkins y relate sa carrière dans la firme de consultants Chas. T. Main (en) de Boston.

Avant d'être engagé par la firme, l'auteur affirme avoir passé une entrevue pour un travail à la National Security Agency (NSA). Perkins affirme que cette entrevue a servi de test pour devenir ce qu'il nomme un "assassin économique" (economic hit man).

les assassins financiers, selon John Perkins, sont des professionnels grassement payés qui escroquent des milliards de dollars à divers pays du globe. leurs armes principales: les rapports financiers frauduleux, les élections truquées, les pots-de-vin, l'extorsion, le sexe et le meurtre.
John Perkins sait très bien de quoi il parle ... Il a été lui-même un assassin financier. Son travail consistait à convaincre certains pays stratégiquement importants pour les Etats Unis, comme le Panama ou l'Indonésie, d'accepter d'énormes prêts pour le développement de leurs infrastructures, et à s'assurer que tous les projets lucratifs étaient confiés à des entreprises américaines. Ainsi affligés de lourdes dettes, ces pays se retrouvaient alors sous le contrôle du gouvernement américain, de la Banque mondiale et d'autres organisations humanitaires dominées par les Etats Unis, qui se comportaient envers eux comme des usuriers, leur dictant les conditions de remboursement et forçant leurs gouvernements à la soumission.
Confessions d'un assassin financier - 2005
 Perkins soutient qu'une certaine élite aux États-Unis souhaite construire un empire global, défini par les présidents Lyndon Johnson et Richard Nixon. Pour ce faire, ils ont constitué un groupe de consultants qui utilisent les organisations financières internationales pour créer les conditions permettant d'assujettir des nations à cet empire par l'endettement économique auprès d'organismes comme le FMI et la Banque mondiale. La tâche de ces consultants est de justifier et d'argumenter la conclusion par des États d'énormes prêts internationaux dont l'argent finira, déduction faite des sommes destinées à la corruption des élites locales, sur les comptes en banques de grandes sociétés d'ingénierie et de construction américaines. Les besoins en liquidités ayant été au préalable surévalués par ces consultants, l'État se révèle incapable de payer sa dette et entre en sujétion vis-à-vis du créancier. Cette position de pouvoir permet ensuite au créancier d'exiger à l'état débiteur l'établissement de bases militaires, un vote favorable aux Nations unies ainsi qu'une loyauté politique en général ou l'accès à d'éventuelles richesses pétrolières et autres ressources naturelles. Perkins qualifie ces méthodes de mafieuses.

Parfois ces prêts prennent la forme pernicieuse d'une aide au développement, ce que critique Perkins, car
cette aide est motivée par la cupidité. Perkins s'attaque d'ailleurs au bien fondé de l'idéal du développement universel, se demandant si le monde entier peut vivre avec le même train de vie que les États-Unis, sachant que les ressources globales sont limitées. Il exprime des doutes sur la viabilité et le suprématisme du système dominant, si on considère sa piètre qualité de vie et les statistiques élevées de suicides, divorces, abus de drogues, dépressions et crimes divers.

Il explique que lorsque les « assassins financiers » comme lui échouent dans leurs plans, des tueurs à gages font leur apparition, les « chacals », et assassinent les personnes faisant obstacle aux ambitions américaines. Puis, en dernier recours, si les assassins échouent aussi, des soldats américains sont envoyés au combat, suivant une stratégie d'impérialisme classique.
Troupe américaine en Irak
Pour Perkins, l'invasion de l'Irak en 1990 fut décidé avec la libération du Koweït comme prétexte, non comme but, le but étant de détrôner Saddam Hussein qui n'avait pas accepté de jouer un rôle de marionnette de cette stratégie de sujétion à l'empire global à cause de son nationalisme.

Perkins s'oppose à l'idéologie de la Destinée manifeste visant à justifier l'expansionisme américain. Il nie tout apport aux Théories du complot, soutenant que nous ne pouvons jeter le blâme sur une conspiration quelconque car bien que l'empire global dépende de l'efficacité des banques, des compagnies et des gouvernements, c'est nous même qui en permettons l'existence étant donné que nous travaillons aussi pour ces sociétés et consommons les produits qu’elles commercialisent, bien qu'il soit plus facile de jeter le blâme sur un bouc émissaire. Pour lui l'élite qui travaille pour l'empire global est une simple association d'intérêts et de croyances communes, non de comploteurs maléfiques. Il soutient la vision politique du président américain Jimmy Carter, considéré comme le président américain le plus proche des idéaux des insurgés de 1776 et raille celle de Ronald Reagan qualifié " d'acteur habitué à se faire diriger". Il dénonce Robert McNamara comme étant l'homme qui a permis de transformer la Banque mondiale en un moyen d'asservissement du tiers monde à l'empire global.

Perkins écrit, "le livre à l’origine était dédié aux présidents de deux pays, des hommes qui avaient été mes clients et que j’ai respecté et que je tenais en estime - Jaime Roldos, président de l’Equateur, et Omar Torrijos, président du Panama. Les deux sont morts dans des crashs d’avion. Leurs morts n’était pas accidentelles. Ils ont été assassinés parce qu’ils s’opposaient à l’alliance entre les dirigeants des multinationales, les gouvernement et les banques dont l’objectif est de construire l’Empire Global.

Nous, les tueurs à gages économiques, n’avons pas réussi à retourner Roldos et Torrijos, alors un autre type de tueurs à gages, les chacals de la CIA, qui étaient toujours dans notre sillage, sont entrés en scène."

John Perkins écrit aussi : "on m’a convaincu de ne pas écrire le livre. Je l’ai commencé quatre fois au cours des vingt dernières années. A chaque fois, ma décision était motivée par des événements mondiaux : l’invasion du Panama par les Etats-Unis en 1980, la première Guerre du Golf persique, la Somalie, et la montée d’Oussama Ben Laden. Cependant, des menaces et des pots de vin m’ont toujours convaincu de m’arrêter."
La "corpocratie" selon J. Perkins


Citations

"La subtilité des moyens utilisés pour créer cet empire moderne ferait rougir de honte les centurions romains, les conquistadors espagnols et les puissances coloniales européennes (…) Aujourd'hui on ne porte plus l'épée. On ne porte ni armure ni costume distinctif (…) c'est ainsi que le système fonctionne. Ils commettent rarement des actes illégaux, car le système lui-même repose sur le subterfuge et est légitime par définition."

    Les Confessions d'un assassin financier., John Perkins, éd. Editions Alterre, 2005, p. 24
"Ce que ces hommes voulaient: une Amérique qui contrôlerait le monde et toutes ses ressources, un monde qui obéirait aux ordres de cette Amérique, une force militaire américaine qui ferait appliquer les règlements définis par l'Amérique, et un système banquier et commercial international qui soutiendrait l'Amérique comme PDG de l'empire global."

    Les Confessions d'un assassin financier., John Perkins, éd. Editions Alterre, 2005, p. 176


"Nous préférons croire au mythe selon lequel la société humaine, après des milliers d'années d'évolution, a finalement créé un système économique idéal, plutôt que de reconnaître qu'il s'agit simplement d'une idée fausse érigée en parole d'évangile."

    Les Confessions d'un assassin financier., John Perkins, éd. Editions Alterre, 2005, p. 247


"Je dirais simplement que depuis la Seconde Guerre mondiale, nous, les tueurs économiques, avons réussi à créer le premier empire véritablement mondial. Cela s'est fait sans l'armée, contrairement aux autres empires à travers l'histoire, mais par une utilisation très subtile de l'économie."

    Entrevue de John Perkins par Amy Goodman, Nexus, nº 54, janvier-février 2008, p. 52

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